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Le point de vue d'Olivia.

Quand je rentre trempé jusqu'aux os, ma mère est là assise sur le canapé dos à moi. Il est tard, elle devrait dormir à l'heure qu'il est. Je sais à quel point ses heures de sommeil compte pour son boulot. Peut-être qu'elle ne travaille pas demain ? Elle se retourne vers moi et je lis de la confusion sur son visage, puis elle m'invite à m'asseoir à côté d'elle.

-Ça va ? Lui demandais-je une fois installé.

Quelque chose la chiffonne, je n'arrive pas à savoir quoi, mais ça l'a marqué. Elle prend une grande inspiration, me regarde, m'embrasse tendrement le front, puis regarde droit devant elle avant de m'expliquer ce qui la rend dans cet état second :

-Aujourd'hui ma chérie, un de mes patients est décédé. Cela faisait plusieurs jours qu'il avait des idées noires, il ne voulait plus se battre pour sa maladie, il voulait laisser faire le cours des choses. Mais nous ne l'avons pas abandonné à son sort, nous l'avons encouragé et soutenu. Nous n'avons pas pour but de baisser les bras quand une maladie semble trop grande à guérir, nous gardons espoir. Nous restions à tour de garde près de son chevet. Et c'est sous ma responsabilité qu'il s'est éteinte. Sa femme comptait lui annoncer une grande nouvelle... Toute la famille était venue au rendez-vous, personne ne s'attendait à ce que son pouls s'arrête, je ne comprends pas.

-C'était quoi cette grande nouvelle ?

-Elle est enceinte. Ce futur bébé ne verra jamais son père et son père est mort sans jamais le savoir. Ça aurait pu lui donner de l'espoir, l'envie de vivre. Quand j'ai dû annoncer la mauvaise nouvelle, la femme s'est effondrée, cela faisait plusieurs semaines qu'elle savait qu'elle était enceinte, mais elle voulait lui faire la surprise et je sais qu'elle le regrettera toute sa vie. Désormais, elle regrette d'avoir attendu si longtemps, elle ne pouvait savoir ce qui allait se passer.

Des larmes coulent sur son visage. Je vois bien qu'elle s'en veut, elle aimerait pouvoir faire plus, elle aurait voulu le sauver. Elle était présente et elle se sent coupable. Telle mère, telle fille... Cette femme a perdu son mari et elle n'aura jamais l'occasion de lui dire une dernière fois à quel point elle l'aime et qu'elle attend leur enfant...

-Tout ce que je te souhaite ma chérie, c'est de ne jamais avoir à regretter de ne pas avoir dit les choses quand il était encore temps. Tout peut arriver si vite, on ne s'y attend pas.

Chaque jour qui passe, pourrait très bien être le dernier. Par exemple, aujourd'hui même, j'aurais pu me faire percuter par cette moto, et elle n'aurait jamais su... Elle a le droit de savoir. Elle a droit de connaître qui je suis devenu et qu'est-ce qui s'est passé cette nuit-là... Il faut que je lui dise, il faut que je lui dise tout de A à Z. Ça ne peut plus durer, j'aurais dû lui dire depuis le début.
-Maman ?

Je commence à pleurer, ce que je m'apprête à faire, c'est la première fois que je vais le faire. Respire Olivia, ça va aller. C'est ma mère après tout, elle comprendra. N'est-ce pas ? Les mères sont censées tout comprendre, non ?

-Oui ma chérie, ça ne va pas ? Tu as mal quelque part ?

J'ai mal partout, depuis bien trop longtemps...

-Maman, écoute-moi, s'il te plaît, je m'apprête à te dire quelque chose et je veux que tu m'écoutes, mais je t'en prie ne me coupe pas la parole. Je viens de me rendre compte que j'aurais pu y laisser la vie et que tu n'aurais jamais été au courant de ma vraie raison ici.

Elle sèche ses larmes et hoche la tête.

Bon, c'est le moment.

-Alors voilà... Il y a bientôt huit mois de ça, j'ai commencé à sortir avec un garçon, un certain Tom Willers et tout se passait bien, je l'aimais vraiment, j'étais prête à tout pour lui et je pensais que c'était l'amour. Nous avons préféré garder notre relation secrète. Et il m'a appris à me battre et à me défendre, il me disait qu'il faisait ça pour moi. Puis, j'ai découvert qu'il trafiquait de la drogue et qu'il en consommait. Ça ne m'a pas empêché de rester, malgré ces activités. Toutefois, j'étais très amie avec Tiffany, sa sœur, et Vanessa ; nous étions inséparables, mais Vanessa avait tendance à parler dans le dos de Tif, enfin bref. Je lui faisais confiance et j'ai eu tort. Si tu savais comme j'ai eu tort ! Et puis Tif, c'est rapproché de Cay, ils ont commencé à sortir ensemble, mais je savais que Tiffany se foutait de sa gueule. Mais Tif a toujours été jalouse de moi, elle m'enviait, car elle avait l'impression que j'avais toujours tout ce que je voulais, que tout le monde m'aimait et pas elle. Alors elle m'a fait vivre un calvaire pour me mettre aussi bas que terre qu'elle. Par sa simple jalousie.

Un été pour oublierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant