Baptiste referma le dossier et le posa sur la table de travail. Il pivota son fauteuil et le fit légèrement basculer. Les hautes fenêtres de son bureau s'ouvraient sur un ciel d'un bleu éclatant. Seuls quelques cirrus y étiraient lentement leurs filaments blancs.
Bien que cela l'ait répugné d'avoir recours à un détective, Baptiste avait fait diligenter une recherche sur Alida. Alida Gabriela Jouannet-Dunoyer. Il avait appris qu'après le décès de Céline, elle avait vécu quelques années chez sa tante, avant d'aménager chez Anne Déjardin à sa majorité. Anne Déjardin, la femme de la carte d'anniversaire. Et apparemment, elle était la seule personne vraiment proche d'Alida. C'était à peu près tout ce que contenait d'important le dossier sur Alida. À part, peut-être, qu'elle avait fait un héritage important pour ses vingt-et-un ans. Ce qui expliquait l'appartement de luxe et la belle propriété à Honfleur. Mais cela ne lui apprenait rien sur qui était vraiment Alida. Et Baptiste voulait la connaître vraiment.
Qui sait, peut-être Anne Déjardin accepterait-elle de lui parler d'elle ? se dit Baptiste. Il avait conscience que contacter cette femme, lui permettrait peut-être d'obtenir certaines réponses... mais que c'était surtout une façon de rester proche d'Alida.
Après mûre réflexion, il jugea qu'il était préférable de se présenter directement chez Anne Déjardin. Elle accepterait sans doute plus facilement de lui parler face à face qu'au téléphone. Et il était curieux de la connaître. Le dossier du détective avait éveillé sa curiosité.
En milieu d'après-midi, Baptiste trouva enfin une place où garer sa voiture. Ce quartier du nord-est de la capitale était un véritable petit écrin de verdure. Avec ses rues étroites, on avait vraiment l'impression de se retrouver dans un petit village. Et cet alignement de maisons noyées parmi les bougainvilliers fuchsia, les forsythias jeunes, les clématites multicolores, et autres, lilas qui, eux, commençaient tout juste à fleurir, renforçait l'impression d'être bien loin du vacarme parisien.
En remontant l'allée bordée de maisons aux jardinets fleuris, le jeune homme eut peine à croire qu'il était bien à Paris. Les tiges de bambou débordaient par-dessus le portail d'Anne Déjardin. Baptiste sonna. Un moment plus tard, le battant s'ouvrit sur une femme d'un âge certain aux courts cheveux gris. Elle s'appuyait lourdement sur une canne.
— Oui ? demanda-t-elle.
— Vous êtes Anne Déjardin ?
Ses yeux bleu très clair scrutaient Baptiste avec curiosité. Puis elle acquiesça. Il la salua, se présenta et s'excusa d'arriver chez elle à l'improviste.
— Je suis un ami d'Alida Dunoyer, expliqua-t-il ensuite. Mais peut-être l'appelez-vous Gaby ?
Ses yeux le sondèrent avec plus d'acuité encore et elle s'écarta afin de le laisser passer.
— Entrons, proposa-t-elle avant d'ajouter avec un humour caustique, qui plut immédiatement à Baptiste. Et s'il s'avère que vous êtes un tueur psychopathe, eh bien, ma foi, nous devons tous mourir un jour.
Baptiste la suivit sur la petite allée dallée menant à la maison. Un instant plus tard, il accepta le siège qu'elle lui offrait et s'installait dans un fauteuil. Elle prit place dans celui d'en face.
— Bien, dit-elle avec un léger sourire. Baptiste Maurel. Maintenant, expliquez-moi ce qui me vaut cette visite.
Baptiste comprit que la partie était loin d'être gagnée.
— En fait, j'ai fait la connaissance d'Alida, de Gaby, au Brésil. Il y a près de dix ans...
Il lui raconta succinctement sa rencontre avec Javier, et avec sa famille. Il lui parla ensuite des circonstances de la mort du père d'Alida, et enfin leur rencontre « fortuite », il y a quelques mois. Il s'abstint, bien sûr, de lui expliquer les dessous de cette rencontre soi-disant fortuite.
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Faux-semblant : Destins croisés 4
RomanceDe retour à Paris depuis quelques mois seulement, Alida Dunoyer reste un mystère pour ceux qui la côtoient. Quelques-uns aiment à penser que sous une attitude froide et distante, Alida cache une certaine vulnérabilité. Les autres sont convaincus que...