Thésée Waters : Le secret des Demi-dieux

XXXVIII : Many questions

Pourquoi est ce qu'on rêve ?
Thésée ne rêvait pas si souvent que ça, d'habitude, mais cette semaine les rêves s'étaient enchaînés, et c'était pas les meilleurs.

Il rêva qu'il était beau milieu d'une pièce immensément grande, illuminée de tous les côtés d'une lumière blanche, sans mur ni plafond.
Au début il se demanda s'il n'était pas mort. C'est vrai, cet endroit lui faisait penser à ces scènes de film où le personnage se retrouve entre la mort et la vie, vous savez, un peu comme la gare entièrement blanche où se retrouve Harry Potter quand Voldemort le tue, et qu'il se tape la discute avec Dumbledore, tranquille.
Et bien, Thésée vivait un peu la même chose, à cet instant. Seulement il n'y avait rien autour de lui, juste de la lumière à perte de vue.

-Je savais bien que je te trouverais, dit soudain une voix derrière lui.

Thésée se retourna et vit Mina à quelques mètres de lui, en nuisette, souriante comme elle le faisait toujours.
Thésée ouvrit la bouche pour dire quelque chose, mais il resta muet d'incompréhension.

-Tu rêves, mon chéri, souffla Mina en faisant un pas vers lui. Il n'y a que comme ça que nous pouvions communiquer.

-Que... Comment tu...

-Ce n'est pas si difficile que ça, tu sais, coupa Mina en souriant de malice. Il suffit d'un peu d'entraînement, et contrôler tes rêves devient un jeu d'enfant.

Thésée ne doutait pas de la capacité de Mina à pratiquer le voyage astral, mais la voir fit resurgir en lui les souvenirs de ce qu'il venait de passer, et il ne pensa plus qu'à une seule chose : Anton était mort. Et la femme qu'il avait considérée comme sa mère se tenait juste devant lui.
Rien que de penser à lui fit monter les larmes aux yeux. Il se devait de le dire à Mina. Il se devait de lui dire que son fils ne rentrerait pas à la maison.

-Je sais.

Thésée regarda Mina droit dans les yeux, et il comprit ce qu'elle voulait dire.
Une lueur de tristesse voila son regard une seconde.

-Les mères ont cet instinct, Thésée, se contenta-t-elle juste de dire. Je n'ai trouvé que toi dans mes rêves. Il n'y avait qu'une seule explication pour laquelle je n'ai pas croisé Anton.

Thésée parvint enfin à dire un mot.

-Alors... il est vraiment...

Mina sourit faiblement. Elle s'approcha de Thésée et lui prit la tête entre ses mains.

-Il est là où il doit être, murmura-t-elle en le regardant dans les yeux, c'est ainsi pour le mieux. Il est parti parce qu'il en était ainsi.

Elle lui fit alors un bisou sur le front, et Thésée se laissa aller dans ses bras, refoulant ses larmes.
Mina pensait peut-être que là où se trouvait Anton désormais, les Champs Elysées ou n'importe quel autre paradis, était un merveilleux, mais Thésée ne croyait pas que c'était un meilleur endroit que la Terre.
Lui, il pensait que les Champs Elysées n'étaient qu'un endroit où l'on se sentait bien pour l'éternité, que l'on ne ressentait plus ni douleur ni souffrance, mais que l'on n'étions pas réellement en vie, dans ce paradis.
En étant mort, nous ne sentirions plus jamais le goût de la nourriture dans la bouche, ni la sensation du vent nous caressant le visage, ni toutes ces choses qui nous faisait sentir d'être là, en vie.
Lui, tout ce qu'il pensait, c'était qu'Anton ne vivrait plus d'aventures, n'embrasserait plus de jolie jeunes filles dans la rue, ne connaîtrait jamais le mariage, n'aurait jamais d'enfants, et tout ça par sa faute. Thésée ne put résister encore à la culpabilité qui le rongeait, et il se mit à pleurer sur l'épaule de Mina.

Pouvait-on vraiment pleurer dans un rêve ? Si c'était le cas, Thésée détestait cette sensation.
Mais sentir les bras de Mina l'enveloppant avec sa chaleur, sentir d'avoir quelqu'un à ses côtés, sentir qu'il n'était pas seul, qu'il était vivant, ça le réconfortait. Cette femme était un peu la grand-mère qu'il n'avait jamais eu.
On a tous besoin de quelqu'un sur qui pleurer, sans que personne ne dise quoi que ce soit pour réconforter l'autre.
Mina lui caressait tendrement les cheveux sans dire un mot, laissant Thésée se vider de sa peine qui était trop grande et trop importante de puis trop longtemps.