Chapitre 4

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— Avec les gars, on a prévu de se retrouver pour boire un verre en début de soirée. Tu es de la partie ? interrogea Patrick Le Gall.

— S'il n'y a pas d'imprévu, je ne serais pas contre, acquiesça Baptiste.

Les deux hommes se trouvaient dans le bâtiment principal d'un héliport parisien. Patrick était un des pilotes travaillant pour « B.M. Hélico ». Il arrivait tout juste d'une « découverte de Paris vue du ciel » en hélicoptère et repartait avec de nouveaux clients dans moins d'une demi-heure. Baptiste, lui, attendait une cliente du « Démétrios-Hotel Paris ». Pour l'occasion, il avait revêtu son uniforme blanc de pilote.

Il jeta un coup d'œil à sa montre. La cliente avait déjà près de quinze minutes de retard, constata-t-il avec un certain agacement. Cependant, au même moment une berline noire s'arrêtant le long du trottoir attira son attention. Un chauffeur en uniforme en sortit vivement et ouvrit la portière arrière. Lorsque Baptiste vit la jeune femme blonde âgée d'une trentaine d'années qui sortit du véhicule, son irritation disparut comme par magie.

— Décidément, si c'est elle la cliente, t'es toujours sur les bons coups ! s'esclaffa Patrick. T'as un bol monstre ! La dernière fois c'était la chanteuse américaine... Comment elle s'appelle déjà ?... Peu importe ! Et maintenant... ce canon, fit-il avec un regard éloquent vers la jeune femme.

Passant l'anse de son sac à main de luxe sur son avant-bras, celle-ci se dirigeait rapidement vers l'entrée. Le chauffeur lui tint la porte tandis qu'elle franchissait le seuil.

— Je me contente juste de remplacer les gars quand ils ont un empêchement, remarqua Baptiste avec une lueur amusée brillant dans ses pupilles vertes.

— Mouais... On peut échanger si tu veux. Tu te charges de la visite guidée et moi je me ferai un plaisir d'accompagner ce canon où elle veut !

— Désolé, vieux ! fit Baptiste, moqueur. Bon à plus tard, ajouta-t-il avant d'aller à la rencontre de la beauté blonde.

Lorsque cette dernière vit Baptiste, un sourire éclaira immédiatement son visage.

— Madame Cleverly ? s'informa-t-il.

Les yeux noisette de la cliente pétillaient lorsqu'elle confirma son identité avant de le suivre à travers le hangar. Son sourire était à lui seul une invite explicite, remarqua le jeune homme comme il lui ouvrait la porte. Il y a encore quelques semaines, peut-être Baptiste aurait-il été tenté d'y répondre favorablement. Car Patrick avait raison, la jeune femme était très séduisante. Aujourd'hui, sans le moindre regret, il choisit pourtant de garder une distance toute professionnelle.

Un instant plus tard, Baptiste prenait place sur le siège de l'hélicoptère avec toujours le même plaisir. Les sensations qu'il ressentait aux commandes d'un de ces appareils lui donnaient une impression de liberté. De par sa dextérité acquise durant quelques milliers d'heures de vol, il savait inspirer confiance et sécurité à ses passagers. Après que l'appareil eut pris de l'altitude avant de s'éloigner rapidement de la capitale, Baptiste entretint durant quelques minutes une conversation polie avec sa cliente. Puis, il la laissa profiter tranquillement du panorama.

Au bout d'un moment, sans raison aucune, Baptiste songea soudain que cela faisait bien longtemps qu'il n'avait pas pensé à Sonia. Le fait était que depuis quelque temps déjà, c'est Alida qui occupait désormais son esprit. D'autant plus, qu'il y avait près d'une semaine qu'elle était brusquement partie en voyage. Elle lui avait envoyé un texto assez laconique pour l'avertir qu'elle serait absente quelques jours, et qu'elle l'appellerait à son retour. Elle n'avait pas pris la peine de lui donner plus de précision. Bien qu'elle n'en ait effectivement pas à lui en fournir, se dit Baptiste. Cependant, il était surpris qu'elle lui manque à ce point. Combien de fois avait-il été tenté de l'appeler ? Des dizaines. Mais Alida n'avait-elle pas pris la peine de lui préciser qu'elle le recontacterait ? Le message était clair. Et s'il y avait bien quelque chose qu'il n'avait jamais été et qu'il ne serait jamais, se dit Baptiste, c'était devenir un homme « collant » ou possessif.

Faux-semblant : Destins croisés 4Où les histoires vivent. Découvrez maintenant