Harcèlement

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C'était la énième fois que j'essayais de tirer sur ma robe afin qu'elle atteigne mes jambes, mais elle ne voulait s'arrêter qu'au dessus de mes genoux. Si j'avais une infime partie de moi qui pensait que cette saloperie de robe pouvait m'entendre, je l'aurais suppliée car il y'avait urgence. N'ayant pas le choix, j'attends une bonne dizaine de minutes au coin de la rue, mais rien ne changeait, il commençait à faire nuit et je sais que ce sera encore plus dangereux aussitôt le soleil couché, il fallait trouver une solution pour passer discrètement!
Je fouille dans mon sac et en sort une ample chemise, je la mets rapidement et j'allonge les manches de mon sac afin que celui-ci tombe exactement sur mes fesses, me voilà prête à affronter mes harceleurs. J'ai comme l'impression que cette bande restait là que pour moi et à chaque fois j'avais ce même sentiment d'insécurité. Je mets la musique à fond après avoir mis mes écouteurs, mais il n'y a qu'une seule oreille qui joue, j'ai endommagé l'autre afin de savoir quand quelqu'un m'approche, j'essaye de marcher le plus vite possible, tout en essayant de bouger mon corps le moins possible afin que mes seins ou mes fesses n'attirent pas l'attention, je n'ai pas oublié d'essuyer mon lipgloss, cela aurait été une erreur de débutante. Le premier « pssssiit » me glassa instantanément mon sang, je fis une légère pause avant de reprendre la cadence, le pas rapide mais le corps raide.
-Tu n'as pas entendu, tu te crois supérieure ou quoi?? Hey misss, pssssssit!!
Je m'arrête nette, je prends une profonde respiration et me retourne avant de pondre mon plus magnifique sourire.
-Bonsoir!! Vous me parlez?!
J'enlève délicatement mes écouteurs tout en essayant de paraître détendue alors que j'arrive à peine à contrôler mon tremblement, j'ai peur de lui, des remarques qu'il pourrait me faire, de ce que sa bande préparait pour moi, je baisse la tête pour constater que ma robe a encore fait des siennes et est remontée sur mes genoux, il me fit un rire pervers, il me détaille comme si j'étais que de la chair, il lève sa main pour effleurer mon visage, je recule vivement, j'avais peur de le vexer afin qu'il ne se mette pas en colère, mais je n'en pouvais vraiment plus, je détale sans demander mon reste laissant la bande mort de rire!
Avant de disparaître, je les entends me hurler qu'ils seront là demain et les jours suivants.
C'est le seul chemin qui mène à ma maison, et ce n'est pas la première fois que je les voyais postés là, mais de jours en jours, ils devenaient plus pressants, passifs mais effrayant. Toute la semaine suivante , je n'allai pas à l'université sous prétexte que j'étais malade, mais au final avais-je menti? Cette peur au ventre, n'est-ce pas une maladie?

Quand je suis enfin ressorti , mon ample jupe arrivant jusqu'au mollet a fait rire les étudiants, ils m'ont demandé si je voulais finalement être bonne sœur, mais je n'ai pas eu peur de passer devant la bande qui était au rendez-vous comme d'habitude jusqu'à ce qu'un d'eux me dit que c'était encore plus excitant de me voir comme ça, il prend donc le plaisir d'imaginer ce qui est en dessous!
Le jour suivant j'ai mis un jean, le jour d'après un jupe, la semaine suivante un tailleur pantalon, le mois d'après je ne sais pas trop, tout ce dont je me souviens, c'était qu'à chaque fois je me faisais harceler, je prenais les remarques déplacées en pleine face, j'étais de plus en plus en colère mais la peur était comme une seconde peau tant elle restait collée à moi donc je subissais sans rien dire, mais nous le savons tous, toute bombe activée et non désamorcée fini toujours par exploser, c'est ce que je fis.
-Aujourd'hui tu es généreuse dis donc! Tu offres la totale !!
-Détrompez vous, je n'offre rien!!
-Ah dis donc! La miss s'est achetée un caractère ?! Siffla le mec
-Il était temps! Tu ne crois pas? Répliquai-je du tac au tac
-Ce côté sauvage te rend encore plus sexy !
Il disait cela en avançant le doigt en l'air ayant en tête l'idée de m'effleurer
-Je t'interdit de me toucher sinon je porte plainte! Dis-je posément mais fermement
-Est-ce là une menace?
-C'est une promesse mec, touche moi et tu verras!
Je restai là à attendre, il ne fit rien, je tourne donc les talons, les larmes purent enfin ruisseler sur mes joues, j'avais l'impression de crever quand j'étais en face de lui, mais j'ai résisté et je me suis rendue compte à ce moment là que le mec et sa bande n'était pas si puissants que  ça, ce ne sont que de gros debiles qui se croient tout permis. Arrivée chez à la maison, la première chose que je fis c'est un bisou à la fille dans le miroir quand elle m'a fièrement regardée.

Tout ne s'arrêta pas instantanément mais plus les jours passaient, moins j'avais peur et moins j'avais peur, plus ils calmaient leurs ardeurs, j'ai laissé tomber les écouteurs, d'ailleurs c'est dangereux d'en écouter quand on est dans la rue, j'ai commencé à m'habiller exactement comme j'en avais envie, et puis un jour en passant devant leur bande, je remarquai un nouveau membre, c'était un énorme speaker et le son est monté en me voyant arriver, et il étaient tous occupés à faire quelque chose, ils ont raisons, s'il doit y avoir de la peur, ce sera de leur côté, pour moi c'est fini!

Be FOù les histoires vivent. Découvrez maintenant