Chapitre 8

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Quelques mois plus tard, Portland, Oregon, États-Unis...

Baptiste finit sa ronde au dixième étage. Et après avoir effectué le pointage au dernier point de contrôle avec le boîtier électronique prévu à cet effet, il regagna le réduit sans ouverture qui servait de poste de surveillance. Il y avait là, occupant une bonne partie de la pièce, un alignement d'armoires et de classeurs de rangement métalliques. De l'autre côté, un bureau avait été placé devant un mur couvert d'écrans reliés à des caméras de surveillance placées aux points stratégiques de l'immeuble. Au fond de la pièce avait été installé un mini réfrigérateur surmonté d'un placard. Juste à côté d'un petit évier se trouvait une table où étaient posés une machine à café et un four à micro-ondes.

Il referma la porte derrière lui et s'installa dans le fauteuil pivotant en cuir qui, heureusement, était assez confortable. Il jeta un coup d'œil sur les écrans avant de notifier les horaires de son tour d'inspection dans le registre et de le parapher. Il se pliait à cette procédure, bien qu'il la trouvait quelque peu superflue puisque tout était mémorisé grâce au contrôleur de ronde électronique. Puis, attrapant une tasse dans le placard, il se servit un café et reprit place devant les écrans.

Cela faisait près de trois mois qu'il travaillait le week-end comme vigile de nuit dans cet immeuble de bureau. Il avait eu une chance phénoménale de se faire embaucher à ce poste. En fait, c'était un des élèves de l'école de pilotage dans laquelle il s'était inscrit qui l'avait tuyauté. Sans grand espoir, il s'était tout de même présenté à l'agence d'intérim. Et il avait été surpris lorsqu'on l'avait rappelé la semaine suivante pour l'inviter à suivre une formation accélérée. Peu après, l'agence lui avait dégoté ce poste. C'était le travail idéal pour lui. Pendant la semaine, il suivait ses cours de pilotage pro, et les week-ends, il travaillait ici. Le rythme était assez soutenu. Mais l'avantage de ce boulot, c'était qu'il était un peu mieux payé que le job de plongeur qu'il avait occupé en arrivant à Portland. Ce n'était pas grand-chose de plus, mais c'était toujours bon à prendre. Et le soir, il pouvait potasser un peu ses cours tout en jetant régulièrement un coup d'œil sur les écrans de surveillance.

Cela ferait bientôt six mois que Baptiste était aux États-Unis. Il s'était inscrit dans l'une des meilleures écoles de pilotage du pays afin de se donner toutes les chances d'obtenir son brevet de pilote professionnel d'hélicoptère. Si sur le plan professionnel, Baptiste suivait exactement le parcours qu'il s'était choisi, sur le plan familial par contre, il en allait tout autrement. Et chaque fois qu'il repensait à la façon dont De Laperousse s'était arrangé pour qu'il ne puisse plus revoir ses sœurs, Baptiste enrageait. Il savait qu'il ne pourrait désormais plus leur parler au téléphone. Mais il avait pensé qu'il pourrait au moins continuer à leur envoyer des cartes postales comme il l'avait fait l'année précédente. Cependant, même cela Alain De Laperousse trouvait que c'était déjà trop.

Dès son arrivée aux États-Unis, Baptiste avait envoyé une carte postale directement adressée à Geneviève et Helena. Mais au lieu de la lettre qu'il s'attendait à recevoir de la part de ses sœurs, c'était un courrier d'Alain qu'il avait reçu. Un courrier plein de nouvelles menaces. Plus le temps passait et plus Baptiste haïssait son beau-père. Longtemps, il avait refusé de repenser aux circonstances qui l'avaient contraint à partir. Mais cette fois, il laissa ses réminiscences refaire surface...

... Dès la fin de son service militaire, Baptiste était retourné à la « Bastide » un dimanche après-midi. Il avait trouvé Geneviève et Helena dans le petit salon à regarder le DVD d'un dessin animé. Il avait tout juste eu le temps de leur dire bonjour lorsqu'Alain déboulait dans la pièce et lui demandait de le suivre dans son bureau.

La conversation avait très vite tourné au vinaigre lorsqu'Alain De Laperousse avait voulu lui interdire de voir ses sœurs.

— Parce que tu crois vraiment que tu vas m'empêcher de voir mes sœurs ! Geneviève n'est pas ta fille ! Tu n'as aucune autorité pour m'interdire de la voir !

Faux-semblant : Destins croisés 4Où les histoires vivent. Découvrez maintenant