30. Aveux forcés

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Mon cœur se serra à la vision d'Adonis. Je le retrouvais enfin. S'il n'y avait qu'une dizaine de jours tout au plus que nous nous étions séparés, il m'avait beaucoup manqué. Ses yeux ambrés pétillaient de malice et un grand sourire ornait son visage. Ses cheveux châtains étaient désordonnés et j'avais la furieuse envie d'y passer mes mains. En faite, j'avais juste envie de prendre la paume chaleureuse de cet homme qui m'était précieux pour l'emmener loin, dans un endroit où nul ne pourrait nous trouver. Là ou ma vengeance et sa haine -qui je le savais coulait encore au fond de son cœur-, où nos peines et nos blessures encore à vifs n'importerait plus. Je m'avançais vers lui d'un pas léger, presque sautillant malgré la panique à peine dissimulée sur le visage de autres présents. Je ne leur prêtais pourtant pas une once d'attention, trop captivée par mon ami. Je m'avançais jusqu'à être assez proche de lui pour lui prendre la main.

-Tu vas encore me frapper si j'essaye de te prendre dans mes bras Amo? Railla Adonis en riant ouvertement.

Je levais les yeux au ciel et m'effondrais dans les bras d'Adonis. À la surprise générale, ce fut moi qui prit dans mes bras le grand Adonis et qui l'enserrait fermement. En l'étreignant contre moi, je pus recevoir de plein fouet la vague de bonheur émise par nos retrouvailles. Si Adonis avait pu me paraître insupportable au début, aujourd'hui je remerciais chaque soir les astres de l'avoir envoyé sur la trajectoire aléatoire de ma vie. Je ne pouvais que les féliciter de l'avoir envoyé lui, seul personne qui avait ma plus totale confiance entre les mains. Adonis pouvait perdre délibérément sa vie uniquement pour sauver la mienne. Cela m'inquiétait de pouvoir être la cause de sa perte autant que je me savais prête à être la sienne en lui rendant la pareil. Je n'aurais pu rêver d'un meilleur partenaire et j'en avais désormais conscience. Le sentir dans mes bras me fit me sentir instantanément invincible. Peu importe qui nous affrontions, si nous le faisions ensemble, j'étais presque persuadée que nous réussirions.

Adonis recula un peu, juste assez pour avoir une vue d'ensemble sur mon visage sans me lâcher. Ses yeux me scrutèrent un long moment, parcourant mon visage en quête de la moindre anormalité. Je le vis grimacer en remarquant mes joues plus creusées, mon teint un peu plus blafard qu'à l'habitude et le bleu qui commençait sur le coin de ma joue droite. Il tiqua à cet instant là et je discernais dans ses yeux l'horreur. Parce qu'Adonis avait été prisonnier de l'empire lui aussi, il était sans aucun doute entrain de m'imaginer sous leurs tortures.

-Qu'est-ce qu'ils t'ont fait? Demanda t'il doucement, tous les deux dans notre bulle.

-Rien qui puisse m'abattre, j'ai tenu, comme toi il y a des années, murmurais-je en retour.

Pour toi, pensais-je, bien que cette phrase là ne franchit jamais la barrière de mes lèvres. Je glissais son épée entre ses mains et il referma ses doigts dessus. Un éclat de tendresse traversa ses pupilles dorées et je me détachais enfin de ses bras. Je l'avais retrouvé certes, mais je ne pouvais pas être le seul objectif de la mission, en tout cas pour les autres. Je me détournais des yeux apaisants d'Adonis et détaillais maintenant les présents. Pour la plupart, ils avaient eu la décence de se concentrer sur autre chose que nous. J'envoyais tout de même un regard mauvais à Ignis, Kara et Alathéia qui ne nous avaient pas quitté des yeux. Adonis prit ma main et m'emmena jusqu'à une table autour de laquelle se trouvaient les membres du conseil de notre peuple.

-Amoris, je suis contente de te revoir vivante, s'exclama Asteria comme si je venais juste d'arriver.

Je répondais par un hochement de tête qui me servit aussi à saluer le conseil. Agathos qui se trouvait également attablé avec les autres eu un regard compatissant. Il connaissait ça lui aussi, les prisons de l'empire. 

-Bonjour Amoris, me salua Stultus, étonnement plus cordial que d'habitude. Quand Adonis et toi êtes parti, nous avons désigné Agathos pour reprendre votre place, expliqua le meneur face à ma question silencieuse.

Quoi qu'il nous en coûteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant