Chapitre 3

547 39 0
                                    

La matinée était passée très vite, et après avoir fini de manger, on s'est posées dans le parc près de la fac avec une bonne glace, tout en profitant des premiers rayons du soleil. 

On avait rediscuté de son histoire avec Marhan, et elle n'avait pas l'air de vouloir changer d'avis. Il avait dû l'appeler une dizaine de fois, mais elle n'avait aucune envie de décrocher.

-Et... et du coup c'est terminé? 

Elle: Franchement Nour, qu'est-ce que tu veux que je fasse d'autre. Le mec n'est pas prêt à mettre au courant sa famille, il a peur de se mouiller alors il se contente d'une relation paisible pensant que j'avais que ça à faire. Mais toi même tu sais comment ça marche chez nous, y'a pas de copain copine, c'est soit tu fais les choses à un moment donné soit rien, y'a pas de mi figue mi raisin.

Elle m'avait tué, mais c'est vrai que ses paroles sonnaient tellement vrai.

- Je te suis à 100% sur ce coup là, et qui sait, ça le fera peut être réagir!

Elle: J'espère bien, en tout cas, c'est pas facile pour moi mais mieux vaut le faire maintenant que plus tard. Chaque jour qui passe, on s'attache un peu plus... Et c'est pas tout, mais faut y aller si on veut pas être encore en retard.

On avait galéré à trouver ce foutu cabinet, et après 20 minutes à tourner en rond, on s'était enfin garé pile devant.

En arrivant, la secrétaire nous a fait patienter et quelques minutes après c'est ce fameux Nouri qui s'est présenté à nous.

Toujours aussi sûr de lui et plein de classe, il transpirait l'arrogance à plein nez. Je suis sûre que juste sa montre ne valait même pas le prix de tous les vêtements que je portais et que je pouvais avoir dans mon armoire. Mais je savais que pour ce stage, je devais mettre tout ça de côté.

J'ai laissé Manel passer, et une fois sortie, elle m'avait l'air toute confiance et souriante.

Lui: A nous deux maintenant

Je le suivis dans son bureau. Un bureau qui à lui tout seul, faisait 3 fois la taille de ma chambre et je ne parle même pas du mobilier.

Je n'avais pas l'habitude de toute cette aisance matérielle, ce confort et j'avais l'impression de faire tâche dans ce décor. Non pas que je me sous estimais, mais tout ça, ça n'avait jamais fait partie de mon monde.

On s'est toujours contenté de peu, mais de l'amour, on en avait à revendre. Et pour moi, c'était ça la vraie richesse. Les lieux étaient beaux, ça on ne pourra pas dire le contraire, tellement beaux que je n'osais même pas fouler le sol sur la moquette, de peur de la salir.

Je pense qu'il avait très bien capté mon malaise.

Lui:  Entres, installes-toi. Et tu es?

J'avais oublié qu'il ne connaissais même pas mon prénom, rien sur moi d'ailleurs.

- Pardon, je suis Nour, Nour Mazari

Lui: Enchanté. Moi c'est Nouri Ziane

C'était bête, mais je remarquais que nos prénoms se ressemblaient, à une lettre près. 

Lui: Alors je vais aller à l'essentiel. On aura besoin de 3 stagiaires et surtout, des stagiaires motivés. Je n'ai pas besoin de personnes à qui je dois dicter chaque consigne, j'attends de l'autonomie et un oeil nouveau. Si tu penses te reposer ou venir faire une coupure avec tes études, alors tu n'as rien à faire dans ce cabinet.

Et bein dis donc! Il y allait cash, et franchement, il ne m'impressionnait pas du tout. Je savais pourquoi je suivais ces études et comment j'avais réussi jusque là. Alors ce n'était sûrement pas lui qui allait venir m'intimider. A ce moment précis, je repensais aux paroles de Riyad. 

Flashback:

Ce jour là, je venais de rentrer de la fac, et à bout de nerf, j'avais craqué et laissé couler mes larmes. Au même moment, Riyad fait son entrée dans le salon.

Lui: Oh Nour, il t'arrive quoi? Y'a quelqu'un qui t'as fait du mal? Dis le moi je...

-Non, t'inquiète. C'est juste ces prof là qui pensent que parce qu'on a pas grandit dans le beau Paris, qu'on ne s'appelle pas Charlotte ou Aurélie ça leur donne le droit de casser tous nos espoirs.

Je le voyais froncer ses sourcils et serrer sa mâchoire, parce que lui aussi a été découragé plus d'une fois, mais il a su montrer à ces mêmes personnes qu'il valait autant qu'eux.

Lui: Ecoutes moi bien Nour. Moi j'ai confiance en toi, t'es une battante et ça, ça les tue. T'as bien plus de mérite d'avoir réussi qu'eux. Toi, t'es pas née avec une cuillère en argent dans la bouche, toi t'as eu ta bourse grâce à ton travail alors te laisses pas impressionner. Marches au culot, fonces et ne te retournes pas. Montres leur c'est quoi une vraie Mazari.

Fin du flashback

Toutes ces paroles m'avait reboosté, alors très souvent, elles me reviennent en tête comme pour me dire que j'étais une warrior, et que rien ni personne ne me découragera. Alors c'est avec toute mon assurance que je lui ai répondu.

- Mais comptez sur moi pour ça. Dans la vie, on a tous quelque chose à apporter et il faut bien un jour commencer. Je suppose que ça a bien été votre cas. A moins que vous soyez né avec une toque d'avocat sur la tête?

Et bim! J'étais fière de moi. S'il pensait que j'allais dire amen à toutes ces paroles juste pour obtenir ce stage, il se trompait complètement. Je l'ai toujours dit, je ne refoulerais jamais mes pensées ou sentiments sous prétexte qu'il faut se taire pour se faire accepter.

Il m'a regardé pendant un court moment puis à fini par me sourire.

Lui: De l'audace, c'est bien. Et oui, vous avez tout à fait raison, on commence tous un jour. Alors vous savez quoi? Vous commencerez avec moi. Mais je vous préviens, je ne suis pas là pour ménager les gens ou servir de baby-sitter. Alors si vous êtes d'accord avec tout ça, c'est OK de mon côté.

- Considérez que ça l'est également du mien

On se quitta sur ces dernières paroles. Il me serra la main très fort, presque à m'en faire mal et avec insistance. S'il pensait qu'il allait me mettre à bout ou me décourager du métier, le pauvre allait bien être déçu.

En sortant, Manel m'a directement sauté dessus.

Elle: Alors?

- Alors.... j'ai trouvé mon stage!!!

On sautait comme des gamines, car elle aussi avait eu une réponse positive. On ne pouvait pas espérer mieux que de faire notre stage dans le même cabinet. C'était juste un truc de ouf.

On ne s'était même pas rendu compte qu'il était sorti de son bureau et nous regardait, les bras croisés tout en souriant. 

Lui: Ne vous réjouissez pas trop vite, faites vos preuves.

Il avait vraiment le don pour venir nous destabiliser, du moins c'est ce qu'il croyait.

Chronique De Nour: Deux mondes, Un seul amourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant