Quoi qu'il nous en coûte

11. Serment

Helori et Agathos étaient affaiblis. Le trajet jusqu'à notre base se ferait long et dur. Le plus mal en point restait Helori qui avait du mal à tenir debout et devait se faire aider pour marcher. Nous ne pourrions pas les faire passer pour des gardes pour sortir d'ici, nous allions devoir trouver une autre ruse. Mais ce n'était pas notre principal souci pour le moment. Agathos et moi même passâmes devant, suivis par Adonis qui soutenait Helori. Agathos nous guidait dans les longs couloirs de l'immense forteresse qu'il connaissait bien mieux que nous.

Nos pas faisaient de l'écho dans les couloirs et j'avais la sensation d'entendre une armée de centaines de soldats à nos trousses. En plus d'augmenter la peur de se faire attraper cela renforçait la mauvaise impression qui coulait désormais à flot dans mes veines depuis quelques minutes. Un demi-sourire caché s'était formé sur le visage de mon compagnon de combat, heureux de retrouver les hommes qui avaient comptés pour lui.

Juste avant de débouler dans l'entrée, nous décidâmes à la hâte de tenter le pour le tout. Nous n'avions pas d'autres options mis à part le fait de faire passer Agathos et Helori pour nos prisonniers. Nous ne connaissions pas le palais et ne pouvions donc pas en profiter pour nous échapper. Adonis reprit comme moi un masque froid sur le visage. J'empoignais Agathos et l'entraînais d'un pas décidé vers les grandes portes de vers qui donnaient sur la cour. Les premiers gardes n'osèrent pas nous regarder dans les yeux alors que je relevais la tête pour marcher d'un air fier.

Je passais les grandes portes translucides, Adonis et Helori sur nos pas. Le garde qu'avait apeuré Adonis était toujours à la même place et nous lançait des regards rempli de haine. Je le méprisais de par mon œillade en passant à côté de lui. Le sourcil que j' avais levé venait de le faire blêmir et tout le monde eut le spectacle de voir ce garde se faire humilier seulement par mes prunelles. J'usais de cette même hauteur pour achever de traverser cette entrée qui commençait à me paraître bien trop longue.

Je sentais enfin les dalles sous mes pieds et voyais le portail imposant se rapprocher. Le rayon de l'aube venait couper la grande chaîne de montagne de pins donnant un aspect dorée à cette ville. Alors que je croyais naïvement que nous allions nous en sortir, une voix forte retentit derrière nous. Je me stoppais en sentant l'adrénaline exploser dans ma tête.

-Attendez!

Nous nous étions arrêté net, le dos tourné au château de sang. Pourvu qu'ils ne nous repèrent pas.

-Pourquoi emmenez-vous ces détenus? Nous n'avons reçu aucun ordre d'extraction de prisonniers. De quelle cohorte venez-vous? Demanda la nouvelle voix d'où nous ne pouvions pas l'atteindre.

-Ordre secret et impératif de l'empereur, dis-je froidement.

Je me retournais en tenant toujours fermement Agathos après qu'Adonis se soit décider en faire autant. Il n'y avait aucun bruit et des soldats commençaient à s'ameuter autour de nous. Personne n'osait ouvrir la bouche et chacun des soldats s'interrogeaient du regard. Certains paraissait se demander comment il était possible qu'un garde ose contester un ordre venant d'un adhérent à l'anneau, la garde la plus proche de l'empereur et d'autres commençaient à se douter de notre imposture. Le garde qui nous avait interpellé auparavant se rapprocha en se frayant un chemin à travers ses confrères .

-Justificatif, ordonna le garde aux yeux bruns.

Adonis laissa une fureur s'échapper du masque contrôlé de son visage et lâcha Helori. Il s'avança d'un pas d'où il surplombait encore vastement le garde. Alors que quelques secondes de calme s'était instaurées dans la cour du château Adonis saisit soudainement le col de l'homme. Son regard fou rendait le soldat de l'empire affolé. La poigne de mon compagnon était ferme et il n'avait aucune intention de lâcher notre opposant. Je craignais que ce moment qui ne tenait qu'à un fil entre nos doigts ne finisse par nous échapper.