Chapitre 4 : Surprise
Bande son : Ella, elle l'a, France Gall
Tous les élèves quittaient peu à peu le lycée. Certains groupes s'étaient déjà formés dans sa classe. Cela ferait sans doute de belles amitiés. Le lycée créait de jolies histoires qui perduraient bien souvent jusqu'à l'âge adulte.
Elle attendit quelques instants dans le hall et commença à se sentir particulièrement stupide, là, toute seule, sans trop savoir s'il viendrait ou non. Tu m'aurais dit d'attendre. Alors j'attends. Mais qu'attendait-elle en réalité ? Qu'espérait-elle ? Elle détestait se sentir aussi inutile : elle regardait le tableau d'affichage pour se donner une contenance et ne pas passer pour une pauvre fille qui attendait désespérément un garçon.
Au bout d'un moment qui lui parut interminable, Aleksei lui tapota sur l'épaule ce qui la fit sursauter car elle avait son casque sur les oreilles.
« Ah, je me demandais si tu me poserais un lapin ou pas. »
Il lui sourit. Il était beau quand il souriait, mine de rien. À cette pensée, elle se mit à rougir et détourna le visage avant de pousser un léger soupir d'exaspération. Elle n'osa pas lui avouer qu'elle s'était posée exactement la même question. En même temps, quelle fille serait assez bête pour attendre un bellâtre pareil dans le hall du lycée en priant le ciel pour qu'il l'emmène en ville ? Melinda n'avait jamais été ce genre de fille. Les garçons, ça lui passait bien au-dessus. Elle ne s'en était jamais vraiment préoccupée. Ce n'était pas qu'elle ne les attirait pas et inversement. C'était juste qu'elle avait toujours eu d'autres choses à penser !
« Qu'est-ce que tu veux me montrer ?
- C'est en dehors du lycée. Ça ne te dérange pas de passer du temps avec moi ? »
Elle fit non de la tête mais au fond, elle ne savait pas trop ce dont elle avait envie. Finalement, ce qu'il lui proposait, c'était un semblant de normalité, chose qu'elle n'avait pas connu depuis une éternité.
« Tu es en seconde, c'est ça ? Tu vas voir, c'est un bon lycée. Moi je suis en première S. Je fais du volley depuis bientôt dix ans. Je suis dans l'équipe des moins de vingt ans ici. Ce sont les gars que tu as vus tout à l'heure. Et toi ? »
Elle savait qu'il voulait qu'elle lui parle un peu plus d'elle. Mais... C'était compliqué. Et puis, quelle pipelette ! Il semblait avoir un mal fou à se taire. Ce qui, au passage, la mettait encore plus mal à l'aise, elle, si taciturne.
« J'en ai fait pendant un moment.
- Tu ne veux pas en parler ? Je crois que c'est ça le mystère que m'attire. On voit dans tes yeux que tu adores ça. Mais à côté, il y a une tristesse infinie. »
Il sentit immédiatement qu'elle se crispait et n'ajouta rien. Ils arrivèrent devant un grand bâtiment qui devait être un gymnase. Le ravalement venait d'être fait, les pierres apparentes donnaient beaucoup de cachet à ce bâtiment.
« Viens. » dit-il en posant sa main sur son épaule pour l'obliger à le suivre.
Il l'invita alors à entrer dans une salle immense. Elle était superbe : il y avait deux terrains de volley flambants neufs, les lignes au sol luisaient et le parquet ciré attirait immédiatement le regard. Un vrai bonheur pour les yeux, et, sans doute aussi, pour les joueurs qui profitaient d'une telle salle. Un frisson parcourut son échine. Elle avait essayé de ne plus y penser. Et lui, il l'emmenait ici. Elle ne bougeait pas ; ne pouvant faire le moindre geste.
« Cette salle est au club de volley. C'est magnifique, hein ? Elle a été refaite cet été, c'est pour ça qu'on jouait sur la plage. On y a accès à partir d'aujourd'hui. Tu devrais te joindre à nous. Tu pourrais venir jouer. Enfin, si tu le souhaites. Je ne sais pas ce qui te rend aussi triste mais...C'est vraiment dommage quand un sport rend quelqu'un malheureux. Surtout que toi, la passion, je sens que tu l'as et qu'elle t'habite toute entière. »
Elle fit un pas en arrière, incapable de rentrer dans cette salle qui lui tendait les bras. Une nouvelle boule vint se loger dans sa gorge et un creux abyssal lui saisit l'estomac. Aleksei n'était pas le premier à lui dire qu'elle était « habitée » par cette passion, qu'elle semblait « possédée » quand elle rentrait sur un terrain. Il la connaissait peu et la perçait déjà à jour. Peut-être était-ce parce que, lui aussi, partageait ce sentiment si difficile à expliquer aux autres ?
« C'est compliqué. » Murmura-t-elle entre ses lèvres avant de porter sa main gauche à sa chaîne qu'elle serra entre ses doigts.
Il sourit, posa son sac et s'assit sur un banc. Tout avait l'air si facile quand on s'appelait Aleksei Klause. La vie semblait lui sourire, lui-même souriait à la vie et acceptait sans doute chaque étape comme elle venait. Cette facilité à appréhender le monde et les gens, Melinda la lui enviait beaucoup.
« Les autres ne vont pas tarder à arriver. On doit s'entraîner aujourd'hui. Les essais pour l'équipe des filles, c'est demain après les cours. Tu ne voudrais pas essayer ?
- Pour quoi faire ?
- La paix avec toi même peut-être ?
- J'y réfléchirais. Je dois y aller
- On se voit demain au lycée ! »
Elle tourna les talons et sortit du gymnase. Son cœur battait à tout rompre et l'air commençait à lui manquer. Comment ce garçon qu'elle ne connaissait pas pouvait-il lire aussi facilement en elle ? Comment faisait-il ? Elle s'assit dans un coin et se recroquevilla sur elle-même. Son cœur lui faisait si mal, il battait trop fort et la serrait terriblement. Elle ferma les yeux et tenta de calmer sa respiration. Elle ne voulait plus souffrir, elle ne voulait plus y penser. Et pourtant... Et pourtant, elle avait une envie folle de faire les essais le lendemain soir. Tu m'aurais dit de le faire. Tu m'aurais dit de ne pas abandonner.
Au bout de quelques minutes, son souffle ayant repris un rythme normal, Melinda se leva et rentra à la maison, totalement ailleurs. La passion, c'était toi qui l'avais. Et tu me l'as transmise. Elles étaient devenues des mordues de volley. Et plus jamais cela ne s'était estompée. Mais elle lui faisait si mal, aujourd'hui, cette envie de rentrer sur un terrain.
À peine le pas de la porte fut-il passé qu'elle saisit son ballon et descendit dans le jardin pour faire des passes hautes. Elle oublia tout l'espace d'un instant. Mais lui, ce garçon, elle ne parvenait pas à l'effacer. Ses yeux couleur azur. L'adolescente resta ainsi pendant plus d'une heure, prenant l'air et profitant ce moment où elle se sentait bien, où une simple relation de cause à effet agissait sur le monde : ses doigts poussant systématiquement ce ballon, qui, à chaque fois, revenait entre ses mains.
Ses parents rentrèrent tard ce soir-là, son sac du lendemain était déjà fait. Elle ne savait pas pourquoi mais elle avait mis ses genouillères, ses chaussures, un short et un t-shirt dans un sac à côté. Son cœur s'était serré quand elle l'avait fait.
En même temps, Melinda avait senti quelque chose de chaud et de doux l'envahir.
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Alors ? Que pensez-vous de cette suite ? Il est toujours difficile de percer le secret de Melinda ;) !
Cela va venir, rassurez-vous !
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De tes rêves à mes rêves
Teen FictionLycéenne de dix-sept ans et mordue de Volley, Melinda a vécu un drame. Grâce au déménagement de ses parents dans le sud et de nouvelles rencontres, elle remonte lentement la pente et se rend compte que la vie vaut la peine d'être vécue !