Chapitre 20 - Souvenirs

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Chapitre 20 – Souvenirs

Bande son : My immortal, Evanescence

Cela faisait bien deux heures que Melinda était rentrée chez elle et qu'elle s'était recroquevillée tant bien que mal derrière la porte de sa chambre, le visage baigné de larmes qui ne cessaient de se frayer un chemin dans son cou. Comment tout cela avait-il pu dégénérer aussi vite ? Certes, le procès devait avoir lieu aujourd'hui. Certes, à l'époque, cela avait déjà fait scandale et elle avait été protégée par sa famille. Visiblement, les journalistes trouvaient bien intéressant de venir la traquer pour l'interviewer plutôt que de respecter sa vie privée. Elle qui pensait que tout était derrière elle, se retrouvait confrontée à ce qu'elle avait cherché à occulter depuis des mois.

À l'étage du dessous, elle entendait le bourdonnement lointain de la télévision et Kyle qui jurait et s'énervait de plus en plus. Un coup dans le mur la fit sursauter. Lui aussi avait besoin de passer ses nerfs, ne supportant manifestement pas la situation dans laquelle sa famille se trouvait.

Doucement, avec beaucoup de précautions, Melinda se hissa sur ses jambes avant d'aller s'asseoir devant son armoire qu'elle ouvrit. À l'intérieur de celles-ci, elle attrapa une boîte et l'emmena jusqu'à son lit où elle se laissa tomber avec. Cette boîte bleue n'avait rien de particulier si ce n'était que le sticker d'un ballon de volley y était collé. Melina. Il ne fallait pas s'arrêter au simple aspect de cette boîte. Ce qu'elle contenait demeurait le bien le plus précieux de la jeune fille : ses souvenirs. À l'intérieur, d'innombrables photos de deux jeunes filles, en tenue de volley, des photos prises lors des anniversaires, lors de vacances qu'elles passaient ensemble ou encore de leurs nombreuses sorties. Toujours de beaux sourires affichés, parfois des larmes de joie.

En regardant ces clichés, Melinda eut le sentiment que tout cela s'était passé il y a une éternité. Pourtant, la plus vieille des photos avait un an à peine. Melinda et Melina entraient au lycée et faisaient partie de la section sport-étude. Elles avaient pris un selfie dans lequel elles mettaient en avant les nouvelles couleurs qu'elles arboreraient cette année-là. Si proche...et si éloignée. Une goutte d'eau tomba alors sur la photographie, puis une seconde et une nouvelle.

Depuis le décès de sa meilleure amie, elle s'était refusée à rouvrir cette boîte par peur des sentiments qui la submergeraient. Mais aujourd'hui, on ne lui laissait pas le choix. On la forçait à les regarder en face, on la forçait à avoir mal et à ne rien pouvoir faire contre cette douleur qui la traversait. C'était injuste, c'était douloureux, mais c'était comme ça. On ne peut pas se voiler la face éternellement, on ne peut pas cacher ses sentiments au fond de soi et espérer qu'ils ne referont jamais surface. Ils finissent toujours par réapparaître...que ce soit au détour d'une photographie...ou d'une jambe qui refuse de bouger du jour au lendemain. Mettre une camisole à son cœur ne veut pas dire pour autant qu'il ne ressent plus rien et qu'il ne viendra pas vous le reprocher quelques temps après.

Posant les photographies à côté, elle découvrit une liasse de petits mots que toutes deux s'écrivaient tout le temps. Lors des périodes de championnats, l'unique sujet de conversation était le volley et les différentes tactiques. Parfois, c'était des petits mots d'encouragement ou encore des mots doux.

« Bravo pour l'entraînement. Tu es la meilleure. Tes genoux sont en mauvais état mais c'est signe que tu as bien travaillé ! On va l'avoir cette coupe ! »

« Demain 7 heures, un petit footing ? »

« J'ai mal partout ! L'entraînement m'a tuée hier ! »

« Merci pour cette belle soirée, ce film était terrible ! On remet ça quand tu veux ! »

« Heureusement que tu étais là, sinon je crois que j'aurais fait la tête au carré à l'arbitre lors du match ! C'était un vendu j'en suis certaine ! Tu as toujours été la force tranquille. Il faudrait que j'arrive à calmer l'ouragan qui me sert de tempérament ».

De tes rêves à mes rêvesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant