Chapitre 15 : Alek

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- Je n'en peux plus d'être enfermée ici, Alek. Laisse-moi sortir.

Je soufflais d'agacement face à son air buté. Aussi mignon soit-il.

- Nous n'allons pas tarder à nous rendre au b... au club, me repris-je promptement.

Je la tirais à ma suite pour qu'elle repose son joli petit cul sur la chaise qu'elle occupait en lui lançant un air menaçant. Elle croisa les bras et fit la gueule avant qu'un petit sourire adoucissait ses traits, ce qui était de mauvaise augure. Elle se leva doucement , l'air décidé. Puis elle balança tous les dossiers sur lesquelles nous traitions certains aspects avec Victor. Elle écarquilla les yeux, une main devant la bouche.

- Oh merde, je suis désolée. Je n'ai pas fait exprès. C'est dommage mais vous ne pouvez plus travailler dans de bonnes conditions maintenant... s'exprima-t-elle avec une fausse moue désolé ; Il va vous falloir reporter cette petite réunion... joua-t-elle les innocentes tandis que nous restions, quelques secondes, figés par l'action de la jeune femme.

- Putain, je vais la buter, cette petite conne, gueula Victor, plus énervé que jamais en s'approchant d'elle, une main sur son flingue.

Je ne réagis pas directement, estimant qu'elle méritait une petite leçon de convenance avant de faire un signe de main à mon bras droit de stopper tout mouvement lorsqu'il posa le canon sur le front de Saskia. Il était furax. Cela ne semblait pas impressionner Saskia qui n'avait pas cillé un seul instant. Droit dans ses bottes, elle faisait face à mon ami, le défiant de bouger le petit doigt, un sourcil lever puis se dégagea de la prise menaçante de mon ami en se tourna vers moi.

- Bon tu ne peux plus travailler alors on peut y aller, non ?

Je me levais, calmement, lui fit face puis lui attrapa une poignée de cheveux pour ramener son visage au mien, si bien qu'elle se retrouva sur la pointe des pieds.

- Tu es une vraie emmerdeuse. Fait gaffe à toi, jeune fille. J'ai le contrôle sur ta vie, tu comprends?

Toujours peu impressionnée, elle leva les yeux au ciel, signe évident qu'elle disait vrai lorsqu'elle disait n'en avoir rien à foutre de crever si c'était dans ses conditions.

- Ouais, ouais. Toi, grand méchant patron et moi, simple petite employée obéissante. On a compris. On peut y aller maintenant ? demanda-t-elle sourire aux lèvres.

Je grognais d'exaspération face à sa désinvolture et la relâchais. Encore une fois vaincu, face à cette jeune femme, tout à fait agaçante, surprenante et coriace , j'enfilais ma veste, lui attrapait la main et nous dirigeais à la porte que j'ouvris brusquement, signe de mon énervement à ne pas parvenir à mes fins avec elle. Sans un regard pour Victor, j'ordonnais.

- Demande à Martha de nettoyer ce foutoir et de reporter mon dernier rendez-vous téléphonique à demain.

Après un trajet de dix minutes, assis près d'une Saskia survoleté, mon chauffeur se gara face au bordel. Saskia n'attendit pas qu'on vienne lui ouvrit sa portière qu'elle était déjà dehors, trépignant sur le trottoir.

- Allez Alek, dépêches-toi.

Son allure de petite fille capricieuse, qu'elle affichait fièrement, me fit légèrement sourire alors que je la rejoignis à pas lent. Ce fut à cet instant, à la regarder sautiller, que je compris qu'elle n'avait aucun mauvais fond. Elle n'était qu'une enfant emprisonner dans le corps d'une femme semblable à une déesse. Elle était, ce qu'on appelait espiègle. La colère de sa précédente action s'envola à cette évocation. Elle n'avait pas l'air d'avoir une once de malveillance en elle. Elle avait de l'énergie à revendre et ne supporter pas longtemps de stagner.

Était-elle hyperactive ? Ou cela était dû à sa jeunesse ?

Je lui fis signe d'avancer puis lui ouvrit la porte pour qu'elle passe en première, me crispant à l'idée qu'elle découvre au premier coup d'œil qu'il s'agissait d'un bordel.

Les chambres des filles se trouvaient plus profondément dans l'établissement et elle n'avait aucune raison de se rendre dans cette partie de l'édifice et les filles étaient briefées sur ce qu'elle pouvait dire ou pas mais je ne me sentais pas pour autant serein. Elle pourrait décider de ne pas vouloir prendre part à ce genre d'entreprise si elle le découvrait.

Je la regardais zieuter chaque recoin de la grande salle parsemée de table sombre, à la scène percée de barres métalliques et au bar, face à nous, éclairer par des néons rouges apportant un effet d'intimité. Elle se détournait de la salle pour me regarder par-dessus son épaules.

- C'est beau, ici et il y a assez de place pour travailler. C'est parfait, concluait-elle en reportant son regard sur la scène ; où sont les filles ?

- Elles vont arriver, l'informais-je en faisant signe à Sven, pour lui indiquer qu'il pouvait laisser les filles entrer.

Une fois les filles ranger en une ligne parfaite, tels des petits soldats, Saskia s'approcha d'elles, souriante.

- Vous avez de la discipline. Un bon point pour vous.

Elle les scruta, une à une, puis poursuivit.

- Il va falloir que je vous teste afin de voir où sont vos faiblesses et vos points forts, mesdemoiselles. Je serais intransigeante. J'applique dans mes cours, la fermeté mêlée à la douceur mais je veux de rigueur et du sérieux. Alek m'a fait part de votre envie d'apprendre et je vous en saurais gré de pouvoir conserver cet état d'esprit. Je ne suis pas du genre à abandonner une mission en cours de route. Vous m'avez demandé... Je suis là... à vous de faire le nécessaire afin de progresser, je ne peux pas le faire à votre place mais vous y aider du mieux que je pourrais. Êtes-vous prêtes à tout donner pour exceller, mesdemoiselles ? termina-t-elle avec un professionnalisme qui me laissa stupéfié tant elle était impressionnante de sérieux.

Les filles, enhardies, par la tirade de la jeune danseuse, se mirent à criait un «oui» explosif sous le regard satisfait de Saskia. Elle sourit avant de le laisser retomber.

- Bien. Commençons par le commencement. Faites-moi cinquante pompes, cinquante abdos, cent squats et pour finir vous courberez le haut de votre corps, en avant, les jambes tendues et essayerais de toucher vos pieds avec vos mains, sans plier les genoux. Vous devrez maintenir la position maximum cinq minutes, exigea-t-elle avec autorité.

Les femmes écarquillèrent les yeux sous la charge de travail et voulurent protester mais la danseuse ne laissa rien passer.

- La prochaine fois, je vous emmènerais les vidéos des femmes, qui aujourd'hui travaille dans les meilleurs clubs de Vegas et que j'ai formé, ainsi vous comprendrez où je veux en venir mais pour le moment vous devrez me faire confiance. Je vous ai poser les bases d'un échauffement. Donnez-moi votre maximum, si vous ne pouvez pas aller jusqu'au bout, ce n'est pas grave. Cela me permettra de vous évaluer sur votre tonus musculaire et votre cardio.

Les filles se regardèrent, légèrement paniquées.

- Allez, mesdemoiselles, au boulot, gueula-t-elle avec force ; vous en êtes capable. Prenez confiance.

Sur ses paroles, les femmes se mirent en action avec une énergie renouvelée alors que je regardais Saskia avec un œil nouveau. Elle était aussi intransigeante que moi lorsqu'il s'agissait de son travail et j'en fus admiratif et excité, comme l'indiquer le gonflement de ma queue, rendant la situation quelque peu dérangeante.

Je m'installais au bar, ouvrit mon ordinateur et examinait les dossiers les plus urgents du jour, sous les encouragements répétés, par la douce voix, de ma danseuse, en essayant d'oublier que mon entrejambe était douloureusement en manque de cajoleries féminines.

The price of freedom ( En réécriture (9/39))Où les histoires vivent. Découvrez maintenant