37. Au revoir

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Je m'avançais en silence, prenant le temps d'analyser la situation autour de moi. Je n'avais plus envie de pleurer. Je voulais tuer Deleo et par extension en finir avec cette guerre. Elle durait depuis trop longtemps et avait fait trop de victimes. J'en étais une, comme Adonis et tant d'autres. Il avait fallu que je perde tout et que je m'étouffe dans l'obscurité pour comprendre comment vivre et comment renaître de mes cendres. Comme un phénix, c'était dans la mort que j'avais saisi la main que l'on me tendait. En ayant goûté à ce bonheur de respirer convenablement, je comprenais désormais pourquoi personne ne voulait mourir. La vie était dépourvue d'un réel sens mais c'était dans ma fin que je trouvais le mien : un grand châtain aux yeux dorés.

Adonis... Tout me ramenait à toi. Il y a tant de choses que j'aurais aimé encore te dire. Merci d'avoir vu en moi ce que personne n'avait pu déceler, merci de m'avoir tendu la main alors que je te repoussais, merci d'avoir cru en moi, merci d'avoir eu le courage de me sortir de l'ombre sans te poser de question, merci, merci pour tout. Et je me damne chaque seconde pour t'avoir repoussé, ne voyant pas l'éclat de tristesse qui coulait au fond de tes yeux. Il n'y avait eu que toi pour comprendre les miens qui ne brillaient que pour toi. Je crois que si les anges existaient, ils auraient probablement ton visage.

Adonis allait me manquer, mais le plus dur allait être pour lui. Je savais qu'il crevait d'amour pour moi au moins autant que moi pour lui. Il avait été Ma rédemption et si j'avais longtemps pensé que j'aurais dû mourir en même temps que ma famille, je me rendais compte que j'aurais perdu tellement plus en ne le rencontrant jamais. Mourir pour sa vie me semblait être la plus belle des victoires.

Mes émotions gonflées à bloc, il n'y avait plus que détermination dans mon corps. L'armée face à moi s'était stoppée, attendant que j'arrive à son niveau. Je devais arriver à provoquer Deleo dans un duel et le tuer. En retour, l'empereur me tuerait probablement. Le cas échéant, si je ne parvenais pas à le tuer, je devrais mettre fin à mes jours de moi même. Pas d'échappatoire possible, comme ça je n'avais plus aucun espoir de m'en sortir. Je n'avais donc aucune entrave et allais me donner au maximum. Être seule à marcher ici me rappelait l'insolence dont je faisais preuve : Deleo avait ramené avec lui une armée titanesque, s'attendant à ce que je vienne avec l'ensemble de mes hommes. Au lieu de ça, je venais seule, armée de ma simple épée, un sourire particulièrement fier collé aux lèvres. Le sol poussiéreux sous mes pieds me paraissait hurler d'avancer plus vite, pour en finir une bonne fois pour toute.

Lorsque la distance entre Deleo et l'empereur -qui étaient au devant de leur légion de quelques mètres- et moi ne fut réduite qu'à 2 bons mètres, je me permis de les dévisager de la tête aux pieds. Rien n'avait changé depuis ma première rencontre avec chacun d'eux. C'était de mon côté que le changement s'était effectué.

-Je ne connais pas votre nom, arquais-je à l'intention de l'empereur. J'aimerais savoir contre qui je lutte pour ma dernière bataille, finis-je en remarquant le froncement de sourcils de Deleo.

-Je m'appelle Érèbe, se prononça le meneur des Révolutionnaires. Tu t'es donc résignée à mourir? Mais nous avons besoin de toi, ria t-il. Tu as vraiment le culot de te pointer sur cette terre seule face à mon armée?

-Je n'ai besoin de précipiter personne dans ma chute, lâchais-je. Mais vous ne m'aurez pas, plutôt mourir que de vous servir.

L'empereur partit d'un rire franc, comme si je venais de lui offrir une magnifique plaisanterie. Mais j'étais très sérieuse et j'avais hâte de le voir perdre ses moyens quand il comprendrait qu'il était trop tard.

Quoi qu'il nous en coûteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant