André Hardy nous régale avec sa Moisson au pied du Pain de sucre, le temps est au changement. Prenez garde, une fois n'est pas coutume, le point de vue alterne fréquemment entre Jésus et Lucie, signalé par de petits *. Comme j'ai publié deux chapitres coup sur coup, assurez-vous d'avoir lu le précédent avant !
Bonne lecture !
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En ce samedi matin, Jésus ressentait une détermination comme rarement il en avait eu l'occasion. L'été était passé sans qu'il ne bouge, mais cette fois-ci, il était dé-ter-mi-né. Camille le formulait ainsi, en articulant bien chaque syllabe, comme pour communiquer la flamme qui l'habitait à Jésus.
Aujourd'hui, il allait rendre visite à Amandine et Lucie. La rentrée était toute proche, Lucie était en congés, c'était l'occasion idéale, comme le disait avec ferveur Elinda. Il avait appelé Lucie, un peu hésitant, la semaine précédente, et lui avait exposé son idée. La jeune femme avait paru ravie de son appel et l'avait sans hésiter invité à venir chez elles. C'était avec un sourire démentiel que Jésus avait raccroché, et Camille, qui était restée à ses côtés, arborait le même.
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Tôt ce samedi matin, Lucie avait été réveillée par quelqu'un de fort mal élevé qui appuyait sur sa sonnette à toute berzingue. Fulminant, elle avait revêtu son peignoir à la va-vite et avait ouvert la porte avec une violence à peine contenue. Mais la tête paniquée de sa voisine avait fait fondre sa colère pour laisser place à la peur.
- Marthe ? Mais, que...
- Ah, Lucie ! Sortez vite, allez chercher Amandine, le quartier a pris feu, les pompiers sont en train d'évacuer les Martin, dépêchez-vous, le vent s'est levé et je ne sais pas si, enfin, ça va très vite et je-
Lucie se précipita vers la chambre de sa fille, qui se tenait sur le seuil, un peu hébétée. Le cœur battant beaucoup trop fort, elle lui dit en vitesse qu'il y avait le feu et qu'il fallait partir. De la fumée commençait à envahir la cuisine.
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Daniel avait insisté pour conduire Jésus jusqu'à Caen. Certes, le trajet n'était pas très long, mais il avait prétendu en profiter pour rendre visite à une cousine. Jésus ignorant si c'était vrai ou non, il l'avait remercié sans chercher à en savoir plus. Ils étaient partis tôt, afin de pouvoir profiter pleinement de la journée radieuse qui s'annonçait. Le trajet s'était déroulé sans encombre, avec peu de circulation et la radio qui diffusait de la musique classique. Daniel échangeait parfois des regards enjoués avec Jésus, qui le lui rendait bien. Sa bonne humeur, de par son intensité, l'effrayait. Il ne savait pas vraiment gérer ça.
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Amandine sanglotait doucement, serrée contre sa maman. Elles étaient, avec les autres habitants de leur quartier, parquées dans le petit gymnase du secteur. Lucie tentait de consoler sa fille alors qu'elle-même ignorait comment appréhender son chagrin. Elle se raccrochait à l'idée que, peut-être, tout n'avait pas brûlé. Il restait sûrement quelques affaires, c'était obligé. Elle pensa aux albums photo, à la vaisselle qu'elle n'avait pas faite la veille, à la lessive qui séchait dans la buanderie. Elle pensa aux mille et une affaires qui composaient sa vie.
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Daniel fronçait les sourcils depuis plusieurs minutes. Les panaches de fumée vers lesquels ils se dirigeaient l'inquiétaient. Jésus fut plus long à se rendre compte de la situation. La voiture était plongée dans le silence. Jésus tenta de joindre Lucie sur son portable mais il tomba systématiquement sur la messagerie. Ils passèrent devant un hôpital, Daniel enclencha le clignotant et tourna à droite, puis, suivant les indications du GPS, s'apprêta à en faire de même pour s'engouffrer dans une rue à gauche.
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Les mésanges et Jésus
Fiksi UmumMonsieur Jésus Puntarias, dans la vie de tous les jours, était un homme discret, légèrement maniaque, bourré de tics et de tacs. Un homme très gentil, qui n'avait pas souvent l'occasion de montrer sa gentillesse. Son pedigree, sa longue lignée royal...