Chapitre 29

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C'est bon, on y est! C'est les vacances. On avait prévu de retourner au pays cette année, ma grand-mère me manquait terriblement et mes cousines aussi.

L'air frais d'Alger, l'odeur de la mer, les ballades au port... rien que d'y repenser j'étais nostalgique.

Le départ était prévu dans 2 semaines, et il était convenu que Manel et sa mère nous rejoigne pour pouvoir entamer les préparatifs de son mariage avec Riyad.

Avant de profiter de ces vacances, je sentais bien que quelque chose n'allait pas tarder à me tomber sur la tête, et j'avais viser juste.

On était samedi et ce matin là je me suis levée de bonne humeur. Je suis partie faire un tour au marché avec yemma et sur le retour j'ai croisé Sabrina. On s'est posées au carré pour discuter.

- T'as eu du courage pour faire ça c'est bien

Elle: Ça peut plus durer comme ça, ça fait 4 mois que ça dure. Les claques, les  coups de poing pour un oui ou un pour  non, les insultes, les menaces... j'peux plus Nour, j'peux plus...

Elle s'est effondrée dans mes bras et je l'ai consolé du mieux que je pouvais. La pauvre n'avait pas une vie facile et ce n'était là que le début.

- Il en dit quoi Ilyes de tout ça?

Elle: Il... il est d'accord. C'est lui qui m'a aidé il m'a trouvé un hôtel pas trop loin d'ici. Je m'en veux de lui imposer tout ça. Redouane a pris un avocat pour contester les faits. Il a les moyens et c'est ça qui me fait peur.

- T'en fais pas, il pourra rien te faire. Ilyes est là et je sais qu'il tient à toi. Je... y'a peut-être quelqu'un qui pourrait nous aider Sabrina. Je connais quelqu'un, j'irais le voir.

J'étais sûre que Nouri pourrait l'aider.

Je l'ai rassuré avant de partir. Ilyes sortait de l'immeuble, sûrement pour la retrouver

Lui: Tu fous quoi toi ici?

- Je reviens du marché. J'étais... j'étais avec Sabrina

...

- Je sais tout hein. Il se passe quoi entre vous?

Lui: C'est pas tes affaires ça ma petite

- Tu l'as kiffe?

Son silence en disait long, et je connaissais très bien mon frère.

Lui: Allez circules, et hendek t'en parles à quelqu'un.

Je suis passée chez Manel, qui était en plein ménage la chez nous. Bandana sur la tête, robe kabyle et claquette du bled.

- Tu te sapperas comme ça pour le ménage quand tu seras mariée?

Elle: Oh, robe claquette à vie ma sœur. Riyad ou pas Riyad

- Hendek il prend peur. T'as fini? Je voulais qu'on aille se prendre un grec ça fait longtemps

Elle: Ouai j'te rejoins dans 30 minutes.

Arrivés au snack, je tombe sur Khalil. Ça faisait un moment que je ne l'avais pas croisé. On s'est vite assises à table, parce que je ne voulais pas lui parler. J'avais de plus en plus de mal à tenir une conversation sans embrouille ave  lui.

Manel: Il a quoi Khalil en ce moment avec toi? J'le trouve bizarre

- Je sais pas, et plus je l'esquive mieux c'est.

Manel: Avec Nouri ça se passe?

- Ouai, j'veux pas trop l'embêter entre son taf et sa mère. Il est monté sur Lille là

Manel: C'est pas là bas que y'a un second cabinet?

- Oui, je sais pas s'il pourra continuer à gérer bien longtemps. J'ai l'impression que ses parents l'éloignent au maximum. Je me trompe peut-être mais c'est à peine si j'arrive à l'avoir 5 minutes d'affilé au téléphone.

Manel: Mais non, j'suis sûre que c'est juste la charge de travail en ce moment c'est tout. Te prends pas la tête

J'espérais qu'elle avait raison, mais ce mauvais pressentiment était bien la.

J'attendais son retour pour lui parler de Sabrina. J'étais sûre qu'il pourrait l'aider.

D'ailleurs ce Mardi matin, je me suis rendue à son cabinet. En sortant de l'ascenseur, je le vois pile devant moi qui arrive en ma direction.

J'ai cru halluciné, mais qu'est-ce qu'il faisait là? Je devais l'avoir vu 2 ou 3 fois mais je le reconnais directement. Rien qu'à le voir, il ne m'inspire pas confiance.

Je suis vite sortie de l'ascenseur pour retrouver Nouri qui était dans son bureau. Il me fallait à tout prix  des explications.

- Salem aleykoum, tu..il faisait quoi ici?

Lui: Wa aleykoum salem, hamdoulillah oui je vais bien merci. Et de qui tu parles?

- Y'a un homme là que je viens de croiser dans le couloir il sortait. Veste noir et pull gris. Il fout quoi ici?

Lui: Pourquoi ça t'inquiète autant, tu le  connais?

- Oui... on peut dire ça comme ça. C'est... c'est le mari d'une connaissance mais me dit pas que c'est ce que j'crois Nouri. Me dis pas que c'est toi son avocat?!

Lui: Il m'a contacté, pourquoi tu veux que j'refuse, c'est quoi ton problème là?

- Il bat sa femme! Voilà où il est le problème

Lui: T'as des preuves?

- T'es sérieux là, t'insinues que je mens?

Lui: J'insinue rien du tout mais jusqu'a preuve du contraire il est présumé innocent. J'te l'apprends pas

Je me croyais en plein cauchemard. Il défendait un homme violent envers sa femme le plus normalement du monde

- C'est une blague là. C'est moi qui te le dit, il est dangereux! Tu cautionnes ça normal toi?

Lui: Nour commences pas, je cautionne rien du tout! C'est mon client, je le défends et ça s'arrête là!

J'étais déçue, triste et écœurée.

- Encore une fois, tant que ça sert tes intérêts t'es prêt à fermer les yeux sur tout hein. T'en as rien à foutre que sa femme vive dans l'angoisse et la peur tous les jours, qu'il la roue de coups à la moindre occasion! Non ça tu t'en fous

Lui: Arrêtes avec...

- Non! Non j'arrêterais rien du tout! Vas-y, défends le ton client mais moi c'est terminé!

Je suis sortie en claquant la porte. C'était juste pas possible. Il me décevait moi qui pensait qu'il changeait doucement.

Juste avant que l'ascenseur ne se ferme, il me rejoint

Lui: Oh tu m'fais quoi là? On avait dit qu'on mélangeait pas le boulot à tout ça

- J'ai changé d'avis. J'peux pas, c'est pas possible. Sur ce coup là c'est sans moi Nouri. Laisses moi j'dois rentrer

Je pleurais de nerfs, parce que ce qu'il faisait là me rappelait qui il pouvait être. Je sais qu'il fait son travail, mais j'aimerais que parfois il écoute aussi sa conscience. On peut pas tolérer qu'un homme batte sa femme et qu'en plus on prenne sa défense, et c'est justement ce qu'il faisait.

Chronique De Nour: Deux mondes, Un seul amourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant