N E U F

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On marche tranquillement vers le centre-ville en débattant sur le lieu de notre repas. Pour ma part, j'aurais bien manger chinois mais je sais que Samuel n'aime pas ça, alors je le laisse se disputer avec Alexandre. Après avoir éliminé le sandwich, on en est au tacos ou au burger. C'est une scène assez normale de voir mes deux amis se chamailler pour de pareilles broutilles. Je suis derrière eux avec Loïc, qui semble un peu mal à l'aise.

- Ça va ? Je lui demande doucement.

Il lève la tête vers moi d'un air surpris et répond :

- Oui, merci.

Je lui offre un sourire, auquel il répond en détournant le regard.

- Tu es sûr que tu n'as pas de préférence ?

Il hausse les épaules.

- Non, je m'en fiche. Et puis, c'est ton argent...

- Je t'ai dit de ne pas t'occuper de ça, je le coupe. Par contre, ça m'embêterait qu'on mange dans un endroit que tu aimes pas.

- Merci beaucoup, mais vraiment, je m'en fiche.

Il sourit, sans doute touché par ma gentillesse parfois excessive. J'ai conscience que parfois je suis trop gentil, mais le truc c'est que j'aime ça. J'aime voir les gens heureux, même si des fois c'est au détriment de mon propre bonheur. Quand j'étais plus jeune, ma mère me disait que je n'étais pas assez égoïste. Je pense que c'est encore vrai, mais ça me plaît de penser que je suis une bonne personne.

- Bon, finalement on va manger un burger, fait Alex, me sortant de mes pensées.

- Il était temps, on est arrivé.

On entre dans le fast-food et on commande assez rapidement. Je n'ai pas mangé depuis tôt ce matin, je suis affamé. Si bien que lorsqu'on se met à table, mon ventre gargouille dans un bruit sourd.

- Désolé, dis-je en rougissant.

Les garçons rient pendant que mon estomac continue de me torturer. Quand, enfin, nos repas arrivent, je me jette dessus et engloutit la moitié de mon hamburger.

- J'avais oublié que t'étais un putain de trou noir, merde, rit Sam.

- Et pas que pour la bouffe, ajoute Alex en haussant plusieurs fois les sourcils de manière suggestive.

Je rougis jusqu'aux oreilles et le fusille du regard.

- La ferme.

Il ouvre exagérément la bouche comme s'il était choqué et s'exclame.

- Non, le gentil Simon m'aurait-il dit de me taire sans un "s'il te plaît" ?

J'enfouis ma tête dans mes mains et le supplie.

- Alex ! Remets pas ça !

- Il ne faut pas remettre à demain ce qui peut être fait aujourd'hui, minaude Sam en prenant une voix aigüe.

Je me tourne vers Loïc, désespéré.

- Par pitié, aide-moi !

Il a l'air tout aussi gêné que moi au vu de la couleur de ses joues. Il hausse les épaules en forçant un petit sourire désolé.

- Ils se sont ligués contre moi, mon dieu, je gémis. Laissez-moi manger tranquille, pitié.

Mes deux meilleurs amis sont partis dans un fou rire incontrôlable. Je secoue la tête en souriant. Je croise le regard de mon voisin, qui s'amuse de la vue qu'il a devant lui. La rougeur sur sa peau a diminué, mais il ne soutient pas longtemps mon regard. Je me concentre donc sur mon repas, que je n'ai toujours pas fini. En quelques bouchés, je fini le délicieux burger et commence mes frites, alors que les deux garçons en face de moi viennent se réussir à se calmer.

- Ah, ça faisais longtemps que j'avais pas eu un fou rire comme ça, merci Sim.

Je marmonne un "de rien" sans daigner lever les yeux.

- Je sais comment je vais te surnommer à la prochaine soirée que je fais !

Je me crispe sur ma chaise.

- Allons bon, je peux savoir ?

- Le trou noir, fait-il en souriant de manière diabolique.

- Noooon, par pitié, ne fais pas ça. C'est horriblement gênant.

- Tu as compris de quoi on parlait, Loïc ? fait soudainement Sam.

Je lève les yeux vers lui.

- Heu, non, répond-t-il.

- Samuel.

Je le fixe dans les yeux et le met au défi de parler. Il n'a pas le droit de dire ça. Il continue pourtant de parler.

- Parce que personne ne peut lui résister, dit-il, et je me détends. Il engloutit les cerveaux de tout le monde pour les manipuler et les aveugler de sa gentillesse.

Je secoue la tête.

- Tu pars trop loin. Mange, ça va refroidir.

Il me lance un regard un peu coupable d'avoir faillit dire autre chose. Il ne maîtrise pas toujours sa langue, j'ai bien fait de le rappeler à l'ordre.

Le Carnet Rouge [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant