Nous marchions depuis deux jours tous les deux. Même si nous ne trouvions aucune ruine ou une quelconque trace d'un passage humain, cela nous permettait de cartographier les environs. Connaître son terrain était toujours un avantage. Ce fut Adonis qui me tira brusquement de mes pensées et de ma contemplation du désert.
-Amo, regarde les nuages, m'indiqua Adonis en pointant le ciel assombri du doigt.
Au dessus de nos têtes, de nombreux nuages noirs s'étaient emparés du ciel. Perdue dans mes pensées, je n'avais pas remarqué le noircissement de notre environnement. Le désert qui semblait toujours chaleureux de part ses vives couleurs et son intense ardeur se transformait et me faisait froid dans le dos. L'obscurité qui s'était glissée dans le paysage n'annonçait rien de bon. Je redoutais qu'un orage éclate. Au vu du regard qu'Adonis me lança, il était probablement arrivé à la même conclusion. Puis tout à coup, comme un signal d'alerte, une lumière jaillit d'entre les nuages. La réplique sonore ne se fit pas attendre, nous déchirant les oreilles et faisant trembler la terre. Les astres étaient en colère et ils le faisaient savoir.
Mon premier réflexe fut d'attraper la main d'Adonis avant de me mettre à courir. Il se laissa entraîner sans rechigner alors que le ciel continuait de gronder au dessus de nous. Nous qui étions venus chercher du bois, c'était raté. Il nous fallait maintenant courir dans le sable jusqu'à l'emplacement de notre campement. Chaque détonation venant des nuages m'arrachait brusquement un frisson tellement elles étaient puissantes. Et soudainement, le ciel se mit à pleurer.
Les gouttes qui tombèrent sur nous ne tardèrent pas à se transformer en véritable déluge. Presque instantanément, l'eau se glissa dans mes vêtements jusqu'à parvenir à ma peau. Je ne donnais pas cher de notre feu que nous n'avions pas couvert. Le retour jusqu'à notre camp de fortune était périlleux, chaque pas se faisait risqué. Entre le risque de glissement de terrain et le manque de visibilité désormais très important, nous devions nous fier à notre instinct et à la mémorisation du trajet que nous faisions maintenant en sens inverse. La menace qui continuait de rugir au dessus de nos têtes semblait nous poursuivre et je m'accrochais un peu plus fermement à la main de mon ami.
Dès que nous fûmes enfin arrivés, on se précipita tous deux sous les rochers qui formaient une cavité naturelle renfoncée. Une fois abritée, je restais plantée face au spectacle sous mes yeux. La pluie s'abattait violemment contre le sol. Ce déchaînement qui était si soudain nous posait problème : si la pluie commençait à durer, il était probable que nous soyons bloqués ici. Dans mon dos, j'entendais Adonis s'activer, sûrement devait-il se changer après le déluge qui nous était tombé dessus.
-Amo? M'interrogea t-il lorsque je me détournais pour le découvrir derrière moi avec une main tendue. Il faut que tu mettes autre chose, je n'ai pas envie de te traîner parce que tu seras malade, dit-il avec un sourire narquois.
D'une main un peu hésitante, je rejoignais la sienne et me laissait entraîner un peu plus dans la grotte. Nos quelques affaires étaient rangées, Adonis avait du s'en occuper. Je me penchais vers mon sac et me changeais pendant que mon acolyte tentait de faire un maigre feu avec le peu de bois qu'il nous restait.
Adonis abandonna assez vite et viens s'asseoir par terre. Encore en train de grelotter, je me décidais à aller m'asseoir contre lui. J'appuyais mon dos contre le sien, de mon propre chef, m'étonnant autant que lui de cette prise d'initiative. Cependant il ne dit rien, se contentant de savourer la chaleur que ce contact nous procurait.
-Je suis content m'être lancé dans cette quête avec toi, lâcha soudainement Adonis alors qu'il avait jusqu'à présent gardé le silence.
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Quoi qu'il nous en coûte
Bilim KurguLe monde tel qu'il a été a disparu. En 2333, il y a eu une explosion tellement énorme que tout est parti en fumée et il n'y a eu que 50 survivants dans le monde. En 2862, plus de 5 siècles plus tard, deux clans s'affrontent depuis des siècles, les r...