Six ans plus tard, Honfleur...
Lançant un regard complice à Jayden, qui eut un sourire entendu, Gaby prit son temps pour ranger son matériel. Les autres élèves du cours de peinture commençaient déjà à sortir de la salle. Depuis quelques semaines déjà, Gaby s'était inscrite à un cours d'arts plastiques pour débutants. Jayden De Jong en était l'un des professeurs. Jayden était néerlandais. Quelques années auparavant, il était venu à Paris pour étudier aux beaux-arts, et depuis, il n'avait pas quitté la France. Il avait sillonné le pays pendant les vacances, et était littéralement tombé amoureux de la « côte fleurie ». Et après ses études, il s'était installé à Honfleur.
Florence, une femme entre deux âges s'approcha de Jayden. Gaby l'observa pendant qu'elle conversait avec lui. Elle avait les yeux brillants. Et Gaby doutait que ce soit la passion pour la peinture qui les fasse étinceler ainsi.
Son regard passa sur Jayden. C'était un jeune homme de vingt-huit ans mince et très grand. Il flirtait avec les deux mètres. Il avait les traits fins et virils, et il se dégageait de lui un charme et un charisme très attirants. Ses cheveux blond foncé étaient un peu trop longs et bouclaient sur le col de son tee-shirt. Ses longues jambes musclées tendaient le tissu de son jean usé jusqu'à la corde. Un tatouage au dessin tribal ornait son poignet droit. Pour l'avoir déjà vu torse nu, Gaby savait qu'il en avait un autre qui couvrait son pectoral et son deltoïde gauches.
Sans doute Jayden écourta-t-il la discussion, car Florence leur souhaita soudain une bonne fin d'après-midi avant de quitter l'atelier.
Jayden s'approcha de Gaby et lui retira son grand carton à dessins des mains.
— C'est officiel, fit-elle avec un petit air mutin. Elle a craqué sur toi. Tu fais décidément des ravages sur le cœur de tes malheureuses élèves...
— La seule élève qui m'intéresse, c'est toi, dit-il en l'enlaçant.
Elle noua les bras autour de sa nuque.
— Hum... C'est ce qu'on dit..., répondit-elle en s'amusant à enrouler ses cheveux blonds autour de son doigt.
Jayden prit alors ses lèvres en un baiser tendrement passionné. Elle y répondit avec ferveur. Relevant la tête, il plongea ses yeux bleus dans les pupilles grises de Gaby.
— C'est toujours OK pour Ouistreham ? chuchota-t-il avec un fort accent néerlandais.
Un sourire aux lèvres, elle confirma d'un léger signe de tête avant de reprendre.
— Tu sais bien que je suis toujours partante pour une journée à la plage. Tu viens me chercher à 10 h comme prévu ?
— Je serai pile à l'heure, dit-il en s'écartant rapidement comme il entendait des bruits de pas dans le couloir. Tout comme mes élèves, apparemment.
Gaby attrapa son carton à dessins et son cabas en toile.
— Alors à demain, chuchota-t-elle dans un grand sourire avant de filer vers la sortie.
Quelques jours plus tard, Gaby déposa le grand vase sur le socle de l'âtre de la cheminée d'origine à côté du grand poêle en fonte. Elle venait de le garnir d'un énorme bouquet de fleurs fraîchement cueillies dans le jardin.
Gaby passa machinalement la main sur l'un des fauteuils Voltaire placés face à la cheminée. Ils avaient été repeints en blanc et retapissés avec un tissu à rayures dans les tons gris et taupe. Lorsqu'elle s'était installée dans cette maison normande à colombage du XVIIIème, elle avait voulu donner à l'endroit une touche d'authenticité. Et les mois qui avaient suivi, elle avait pris un plaisir immense à chiner chez les antiquaires et les brocanteurs pour dénicher quelques meubles anciens qui donneraient une âme à sa maison.
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Faux-semblant : Destins croisés 4
RomanceDe retour à Paris depuis quelques mois seulement, Alida Dunoyer reste un mystère pour ceux qui la côtoient. Quelques-uns aiment à penser que sous une attitude froide et distante, Alida cache une certaine vulnérabilité. Les autres sont convaincus que...