Chapitre 59

253 20 0
                                    

Et voilà, 23 Mai 2008 on y est. Aujourd'hui, c'est le mariage religieux et demain ce sera devant le Maire.

Moi stressé? Non.

Je m'étonne encore moi-même. Qui l'aurait cru franchement? Vous ne me connaissez pas vraiment, alors laissez moi vous expliquer.

J'ai grandit dans une famille où les études et le travail son sacrés. Alors forcément, je m'y suis consacré corps et âmes jusqu'à reprendre le cabinet de mon père après sa retraite.

Malheureusement, je n'ai pas vraiment eu d'éducation religieuse, et ça, c'est quelque chose qui m'a toujours manqué. Alors rapidement, je me suis attaché aux choses futiles. Les belles voitures, les montres, les sorties et voyages et avec tout ça bien sûr, les femmes.

On ne va pas se mentir, mais je les collectionnais. Pour moi c'était une distraction, et même un passe temps je dirais. J'en tirais ce que je voulais, puis quand l'intérêt n'y était plus, je passais à autre chose.

Avec du recul, je ne suis pas fière de tout ça. Et Dieu sait que j'en ai fait souffrir pas mal, mais moi je n'arrivais pas à m'attacher ça restait purement charnel. Appelons un chat un chat.

Mais tout ça, c'était avant. Avant que je la rencontre et qu'elle remette tout ce mode de vie en question.

Aujourd'hui j'ai carrément l'impression d'être dépendant d'elle, vous y croyez vous?

Il suffit que je la vois pour que mes soucis s'envolent, il suffit que je lui parle pour me sentir mieux, il suffit que je la prenne dans mes bras pour savoir que j'ai fait le bon choix.

C'est un sentiment indescriptible, que je ne me pensais même pas capable de ressentir un jour. Comme quoi, Dieu dans son infinie miséricorde la mise sur ma route pour faire de moi quelqu'un de meilleur.

Alors comment je pourrais stresser de m'unir à elle? J'avais plutôt hâte.

Je m'étais paré de mon plus beau qamis, acheté spécialement pour l'occasiob, et ma montre qui ne me quittait jamais malgré la collection que j'avais.

Et voilà, aujourd'hui on allait se dire oui devant Dieu. Après tout ça, on y était arrivé. Non pas sans embûche ni sacrifice, mais on y était arrivé.

Je prenais des nouvelles de ma mère par mon père, et têtue qu'elle était, je savais qu'elle ne changerait pas d'avis. Dans le fond ça me touchait. C'est toujours dur de voir un de vos parents qui n'accepte pas votre choix, pour des raison injustifiées.

Si seulement elle avait essayé de la connaître, si seulement elle pouvait la voir comme moi je la vois elle saurait que son fils a fait le bon choix.

J'avais même appris qu'elle était allée la voir pour la convaincre d'assister au mariage. Malgré tout ce qu'elle a pu lui dire, malgré toutes les paroles blessantes à son égard, elle a essayé une nouvelle fois.

Flashback

- Pourquoi? Tu savais que ça risquait de se terminer comme ça avec elle

Elle: Parce que je voulais y croire une dernière fois, et dans tous les cas, j'comptais pas te le cacher. J'voulais juste pas que tu le saches avant, sinon tu m'aurais dissuader de le faire

- Exactement. J'ai promis à ta famille de te préserver de tout ça, mais si tu fais les choses derrière mon dos, j'pourrais pas!

Elle: Pourquoi tu t'énerves pour si peu? C'est pas faute d'avoir tenté

- Et j'veux plus que tu le fasse! Qu'elle ne soit pas là, ça me concerne moi uniquement et j'peux gérer seul

Elle: J'voulais juste arranger les choses Nouri, et toi t'es là à me faire la morale et...

- Mais non, dis pas ça. J'sais que t'as voulu faire bien, excuses moi si j'me suis emporté

Fin du flashback

C'est vrai que je pouvais être dur par moment avec elle, et je ne le voyais pas forcément tout de suite. Mais vous savez quand vous tenez tellement à quelqu'un que vous souhaitez préserver cette personne de tout mal et que rien ne l'atteigne. Et bien c'était exactement ça avec elle.

Il ne me restait plus qu'une vingtaine de minutes avant qu'on y aille. J'étais heureux comme un gosse et en même temps, impatient. Je voyais Jalil me regarder avec insistance et je savais très bien que ce regard n'avait rien de positif.

Lui: Tu penses que tu sauras gérer mieux que moi c'est ça?

- En tout cas, moi j'assumerais jusqu'au bout contrairement à toi. Tu l'as arraché à sa famille, elle t'as suivi et n'a jamais fauté. Et toi tu lui as offert quoi en retour? Des absences répétées, de l'indifférence...

Elle: Tu crois que c'était simple pour moi de devoir tout gérer? La pression de tous les cotés, elle qui se plaignait sans arrêt. Alors ouais j'ai choisi la facilité mais mon histoire aurait dû te servir de leçon Nouri.

- Et c'est le cas. Parce que moi j'ferais jamais les mêmes erreurs que toi. Combien de fois j'ai dû passer voir ta femme parce qu'elle n'avait plus de nouvelles de toi depuis des jours, combien de fois je l'ai récupérer en pleur pour la déposer chez ses parents hein

Lui: Tu veux m'dire quoi là? Que t'es meilleur que moi? Que depuis que tu l'as rencontré elle fait de toi un autre homme? Il est passé où le Nouri qui ravageait tout sur son passage, qui gérait le cabinet d'une main de fer et sans aucun état d'âme? Regardes toi maintenant à bosser pour les gens et à te contenter du minimum.

- En tout cas j'arrive à dormir sur mes deux oreilles aujourd'hui. Pas sûr que tu puisses en dire autant. J'te demande pas d'approuver ou d'avoir ta bénédiction, mais juste de faire acte de présence

On était définitivement plus sur la même longueur d'onde. Mon frère Jalil avait épousé la sœur à Ouarda, sans doute pour les mauvaises raisons. L'interdit l'attirait, et rebelle qu'il était, il savait que notre mère serait furieuse. Mais une fois passé l'euphorie du mariage, il s'est rapidement rendu compte qu'à travers son choix, il avait beaucoup perdu d'un point de vue confort et financier.

Son amour pour le pouvoir et l'argent detrônait largement son amour pour sa femme. Alors forcément, leur mariage était voué à l'échec.

<< Tu t'es perdu en route?>>

C'était Nour. Effectivement, je n'avais pas vu l'heure passer. Il était grand temps d'y aller.

Chronique De Nour: Deux mondes, Un seul amourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant