Chapitre 10 : Saskia

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J'avais déjà eu l'occasion de voir de mes yeux, l'opulence de ce monde mais cet avion-là surpasser tout. Une vingtaine de siège en cuir beige trônaient ici et là. Ils encadraient de petites tables en bois clair vernis. L'allée centrale était large.

Des hommes, une dizaine, étaient déjà installés sur le côté gauche de l'avion. Tous habillés en noir et silencieux, je compris qu'ils étaient les gardes du mafieux. Je m'enfonçais un peu plus dans l'appareil.

- Salut les mecs, dis-je joyeusement.

- Installes-toi Saskia, grogna l'homme derrière moi, cause de ma présence en ces lieux.

Je pris place sur un siège, à droite, côté hublot et tapotais la place à côté de moi lorsque je vis qu'il allait s'asseoir en face de moi.

- Tu veux que je vienne en Russie mais j'y pose mes conditions également ou alors je m'en vais et le seul moyen de m'y empêcher serait de me tuer.

Il accédait à ma demande en prenant place près de moi et leva un sourcil.

- Je logerais chez toi, je suppose, avançais-je, un sourcil levé en questionnement, auquel il répondit d'un simple hochement de tête ; mais je tiens à ma liberté, alors tes mastodontes, ici présent, ne tourneront pas autour de moi et enfin je me donne le droit du choix de mes chorégraphies. C'est mon boulot alors pas de contrôle qualité-prix. En clair, ne me mets pas des bâtons dans les roues, concluais-je.

- Très bien. Sauf pour les gardes. Tu dois savoir que faire partie de mon environnement peut-être très dangereux alors tu auras des gardes du corps lorsque tu quitteras ma maison, que tu le veuilles ou non.

Je soupirais bruyamment.

- Ils ont intérêt à se faire oublier alors, prévenais-je en fusillant du regard les hommes en question puis dis ; Vous êtes prêt pour de grandes parties de cache-cache, messieurs ? m'amusais-je.

- Tu ne pourras pas les semés et je ne te le conseille pas si tu ne veux pas faire face à ma fureur, petite. Du reste, c'est entendu, ils savent se faire discrets.

Suite à cela, les portes pressurisées se fermèrent et l'avion se mit en branle. Le mafieux ouvrit son ordinateur, sûrement pour travailler alors que je détournais la tête afin de scruter, du ciel, ma ville devenir un petit point dans l'horizon. Je décidais de fermer les yeux et laisser le sommeil me gagner.

Je me réveillais en sursaut alors que des mains frôler ma taille. J'ouvris les yeux, prête, à gifler la personne qui me toucher impunément sans mon autorisation quand je me rappelais où je me trouvais. Je baissais les yeux sur les mains du mafieux qui bouclait ma ceinture au moment où une autre secousse vienne ébranler le jet.

- De simples perturbations, m'informa-t-il de sa voix grave et rauque.

- Je ne suis pas inquiète. J'ai dormi longtemps ?

- Quatre heures.

Je regardais autour de moi, la bouche pâteuse.

- J'ai soif et faim.

L'homme leva la main en direction du couloir du fond. Une femme blonde en sortit, tout sourire.

- Chto ya mugo sdelat' dlya vas, ser ? minauda-t-elle. (1)

Avant qu'il n'ouvre la bouche, je répondis, à la surprise générale.

- Ya khotel by vody i chto-nibud' poyest. Spasibo. (2)

Les yeux de l'hôtesse se tournèrent vers moi et se firent sournois et scrutateurs.

- Je ne savais pas que tu parlais russe.

- Je parle beaucoup de langue. J'ai toujours eu une certaine facilité d'apprentissage des langues, expliquais-je fixant toujours la femme.

- Vous l'avez entendu. Emmenez-lui ce qu'elle souhaite, ordonna-t-il à la blonde.

- Oui, emmenez-moi ce que je souhaite, répétais-je un sourire narquois aux lèvres.

Elle tourna les talons d'un pas rageur, me contentent grandement. Cette femme avait des vues sur le mafieux et me voyait comme une rivale. Je n'avais pas la moindre intention envers l'homme mais pour la faire payer son agressivité envers moi, j'allais me jouer d'elle.

Entourant le bras de l'homme, je me collais étroitement à lui lorsqu'elle revint avec mon repas. Je lui adressais un grand sourire avant de tourner la tête vers mon supposer amant et lui embrasser la joue. La femme fulminait, ce qui me réjouissait énormément. Je jubilais littéralement. Elle repartit à son poste en serrant les dents et je lâchais le mafieux.

- Tu pouvais continuer à me tripoter si tu le souhaites mais je préférerais que tu t'échignes à le faire un peu plus bas.

Je lui mis un coup de poing dans le bras en rigolant.

- Tu peux toujours rêver.

Une lueur mystérieuse se profila dans ses yeux puis un sourire en coin habilla ses lèvres avant qu'il ne retourne à ses dossiers.

- Tu parles combien de langue ? me demande-t-il soudainement, toujours concentrer sur l'écran.

- Six.

- Vraiment ? s'étonna-t-il.

- Oui.

- Pourquoi ne pas exercer un métier qui est en rapport avec tes connaissances ?

- La danse est toute ma vie, dis-je en haussant les épaules.

- Quelles sont ces langues ?

- Devinettes, me réjouis-je ; «Je n'ai pas envie de travailler pour toi»

- Français et tu devrais arrêter de te plaindre pour rien car il est trop tard. Tu es dans mon jet, je te rappelle..

Il souriait légèrement faisant réapparaître cette fameuse lueur dans les yeux.

- Bien joué, grognais-je doucement ; «Tu avion es muy lujoso pero prefiero mi caravana» (3)

- Espagnol.

- Encore un point pour toi.

- «Come ti chiami ? Mi sono reso conto che non ti avevo ancora chiesto» (4)

- Justement, je pensais que tu ne me le demanderais jamais. Alek. Et Italien.

- Alek. Joli. Et enfin " mahw eumurik ?" (5)

- Arabe ?

- Effectivement. Je te demandais ton âge.

Il eut l'air d'hésiter un instant puis répondit.

- Trente-deux ans.

Je lui souris puis détourna le regard vers le couloir du fond et l'allée centrale. Il y avait assez de place pour quelques exercices de bases.

- Voilà le jeu est fini , concluais-je alors qu'un trop-plein d'énergie m'obligea à me relever de mon fauteuil ; Retourne à tes dossiers et moi, je vais m'occuper autrement, souriais-je grandement.   


Traduction :

(1) Que puis-je faire pour vous, monsieur ?

(2) J'aimerais de l'eau et quelque chose à manger, merci.

(3) Ton avion est très luxueux mais je préfère ma caravane.

(4) Comment tu t'appelles ? J'ai réalisé que je ne t'avais pas encore demander.

(5) Quel âge as-tu ?

The price of freedom ( En réécriture (9/39))Où les histoires vivent. Découvrez maintenant