Thésée Waters : Le secret des Demi-dieux

XXXVI : Gone

Je ne contrôle plus rien. 
Thésée ne comprenait plus ce qu'il se passait. Il laissait son corps agir, son cerveau penser, sans qu'il ne puisse rien y faire. 

C'est ce qu'il s'était passé quand il combattait les Lestrygons. 
Thésée avait d'abord asséné un coup d'épée au chef des géants qui n'eut pas de mal à le contrer avec son gourdin. Mais avant que le monstre ne le frappe de son poing, Thésée lui mis un coup de coude dans le ventre et le choc le stoppa net, mais le garçon venait d'utiliser son bras gauche, et la douleur qui traversa alors tout son corps était comme des milliers d'aiguilles qui fendaient sa chair de toute part. 
Mais il bloqua cette douleur et continua le combat, employant toutes ses forces, suant à grosses gouttes, parce que sa vie en dépendait et sa détermination était sans faille. 

Personne ne sait combien la détermination peut jouer dans une situation.
Cette volonté de fer prend le dessus sur toute les autres pensées, effaçant les peurs, la réflexion, la douleur, et le corps ne devient plus qu'une machine traçant son chemin, sans voir les dégâts, sans penser aux conséquences. 
C'est ce que vivait Thésée en ce moment. Malgré la douleur, malgré son bras inapte, malgré le danger, il se battait comme il l'avait toujours fait. 
Il croisait fer et massue avec le monstre, qui tentait par tous les moyens de l'attraper avec ses grosses mains velues, mais Thésée était plus rapide, et il passa sous son bras pour lui coller un coup de pied dans le dos. Le monstre fut déstabilisé, et Thésée toujours plus concentré. 

-Où sont tes potes, le monstre ? éructa Thésée en position de défense. Ils ne veulent pas se joindre à la bagarre ? 

Comme à chaque fois qu'il disait quelque chose qui n'arrivait pas, c'était précisément ce qui allait se passer. 
Dès qu'il eut prononcé cette phrase, d'énormes rugissements provenant de l'étage retentirent et, la seconde d'après, les sept autres géants bondirent de la passerelle et poussèrent des cris de rage, dans toute leur splendeur de monstre répugnant, en atterrissant aux côtés de leur chef. 

Il devait les éloigner des escaliers afin qu'Anton monte récupérer l'ambroisie et le nectar.
C'étaient des ressources magiques, alors il se doutait qu'une fois libérées, rien n'allait rester en place. Tout allait disparaître et revenir à la normal, et le monde retrouvera enfin la magie et guérira de ses maux ; mais Thésée avait vraiment besoin de guérison magique, là. Alors avant que tout ne s'évapore dans la nature, il devait s'en administrer pour recouvrir un peu de forces et le tour était joué. 
Il regarda les huit paires d'yeux noirs de cruauté devant lui, puis fit son éternel sourire sournois, malgré la peur qui demeurait toujours. 

-Venez donc me chercher, bande d'imbéciles. 

Là-dessus, il se tourna sur sa droite et fonça à toute allure vers l'entrée du musée. 
Ne pas mettre en danger les civils dehors, pensa-t-il. Mais faire gagner du temps à Anton.
Les monstres se ruèrent vers lui en rugissant. 
Arrivé devant l'entrée du hall, Thésée décrocha une barre métallique du premier panneau d'affichage venu, s'en servant comme d'un lance, puis fis face aux monstres et pris son souffle.

-MAINTENANT ! hurla-t-il à pleins poumons, juste au moment où les monstres arrivaient à sa portée. 

Les géants ne semblèrent pas se demander ce qu'il voulait dire, et brandirent tous leur massue au-dessus de leur tête, s'apprêtant à le pourfendre à la verticale. 
Thésée bondit et contra leurs attaques avec ses armes, espérant qu'Anton eut entendu son signal. 
Il voulait essayer de le voir de là où il était, mais la priorité était de ne pas se faire tuer, alors il resta concentré sur les monstres.

Thésée se retourna et donna un coup de pied arrière au premier qui en fut désarçonné. Puis il cogna le deuxième avec sa lance en faisant une pirouette, et il enchaîna les coups sur les géants.
Les Lestrygons, malgré leur grande taille, n'avaient pas de mal à se remettre et revenir d'attaque. Ils lui donnèrent des coups dans le dos, les bras, les jambes, et Thésée dû employer toutes ses forces pour se relever et contrer toujours plus vite.