C I N Q

5.4K 346 34
                                    

- Attends, quoi ? S'écrit Marie.

Elle est penchée au-dessus de la table et a les yeux écarquillés, tellement que j'ai peur qu'ils sortent de leurs orbites. Je lâche un petit rire et répète pour le plaisir de la voir ahurie.

- Le prof de géo m'a sourit.

- On parle bien du même ? Genre celui qui a faillit te virer de cours une demi-heure avant ?

- Oui oui.

Je lui souris de toutes mes dents, fier de moi.

- Pas possible, fait-elle en secouant la tête.

Je hausse les épaules, sans cesser de sourire.

- J'ai trouvé qu'il avait été un peu trop gentil avec toi en cours. Je veux dire, il t'as laissé le choix. Il n'a jamais fait ça.

Samuel soupire et répond d'un ton mi-amusé, mi-désespéré.

- Que veux-tu, le charme de Simon est inégalable.

Je lève les yeux au ciel. Depuis l'année dernière, quand quelques filles ont commencé à s'intéresser à moi, il me sort ce genre de réplique à tout bout de champ, comme si cela expliquait quoi que ce soit. Et en plus d'être totalement faux, ça me gêne horriblement.

Je jette un coup d'œil vers Loïc, qui n'a pas décroché un mot depuis qu'il est là. Et je suis surpris de le trouver inhabituellement rouge. Marie le remarque aussi et le charrie gentiment.

- Qu'est-ce qui se passe, t'as vu ton crush ?

Il pique un fard et secoue vivement la tête. Alors comme ça il a des vus sur quelqu'un ?

- Ho-ho, et je peux savoir qui c'est ? Je demande même si je sais qu'il ne répondra pas.

Mais il se lève brusquement et prend son plateau.

- J'ai besoin de prendre l'air.

Il part précipitamment et on se regarde tous les trois, perplexes.

- Bah, qu'est-ce qui lui prend ? Fait Sam, dubitatif.

- Aucune idée.

Il soupire tandis que j'observe mon voisin prendre la sortie du self, les joues un peu moins rouges qu'à l'instant.

- J'ai bien peur qu'il soit encore plus difficile que tu ne le crois. Tu vas avoir du mal, Simon.

Marie nous adresse un regard interrogateur, puis, au bout de quelques secondes, comprend de quoi il s'agit et se redresse vivement tout en prenant un ton accusateur.

- Non, vous n'allez quand même pas recommencer !

- Si, on réplique en cœur.

- Les gars, ce n'est pas bien de faire ça, plaide-t-elle. Rappelez-vous comment ça s'est passé la dernière fois.

- C'était différent.

Elle se tourne complètement vers moi, ignorant mon meilleur ami car elle sait qu'elle a plus de chances de me convaincre moi.

- Simon... tu n'as quand même pas envie de le blesser, n'est-ce pas ? Tu n'as pas de remords ? Imagine s'il apprend que vous pariez sur lui derrière son dos. Il sera furieux ! Tu ne veux pas ça quand même ?

Je me sens flancher. Elle a ce don de convaincre les gens qui m'énerve un peu parfois. Elle prêche toujours la bonne parole, en plus. Comme une sorte de bonne sœur, mais sans la croyance qui va avec.

- Mais je l'aide, Marie. Je l'aide à s'intégrer, à se faire des amis. Je ne vais pas le blesser, avec Lydia c'était...

J'hésite un peu. C'était spécial, différent. C'était Lydia. Loïc ne lui ressemble pas du tout. Tout se passera bien.

- Loïc n'est pas Lydia, intervient Samuel. Je te promets qu'on ne le blessera pas. Enfin, que Simon ne le blessera pas.

- Je te promets qu'il ne lui arrivera rien.

Même si je n'ai plus le cœur à plaisanter, je fais à Marie un beau sourire en penchant la tête sur le côté. Je sais qu'elle ne peut pas résister longtemps. Elle m'observe attentivement pendant quelques secondes avant de soupirer et de secouer la tête.

- Vous avez intérêt. Sinon je lui balance tout.

- Quoi ? Tu ne ferais pas ça, quand même ?

Je me penche autant que je le peux vers vers elle et l'observe d'un œil à la fois ébahi et terrifié. Elle semble si déterminée que j'ai toutes les raisons d'avoir peur. Mais elle n'oserait pas. C'est beaucoup trop gros. Beaucoup trop important.

- Si, fait-elle sur un ton de défi. Et quand je dis tout, Simon, ce n'est pas juste le défi. C'est ceux d'avant. C'est Lydia. C'est tout.

Le Carnet Rouge [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant