Chapitre 15

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Lorsqu'on l'avait contacté le vendredi dans la journée pour lui dire qu'on ne lui avait finalement pas attribué le contrat, Franck Maufrais avait tout naturellement demandé à qui il était allé. Et comme un pauvre con, il en était resté sur le cul, lorsqu'on lui avait répondu que le contrat avait été signé avec « B.M. Hélico » comme prévu initialement. La seconde d'après, il avait réalisé qu'il s'était tout simplement fait arnaquer par la salope d'Alida Chassaigne. Et l'instant d'après une deuxième évidence s'était imposée à lui : Maurel était forcément dans le coup lui aussi.

Pour être franc avec lui-même, Franck Maufrais devait avouer que l'argent dont la garce l'avait si ingénieusement soulagé n'était qu'une infime part de ses propres deniers. De plus, cette histoire n'avait pas vraiment eu de conséquence sur sa société. Mais là n'était pas le problème. Franck Maufrais n'était tout simplement pas de la race de ceux qui se laissaient entuber sans réagir. Et encore moins lorsque c'était une sale petite pute manipulatrice qui se collait à la tâche.

Après avoir constaté que la salope ne répondait plus au numéro qu'elle lui avait donné, il avait cherché à se renseigner sur elle. Il n'avait rien trouvé puisque Alida Chassaigne n'était pas non plus son vrai nom — ce qui ne l'avait pas du tout étonné. Il avait donc récupéré l'adresse de cette espèce de fils de pute de Maurel. Cela n'avait pas été des plus compliqués. Ensuite, toute la journée, il avait ragé en se demandant quelle était la meilleure façon de leur faire payer à Maurel et à sa salope. En rentrant chez lui, grâce à cette idiote d'Anaïs, il avait heureusement pu se défouler un peu...

Et après une nouvelle soirée bien arrosée, la veille au soir — ou plutôt au petit matin —, encore bien imbibé, il s'était garé devant chez Maurel dans l'espoir de surprendre ce fumier de première catégorie et cette sale garce manipulatrice. Il les avait attendus jusqu'au milieu de la journée. Mais le couple ne s'était pas montré. En désespoir de cause, il était rentré chez lui se doucher et manger quelque chose. Mais dès qu'il s'était installé à table, cette idiote d'Anaïs avait commencé à lui prendre la tête. Elle l'avait tanné avec ses merdes habituelles. Puis, elle avait enchaîné sur l'envie de « s'offrir une magnifique robe » d'il ne savait plus quel créateur, et qui, à n'en pas douter, devait coûter un bras. Alors après lui avoir asséné une ou deux vérités qui lui brûlaient la bouche depuis un moment déjà, il avait claqué la porte en la laissant seule avec ses jérémiades. Ce qui l'étonnait c'était qu'il n'avait même pas eu envie de s'amuser un peu avec elle ; histoire qu'elle serve à quelque chose pour une fois. Il préférait mille fois aller déjeuner tranquillement dans un endroit où il pourrait au moins réfléchir cinq minutes en paix.

En fait, celle qu'il rêvait de tenir entre ses mains, c'était cette salope d'Alida. Elle s'était bien foutue de lui, celle-là. Elle l'avait pris pour un imbécile, l'avait trompé et humilié. Et personne n'avait le droit de le prendre pour de la merde comme elle l'avait fait. Jamais il n'oublierait et n'avait certainement pas l'intention de « prendre les choses avec philosophie », et de laisser passer cette affaire sans réagir.

Après avoir tranquillement déjeuné dans le petit troquet où il avait ses habitudes, sans vraiment y croire, il avait décidé de repasser devant chez Maurel. Quelle probabilité y avait-il pour qu'il les surprenne lui et la salope ? Quasiment aucune.

Mais apparemment, c'était son jour de chance.

Putain ! J'ai un bol monstre, pensa Franck Maufrais alors qu'il débouchait dans la rue de Maurel. À quelques dizaines de mètres, celui-ci, portant ce qui ressemblait à un petit sac de voyage, sortait de son immeuble.

Et alors qu'il ralentissait, Maufrais vit une place libre le long du trottoir sur sa gauche et s'y engouffra rapidement. Il leva à nouveau les yeux vers Maurel qui traversait maintenant la rue et montait dans une berline sportive garée un peu plus loin. Et c'est alors qu'il aperçut la salope d'Alida assise sur le siège passager. Un sourire carnassier s'afficha sur son visage.

Faux-semblant : Destins croisés 4Où les histoires vivent. Découvrez maintenant