Chapitre 74

242 20 0
                                    

Nous étions en 2010, et Manel avait déjà accouché d'une petite Myriam. Elle était vraiment magnifique mashaAllah. Elle avait maintenant 4 mois.

Je leur demandais souvent de ne pas hésiter à nous la laisser si besoin, et Manel le faisait avec plaisir. Elle gérait très bien les choses entre la Fac et sa fille, et elle savait qu'elle pouvait très bien compter sur moi.

Nouri avait dû s'absenter 2 semaines pour un séminaire sur Bruxelles, et c'était franchement pas facile pour moi.

Je réalisais qu'on était en fait toujours ensemble et que j'avais du mal sans sa présence. Quand je n'étais pas à la Fac, j'allais soit chez Manel et Riyad ou bien chez mes parents.

Yemma: Benti, t'as peur de rester toute seule à la maison?

- Pourquoi, ma tdawrinich hna? (Tu ne veux pas de moi ici)

Yemma: Tu sais très bien que c'est toujours ta maison ici

- J'suis toute seule et ça fait vide sans Nouri

Yemma: Il va pas rester à vie quand même, il faut que tu t'habitues.

C'est vrai qu'elle avait raison, mais j'avais horreur de rester trop longtemps toute seule à la maison.

La fin des cours approchaient, et avec ça, j'allais officiellement prêté serment et avoir le titre officiel de Maître.

Je me donnais à fond et je ne lâchais rien. Malgré le rythme plus que soutenu, je savais que c'était là la dernière ligne droite.

Comme chaque soir, Nouri m'appelait et on restait discuter.

- Tu veux pas revenir avant? J'suis sûr que c'est possible

Lui: Non mon coeur, j'peux vraiment pas. Il reste 4 jours, c'est pas grand-chose

...

Lui: Attends tu... t'es en train de pleurer là?

- Non... enfin si... je sais pas

Lui: Y'a quelque chose qui va pas Nour?

- Si tout va bien c'est juste que... c'est vide sans toi

Lui: Mais faut pas pleurer pour ça

- Parce que tu crois que j'fais exprès d'le faire?!

Lui: Non j'ai pas...

- Bein t'as qu'à rester là bas vu que j'te manque pas!

J'avais raccroché parce que visiblement, Monsieur vivait très très bien la distance contrairement à moi. Je voyais qu'il vivait très bien sans moi aussi.

Il m'avait rappelé plusieurs fois, et au bout de la quatrième, j'ai décidé de lui répondre.

Lui: Oh tu m'fais quoi là?!

J'étais là comme une enfant en train de pleurer. Vous vous rendez compte? La fille incapable de vivre sans son mari deux semaines?

Ma mère avait dit vrai, ce n'était pas bon pour nous, surtout pour moi, d'être H24 avec lui.

À part Manel et ma famille, je n'avais besoin de personne d'autre tant il me suffisait. Il était mon mari, mon amant, mon ami, mon confident, mon oreiller, mon professeur, absolument tout.

- (en pleurant): J'suis désolée mais... mais toi aussi t'es pas là alors que d'habitude à cette heure-ci j'suis avec toi, j'te soûle avec ma journée et là j'me retrouve à bouffer toute seule

Je pouvais sentir qu'il souriait parce que ça devait sûrement le faire marrer. Mais sur le coup, j'étais VRAIMENT sérieuse.

Lui: Rien que ça? Mais j'vais revenir inchaAllah, et t'auras tout le temps d'me raconter tes journées.

- Mmmh

Lui: Profites en pour revoir ta dissert et n'oublies pas, on expose, on ordonne et on démontre

- J'suis ta femme Nouri, pas une de tes élèves

Lui: et j'vois que ma femme est de mauvaise humeur alors j'vais pas l'embêter plus

Comme vous l'aurez compris, les quatre jours suivants se ressemblaient. J'allais à la Fac, parfois je passais faire quelques courses puis rendre visite à Manel ou aux parents.

Alors quand Nouri est revenu, j'étais là plus heureuse. Croyez le ou non, mais je ne l'ai pas lâché d'un centimètre de toute la soirée. J'étais vraiment en mode pot de colle, à lui faire des bisous partout comme un enfant qui câlinerait son doudou.

Lui: Nour, t'es sûre que tu vas bien?

- Oui pourquoi? J'ai pas le droit de faire des bisous à mon mari qui m'a manqué ?

Lui: Si... si mais j'aimerais au moins me changer et prendre une douche là tu vois

- Mais non pourquoi? Tu sens bon

Lui: N'importe quoi c'est pas la question

J'étais enfin soulagée de l'avoir retrouvé. Vu que ces derniers temps je squattais un peu chez tout le monde, j'avais décidé de les inviter pour un repas.

Mes parents, mes beaux-parents, mes frères, Ouarda et Manel étaient tous là. On passait un superbe moment tout ensemble, quand mon neveu chéri me demanda de l'asseoir sur mes genoux.

Lui: Tata Nour elle a bébé

Je peux vous dire que pour un petit, il m'avait carrément mise mal à l'aise à ce moment là.

- Quoi? Non tata elle a rien

Lui: Si, là (en pointant mon ventre)

Ouarda: Fais pas attention Nour, avec lui, toutes les femmes ont des bébés

J'ai vite fait de changer de sujet, parce que celui-ci me faisait toujours une petite pincée au cœur.

La soirée s'était passée tranquillement, et juste avant que tout le monde ne s'en aille, Manel est venue me voir.

Elle: Nour... j'voulais pas en remettre une couche devant tout le monde mais... tu trouves pas que t'as pris du poids quand même?

- Merci c'est gentil

Elle: Non mais j'veux dire... ça se pourrait que tu sois.... fin voilà quoi

- Non tu sais très bien que ça fait un an et demi et y'a rien

Elle: C'était quand la dernière fois que tu les as eu?

J'étais là en train de faire mes calculs, et elle venait de me faire remarquer que je ne les avais pas eu depuis quasiment 2 mois mais trop occupée avec les cours, je n'y avais pas vraiment prêté attention.

- Attends ça fait 2 mois Manel. Tu penses vraiment que? Non c'est pas possible

Elle: Demain après les cours on passera à la pharmacie prendre un test de grossesse

J'étais partagée entre la peur, l'espoir et la joie. Peur parce que je me disais que je n'étais pas prête, mais j'avais espoir d'enfin pouvoir devenir maman et offrir un enfant à Nouri.

Chronique De Nour: Deux mondes, Un seul amourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant