Chapitre 16 : « Évidence »
Bande son : « Jumelles » Lynda Lemay
Les vacances scolaires étaient enfin arrivées. La fin octobre avait laissé place à un vent frais qui annonçait déjà l'hiver. Mais qu'à cela ne tienne, les lycéens étaient heureux car ils auraient quelques jours de repos, loin de leurs professeurs et des évaluations de fin de trimestre. Seule la section sport-étude volley ne semblait pas profiter de ce calme, comme en témoignait le bruit que faisaient les ballons qui tombaient au sol dans un claquement assourdissant.
« J'ai ! »
« Sur moi ! »
« Ouais ! »
Et c'était toujours la même rengaine, ces mêmes phrases criées à travers le gymnase afin de se faire entendre, de faire savoir que l'on avait la balle, que l'on y allait et que personne d'autre ne devait la prendre. La parole était l'un des éléments primordiaux au volley. Henry le répétait sans cesse : une équipe qui ne parlait pas était une équipe qui ne pourrait pas accéder à la victoire. L'équipe féminine avait d'ailleurs fini par le comprendre après de multiples séances où l'entraîneur avait décidé de leur faire faire des pompes dès que l'une d'elles ne se faisait pas entendre sur un ballon. La stratégie, bien que très critiquée par les jeunes filles au début, avait finalement porté ses fruits puisque la communication s'était grandement améliorée depuis. Le fait de parler était aussi important car cela évitait avant tout les blessures. Quoique l'on puisse en dire, le volley pouvait être un sport particulièrement violent lorsque deux joueurs se percutaient sur le terrain car aucun des deux n'avaient signalé qu'il avait la balle.
Cela Melinda le savait bien puisqu'elle avait fait partie des espoirs de moins de 17 ans de l'équipe de France. Et encore, le dialogue, elle avait dû l'apprendre avec Melina. Parce qu'avec elle, un regard, un simple regard, suffisait pour comprendre ce qu'il fallait faire. Cela avait parfois tendance à exaspérer les différents coachs qu'elles avaient eus. Parler, ne pas suivre que son instinct, être à l'écoute des autres car on n'était pas que deux sur le terrain.
Mais les entraîneurs n'y comprenaient rien car elles n'étaient pas deux sur le terrain, elles ne formaient qu'un seul être, qu'une seule volonté de l'emporter. Aujourd'hui encore, c'était ce que Melinda avait tendance à rechercher malgré elle en Alexia. Toutefois cette symbiose était loin d'être aussi parfaite, aussi évidente. Parce que Melina avait été son évidence.
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« Mais vous ne comprenez pas qu'on n'a pas besoin de parler pour se comprendre. Je sais qu'elle l'aura, la balle. Je le vois dans ses yeux lorsque je suis tournée vers elle à attendre qu'elle me la renvoie. C'est une évidence. » S'énerva une fois de plus la jeune fille brune aux cheveux courts alors que le coach la reprenait à nouveau.
Tout avait toujours été une évidence avec ces deux jeunes filles. Leur rencontre, leur amitié, le volley. Absolument tout. Mais comment expliquer cette gémellité étrange à des personnes qui ne les observaient que de l'extérieur ? Car oui, Melina avait raison, c'était une évidence. Il n'y avait pas de questions à se poser : elle voyait dans les yeux de Melinda l'assurance d'avoir la balle ou justement l'appréhension de ne pas être assez proche, de ne pas avoir le temps nécessaire pour plonger. Tout cela, elle le savait.
« Le volleyball en intérieur est un sport à six. Il va falloir que tu apprennes à te comporter de manière à te faire comprendre de tes quatre autres coéquipières car sinon, c'est vers la défaite que tu les mèneras. Si tu veux être un bon capitaine, alors tu dois être à l'écoute. »
Et Melina avait toujours été un bon capitaine. Elle les avait menées vers la victoire à maintes reprises et cela, le coach ne pouvait pas le lui retirer. C'était une vraie tête de pioche mais une tête de pioche qui écoutait les conseils même s'ils lui étaient désagréables à entendre. Comme à son habitude, Melinda était restée en retrait sans prendre part à la conversation. Le mauvais caractère, c'était Melina. Elle, elle était plutôt la force tranquille, la douceur, le calme avant la tempête. Melina était un orage toujours grondant prêt à s'abattre sur la première personne venue l'ennuyer.
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De tes rêves à mes rêves
Teen FictionLycéenne de dix-sept ans et mordue de Volley, Melinda a vécu un drame. Grâce au déménagement de ses parents dans le sud et de nouvelles rencontres, elle remonte lentement la pente et se rend compte que la vie vaut la peine d'être vécue !