Chapitre 22 – Espoir
Musique : Breathe, Anna Nalick
Les semaines passèrent. Melinda revint en cours au lycée mais tout avait changé. Les élèves chuchotaient sur son passage ou parfois, la pointaient du doigt. Certains essayaient même d'aller vers elle pour lui parler. Heureusement, ses amis étaient là pour elle et formaient autour de son corps une sorte de cocon protecteur dans lequel elle se sentait le courage de tenir toujours une semaine de plus.
Sa jambe avait retrouvé une grande partie de sa mobilité et, dorénavant, Henri l'entraînait aux mêmes heures que les autres ; sauf qu'elle n'était pas sur un terrain de volley mais en salle de musculation où un kiné venait tous les jours pendant une heure afin de lui rendre un peu de souplesse et d'endurance.
En parallèle, Melinda écrivait. Depuis qu'elle avait parlé avec Aleksei le jour du procès, elle s'était plongée à corps perdu dans une lettre qu'elle souhaitait rédiger pour Melina et ses parents. A l'heure actuelle, la décision de l'envoyer n'avait pas encore été prise malgré les dix pages recto-verso déjà noircies. C'était sa thérapie à elle, et cela lui faisait du bien. Les mots qu'elle couchait sur le papier était autant de maux qui la quittaient peu à peu et l'apaisaient. L'idée ne lui était pas venue comme ça. C'était le père d'Aleksei qui lui avait proposé d'écrire ce qu'elle ressentait à défaut de pouvoir le formuler oralement. Au début, elle avait souri d'un air de dire : « Ce n'est pas pour moi ce genre de choses ». Et pourtant. Pourtant l'idée l'avait obsédée toute la nuit et, elle s'était levée vers quatre heures du matin pour commencer à écrire. Elle relatait leur rencontre, leurs plus beaux matchs, autant de souvenirs inoubliables qui constituaient la personnalité de Melina et qu'elle souhaitait partager avec ceux qui la connaissaient le mieux : ses parents.
Depuis l'enterrement, elle ne les avait plus revus, ne trouvant pas la force de leur parler, craignant au fond d'elle qu'ils lui reprochent le décès de leur fille. A l'hôpital, une infirmière lui avait raconté que les parents de Melina étaient venus lui rendre visite à plusieurs reprises mais qu'une fois, le ton était monté entre les deux familles. Instinctivement, Melinda avait pris cela comme un rejet de leur part et elle ne leur avait plus jamais parlé. Maintenant, avec le recul, elle comprenait la multitude d'émotions qui avait dû les submerger. Ils venaient de perdre leur enfant et elle était morte en essayant de protéger sa meilleure amie. Au fond de soi, même si c'était cruel, même si c'était horrible, ce sentiment d'injustice ne pouvait que grandir et les poignarder. Bien sûr qu'ils auraient préféré que leur fille survive au détriment de Melinda. C'est horrible, mais c'est humain. Et cela, Melinda le comprenait et ne leur en voulait pas. Elle tenait maintenant à leur expliquer quelle était la vie de celle qui reste, comment elle avait cherché à se reconstruire, comment ses différentes rencontres et l'amitié qu'elle avait pour sa meilleure amie l'avaient aidée à aller de l'avant. Il était impossible de savoir s'ils y trouveraient une forme de réconfort. Mais les mots étaient posés, c'était le plus important.
L'année scolaire avançait et les vacances de Noël arrivaient à grand pas. Dehors, la fraîcheur commençait peu à peu à s'installer ; les débardeurs et autres t-shirts avaient été remplacés par des vestes plus épaisses et des manteaux. Cela faisait maintenant trois semaines que Melinda ne portait plus de béquilles. Le kiné lui avait dit qu'elle était totalement remise et qu'il n'y avait, de toute façon, aucune séquelle puisque le problème était à l'origine psychologique.
Au début, Henri avait refusé de la laisser retourner sur le terrain, mais à force de persuasion de sa part et de celles de ses coéquipières, il avait fini par céder. Oh, bien sûr, les premières réceptions ne furent pas glorieuses mais elle retrouva bien vite son niveau grâce à l'acharnement qu'elle y mettait. Aleksei avait accepté de l'entraîner chez lui à la condition que son père vérifie que tout aille bien chaque soir. Tous deux étaient devenus de vrais papas poules mais, étonnamment, cela ne la dérangeait pas. Melinda avait refusé l'amitié et même l'amour que l'on pouvait lui porter depuis trop longtemps ; il était temps qu'elle accepte les mains tendues.
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De tes rêves à mes rêves
Teen FictionLycéenne de dix-sept ans et mordue de Volley, Melinda a vécu un drame. Grâce au déménagement de ses parents dans le sud et de nouvelles rencontres, elle remonte lentement la pente et se rend compte que la vie vaut la peine d'être vécue !