12. Amabilité

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Nous nous dirigions à cheval droit vers l'endroit d'où nous étions arrivés plus tôt, Adonis et moi. Nous devions repasser par les prisons pour ramener Idryle. Il nous serait plus facile de nous glisser dans le vacarme des rues moins aisées de l'empire. J'avais appris que la jeune femme qui nous avait sauvé la mise était bien la fille du défunt Helori. Ignis lui ressemblait beaucoup, en plus féminine et avec des cheveux couleur feu.

Pour nous introduire dans les prisons, la stratégie restait la même : Adonis et moi étions toujours habillés en soldat de la garde rapprochée de l'empereur. Nos uniformes étaient tachés de sang dû au massacre antérieur, et il était fort probable que cela nous fasse défaut mais l'urgence nous empêchait d'établir un plan plus détaillé. Nous comptions surtout sur notre force et sur le fait que nous étions imposants.

J'espérais vraiment ne pas avoir à me battre, je ne voulais pas prendre le risque de voir un nouveau mort aujourd'hui. Me battre drainerait forcément mon corps et ferait du bien à ma tête mais je n'y avais plus le cœur, plus aujourd'hui. Les chevaux couraient dans les rues et on craignait à tout moment d'être rattrapés par des soldats.

À cheval, le trajet fut bien plus rapide. Nous croisâmes beaucoup de commerçants qui se dirigeaient certainement vers un marché. Plus nous avancions, plus il y avait de la population dans les artères de la ville. L'heure avait désormais tournée et le soleil battait son plein dans le ciel. La vie suivait son cours et les habitants de l'empire ne prêtait pas attention à nous, tant mieux nous n'avions pas besoin de ça.

J'étais nerveuse en repensant à ce qu'il c'était passé plus tôt. Les informations que nous avions volé Adonis et moi, se poursuivaient en écho dans le fond de ma tête. Entre les tests de poison sur la population, les créatures qui allaient servir d'armes pour exterminer tous les opposants de l'empereur et la conquête de nouvelles terres, j'étais agitée. Cette agitation, muée en nervosité se traduisait dans mes gestes, plus secs que d'habitude. J'étais sûr qu'Adonis derrière moi le ressentait. Si il n'en faisait rien, je me doutais, au vu du caractère rassurant qu'il abordait habituellement avec moi, qu'il voulait apaiser mes angoisses. Il ne tenta rien cependant, certainement par peur que je le repousse violemment. Lui aussi commençait à s'habituer à mon caractère farouche et devait certainement se rappeler du coup de poing dont il avait écopé la dernière fois qu'il avait tenté de me prendre dans ses bras.

Je reconnus enfin les prisons. Le bâtiment à l'entrée imposante se dressait et finissait par se perdre dans le flan des collines jusqu'à ce qu'il disparaisse de notre vue. Plusieurs gardes se trouvaient postés à l'entrée et je priais pour qu'ils n'aient pas encore été mis au courants de notre venue dans l'empire.

-C'est ici que nous nous séparons, se prononça Adonis en descendant du cheval suivit par Agathos.

Je me penchais pour caresser l'encolure du cheval, le remerciant par des gestes pour la précieuse course qu'il avait livré dans les rues de la ville. Je mis également pied à terre, sous le regard amusé d'Adonis.

-Je suis déçu de recevoir moins d'amabilité qu'un cheval, dit-il un sourire moqueur sur les lèvres.

Mon regard noir le fit sourire encore plus alors que je me détournais pour laisser place à Agathos. Il monta avec aisance, probablement heureux de pouvoir chevaucher seul.

-Si nous mettons plus de trois heures à compter de maintenant à vous rejoindre, considérez qu'il faut fuir sans nous, reprit mon acolyte, la plaisanterie ayant délaissé son visage.

J'acquiesçais en leur glissant un léger bonne chance avant de me retourner. Je suivis Adonis qui avait toujours l'air de savoir comment se comporter ou quoi dire. Les habitants s'écartaient sur notre passage et je me forçais à les regarder sur un air condescendant. De nouveau, cela parut si simple pour Adonis, presque même naturel. Les premiers gardes devant l'édifice nous saluèrent avec respect, pourvu que cela dure.

Quoi qu'il nous en coûteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant