Bonjour à tous et toutes !
C'est un chapitre un peu plus court que d'habitude, et pas très joyeux non plus. Malgré tout je vous souhaite une bonne lecture !
* * *
- Bonjour papy, articula avec attention Amandine.
Le vieil homme lui lança un regard flou, qui semblait regarder quelques centimètres derrière elle. Sa maman s'avança à son tour.
- Bonjour papa.
- Ah, Fanny !
Sa maman pinça les lèvres.
- Non, moi c'est Lucie, papa.
- Ah, Lucie, très bien, très bien. Et qui est cette enfant ?
- Moi c'est Amandine, répondit la petite fille, retenant courageusement les larmes qu'elle sentait poindre. Lucie, c'est ma maman.
- Amandine, répéta le grand-père, visiblement perdu. Bonjour, Amandine, quel âge as-tu ?
- Ma puce, je vais chercher l'infirmière, reste avec lui s'il te plaît, chuchota Lucie à l'oreille de sa fille.
- J'ai 6 ans, mentit Amandine avec enthousiasme. Je suis en CP !
Elle intercepta le regard de sa maman qui sortait. Bon, d'accord, elle avait cinq ans, mais son anniversaire était dans un tout petit mois !
- Ah, c'est bien.
Le silence s'installa. Amandine espéra que sa maman trouverait vite l'infirmière de service de l'étage.
- Qui es-tu ?
Amandine retint un soupir. Sa maman lui avait bien expliqué que ce n'était pas sa faute.
- Amandine.
- Ah, bien.
Son grand-père se leva d'une démarche chancelante. Il était très maigre, et Amandine eut un peu peur. Il alla jusqu'à la porte et essaya de l'ouvrir, mais naturellement elle était fermée. Il regarda longuement le boîtier du code, et la petite fille retint sa respiration, dans l'attente de ce qu'il allait faire ou dire.
- Quel est le code ?
- Je ne sais pas.
- La porte est fermée. Je veux sortir ! Pourquoi est-elle fermée ? Qui m'enferme ?
Amandine, un peu effrayée par le ton qui montait, se réfugia de l'autre côté du lit, à côté de la petite fenêtre pourvue de barreaux. Son grand-père leva un bras décharné et frappa la porte de son poing.
- Je refuse !
Il se tourna vers Amandine brutalement.
- Qui es-tu ? Que fais-tu ici ? Ce n'est pas chez moi !
- Monsieur Taillefer, calmez-vous, tout va bien.
L'infirmière avait fait irruption dans la pièce, Lucie sur les talons, qui referma la porte avec application.
- C'est votre fille et votre petite-fille, elles sont venues vous voir. Tout va bien. Voulez-vous vous rallonger un peu ?
- C'est les portes closes, ça lui fait peur, intervint dignement Amandine.
C'était son papy. Confus, perdu, un peu en colère, mais son papy quand même. Elle avait appris l'expression quelques jours auparavant et était satisfaite d'avoir su l'utiliser à son tour, malgré la situation. Sa maman se figea et lança un regard douloureux en direction de son père qui paniquait.
- Madame Taillefer, je suis désolée, mais il vaut mieux que vous sortiez. Toutes les deux. Il est un peu perturbé en cette fin d'année, et il demande tous les jours le code d'ouverture de la porte, vous comprenez bien qu'on ne peut pas lui donner. Permettez-moi d'essayer de le calmer, j'ai l'habitude.
Lucie hocha la tête, résignée. Mais au moment de franchir la porte, tandis que l'infirmière incitait le grand-père à se remettre dans le lit, Amandine fit volte-face et alla faire un câlin au vieil homme.
- On reviendra te voir, papy. Joyeux Noël !
- Joyeux Noël, répondit-il d'une voix faible, essayant visiblement de se rappeler à quelle réalité ces mots correspondaient.
* * *
Le tableau du jour, un peu lugubre il faut l'avouer, s'intitule Jour de Toussaint dans les hameaux de Clécy, et il est réalisé par Georges Jules Moteley (1865-1923) né à Caen, soit à 40 kilomètres de Clécy où se passe cette histoire !
Prenez soin de vous et à samedi pour la suite !
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Les mésanges et Jésus
General FictionMonsieur Jésus Puntarias, dans la vie de tous les jours, était un homme discret, légèrement maniaque, bourré de tics et de tacs. Un homme très gentil, qui n'avait pas souvent l'occasion de montrer sa gentillesse. Son pedigree, sa longue lignée royal...