Mon téléphone sonne.
Kaïs : Je finis dans 10 minutes. Je t'attends.
Je souffles un bon coup et je sors de chez moi, en prévenant ma famille de ne pas m'attendre ce soir.
Je vais le rejoindre, pour la troisième fois cette semaine, c'est devenu une habitude. Bonne ou mauvaise ... je n'en sais encore trop rien.
C'est juste qu'il est seul, et qu'il me fait pitié en vrai. Ça me coûte rien de l'écouter se confier. Il en a besoin. Peut être moi aussi. D'aider quelqu'un.
J'essaye de me rassurer comme je peux quoi.
Je me rends compte qu'on connaît jamais vraiment les gens. Je sais ce qu'il a fait et à quel point ça m'a dégoûté de lui mais il souffre, il souffre vraiment. Alors oui, je lui tends la main car qui suis-je pour juger quelqu'un sur ses actions passées ?
Il a perdu le seul ami qu'il a jamais eu et qui le comprenait, Mohamed, quelques années plus tôt, quand Nabil a dû s'exiler aussi, il a quitté son domicile aussi, et je crois que Kais ne s'en est jamais remis. Il ne l'a jamais revu non plus. Et je sais pas c'est comme si une partie de lui même était partie avec. C'est l'impression que j'en ai.
Je ne saurais pas exprimé la douleur qu'il y avait dans sa voix quand il m'a raconté, difficilement, comment il avait vécu ce départ, mais il m'a touché au fond du cœur. Pour de vrai.
Je marche donc dans la pénombre, vers sa voiture, garée en bas de son bâtiment comme d'habitude et je l'attends adossé au mur, en me demandant si je devrais être là.
Il arrive finalement quelques minutes plus tard, en me souriant timidement. Il est stylé avec son petit training Nike, sûrement un nouveau et son petit dégradé made in Kader, le coiffeur de toute la cité.
Il m'a rapporté un sac de son travail. Un tacos avec une boisson. Oasis, ma préférée. Il a retenu ma commande à force ce fou. Le oasis est bien frais comme j'aime.
Kaïs : Je savais pas si t'avais mangé ...
Mehdine : T'es gentil frérot.
On s'installe dans la voiture, comme d'habitude mais je vois qu'il démarre.
Mehdine : On va où ?
Kaïs : Surprise.
Me dit-il en souriant.
Il est mignon son sourire. Et je commences à bien aimer les surprises moi je crois.
On roule quelques temps, en silence, parce que le silence n'est jamais vraiment gênant entre nous, y'a juste rien à dire au moment où ça arrive. Je suis surtout occupé à manger de mon côté.
Environ 20 minutes plus tard, il se gare en contrebas d'une espèce de colline, je ne connais que vaguement mais je m'étais jamais vraiment arrêter ici à vrai dire.
J'attends, en me demandant ce qu'on fait la, qu'il m'explique mais il m'invite seulement à descendre de la voiture. Il se retourne vers moi.
Kaïs : T'inquiète pas arriver en haut je t'explique.
Je le suis donc durant la montée, quelques minutes seulement, et, arriver en haut, il s'assoit sur la pelouse mouillée.
Kaïs : Viens la.
Il tapote le sol à côté de lui en levant la tête vers moi.
Je m'assois donc à sa droite, il fait froid et un peu inconsciemment, je me suis collé à lui. Ça n'a pas l'air de le déranger. Moi non plus finalement. Je suis bien là. Seul le bruit du vent brise le silence entre nous pendant quelques instants.