Chapitre 19 - Passé

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Chapitre 19 – Passé

Bande son : Here with me, Dido

Un rayon de soleil filtrait à travers les voilages de sa chambre. La douce chaleur provoquée par celui-ci lui fit doucement ouvrir les yeux. Combien de temps avait-elle dormi au juste ? Elle fut obligée de consulter son téléphone pour le savoir, ayant perdu la notion du temps. Il était seize heures.

Ses parents avaient pu la faire sortir de l'hôpital trois jours auparavant. Estimant que son état était stable, le père d'Aleksei avait consenti à la laisser partir. Depuis, elle était enfermée dans sa chambre, ayant pour seule compagnie son ballon de volley inutilisable et ses béquilles qu'elle croyait avoir abandonnées pour de bon. Avec ses parents, ils avaient décidé d'un commun accord qu'elle retournerait en cours dès le lendemain. Melinda ne supportait plus de rester chez elle à attendre. Et puis, à attendre quoi au juste ? Que sa jambe cesse de la faire souffrir ? Qu'elle accepte enfin de lui rendre sa mobilité perdue ? Un nouveau soupir passa entre ses lèvres.

Elle se souvenait très bien de ce que son médecin avait essayé de lui expliquer. Parfaitement même. Et elle n'avait pas eu besoin de lui pour le comprendre d'ailleurs

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Quand elle avait ouvert les yeux le lendemain, ses parents étaient assis à côté d'elle. A côté d'eux se trouvait le père d'Aleksei.

« Ah, tu es enfin réveillée Melinda, je suis content de te voir. »

Son sourire était rassurant et encourageant mais elle ne le vit qu'à peine. Tout était encore flou autour d'elle comme si un voile demeurait obstinément présent devant ses yeux.

« Tu vas rester encore en observation pendant un jour ou deux mais je voulais te dire que ta jambe n'a rien. Ta douleur te semble réelle, mais elle est le symbole d'une douleur plus profonde qui est celle de l'anniversaire de mort de ...

- Je le sais. » la coupa-t-elle.

Inutile de prononcer ce nom. Elle ne supportait plus qu'on le prononce. C'était comme si elle avait créé un mur immense et inaccessible entre elle et ce que les autres pouvaient en dire et en penser.

« Ce que j'essaye de te faire comprendre Melinda... C'est que tu n'as pas d'autre choix que de te battre pour surmonter ta peine et d'aller de l'avant. Ta douleur se dissipera alors et te permettra de marcher. Je sais bien que tu refuses de suivre toute psychothérapie ce que je regrette. Je pense honnêtement que cela te ferait du bien. Il faut que tu te relèves. Tu ne peux pas rester indéfiniment sur le banc de touche. »

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Un triste sourire était né malgré elle au coin de ses lèvres quand il avait utilisé cette métaphore. Non, effectivement, elle ne pouvait pas rester indéfiniment sur le banc de touche. Déjà Henry, quelques mois auparavant, le lui avait fait comprendre. Mais comment le quitter ce banc quand votre jambe refusait de bouger et que la douleur irradiait dans tout votre corps ? La plaie avait certes cicatrisé depuis longtemps, mais Melina demeurait son bleu à l'âme et jamais il ne lui avait paru si oppressant ce bleu, si douloureux parce que oui, le jour approchait à grand pas.

Vers dix-huit heures, son téléphone sonna. C'était Aleksei. Elle resta quelques secondes à se demander ce qu'elle devait faire. Finalement, elle décrocha.

« Melinda ? C'est Aleksei... Je voulais savoir comment ça allait. Je n'ai pas osé t'appeler avant car mon père m'a dit que tu devais te reposer. »

Elle sentait dans sa voix qu'il prenait des gants. Il ne semblait pas aller bien et tout cela était de sa faute.

« Ne t'en fais pas. Je vais bien. Je reviens demain au lycée.

De tes rêves à mes rêvesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant