Chapitre 24 : Saskia

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Assis autour d'une table en formica jauni par les années, je souriais à pleines dents face à la mine circonspecte du mafieux. Ne s'attendant pas à se retrouver dans un petit restaurant bas de gamme, il faisait tout pour cacher la surprise de mon choix.

Une serveuse, qui semblait travailler dans les locaux depuis l'ouverture de celui-ci, vint à nous.

- Que puis-je vous servir ? maugréa-t-elle sans lever les yeux de son calepin de commande.

- Je voudrais un burger, cuit à point, des frites, un soda et une de ces parts de tarte que je peux voir d'ici, dis-je en pointant le comptoir.

Elle m'adressa un rapide sourire avant de reporter son attention sur l'homme face à moi.

- Et pour v... se coupa-t-elle en voyant qui se trouver là.

- Apportez-moi la même chose, grinça-t-il, contrarié.

- Ne fais pas le mec précieux, Alek, râlais-je lorsque la vieille femme se soit éloigné précipitamment, le regard affolé.

- Fait gaffe à ce qui sort de ta bouche lorsque tu t'adresses à moi, Saskia. Je suis peut-être plus conciliant avec toi mais cela ne m'empêchera pas de te punir pour ton insolence.

Je levais un sourcil en le fixant puis levais les yeux au ciel.

- Ben voyons.

- Ne me tente pas.

La tension entre nous était palpable. Électrisante.

Je me penchais, lentement, sans le quitter des yeux, par-dessus la table afin d'approcher mon visage de lui. J'étais vierge mais flirter, je savais faire.

- Quel genre de punition me réserverez-vous, Monsieur Artom ? demandais-je dans un murmure dégoulinant d'illusions.

De nouveau surpris, il leva un sourcil avant d'afficher un sourire de prédateur, se prêtant au jeu.

- Je ne suis pas sûr que vous soyez prête à en connaître les aboutissants, mademoiselle Fearson.

- Que nenni, monsieur, je suis vierge, certes, mais pas aussi innocente que vous le penser, minaudais-je.

Ses mâchoires se contractèrent.

- Qu'entends-tu par là ?

Déboussolée par son changement d'attitude, je fronçais les sourcils.

- Le jeu est fini... Quel dommage.

- Ce n'est pas un jeu, Saskia. Que voulais-tu dire lorsque tu as affirmé ne pas être aussi innocente que je le pensais ?

Je soupirais bruyamment.

- Je te rappelle que j'ai grandi auprès d'une prostituer. Je connais toutes les ficelles pour plaire et satisfaire un homme. J'ai eu droit à des gros plans dont je me serais volontiers passé mais notre caravane était trop petite pour pouvoir m'épargner cela. De plus, ma mère m'emmenait avec elle, quelques fois, sur le trottoir. Un apprentissage pour plus tard, elle disait. Je sais tout des hommes et je sais comment te rendre fou de désir si je le souhaitais.

Ses traits se tendirent.

- Tu as cherché à me rendre fou de désir pour toi depuis tout ce temps ? C'est ce que tu es en train de m'avouer ?

Nouveau soupir.

- Non. Je n'ai jamais cherché à séduire qui que ce soit. Les hommes en général, je les évite. Je ne tenais pas à être impliqué d'une quelconque manière avec un homme avant toi et après m'avoir donné la chasse, tu te permets de me catégoriser d'intrigante ! C'est extrêmement insultant, m'écriais-je plus blesser que jamais, en me levant sans plus attendre pour quitter les lieux le plus vite possible.

Je battais de trottoir de mes pas et m'apprêtais à tourner à l'angle quand une main me retint par le bras et me fit pivoter sur moi-même. Des lèvres entrèrent en collision avec les miennes. Alek me força à entrouvrir les lèvres pour s'introduire en moi de façon délicieuse et experte. Mes jambes devinrent flageolantes, si bien qu'il dut me tenir par la taille d'un bras pour m'éviter de tomber. Il n'y avait pas à dire, cet homme savait ce qu'il faisait. Il se détacha de moi.

- Ne pars plus jamais seule. Je t'ai déjà dit que s'était dangereux, mon ange.

- Ne m'insulte plus jamais dans ces cas-là.

- Marché conclu, consentit-il gravement.

J'allais pour ouvrir la bouche pour confirmer, à mon tour, que je pouvais accéder à sa demande, lorsqu'une forte détonation se fit entendre non loin de nous.

Greg et d'autres gardes du corps du mafieux se mirent, soudainement, à nous entourer. Puis tout se passa lentement. La panique m'étreignait si douloureusement que je me laissais tomber au sol, lorsque Alek s'effondra au sol, la poitrine ensanglantée, les yeux clos. Je hurlais à l'aide. Je pleurais toutes les larmes de mon corps. Je maudissais la personne qui venait de tirer sur mon mafieux.

Greg mit sa main sur mon épaule, dans l'espoir de me calmer.

- Une ambulance arrive. Il respire Saskia. Il va vivre. Il est fort, ma belle. Ce n'est pas de cette manière qu'on peut tuer un Artom, tenta-t-il de me rassurer alors que les sirènes de l'ambulance s'entendaient au bout de la rue.

Avant que les urgentistes ne soient sur place, je me levais, le regard grave et m'adressais à tous les hommes présents.

- Greg et Junie, vous nous suivez jusqu'à l'hôpital et vous garderez la porte de sa chambre. Personne n'a le droit d'y accéder tant que nous n'aurons pas établi un rapport détailler de leurs antécédents. Jurt, appelais-je le concerné ; tu es en charge de me tenir au courant de l'évolution de l'enquête. Trouvez-moi ce salopard. Je le veux. Compris ? gueulais-je dans une rage incandescente et destructrice.

Tous acquiescèrent sans piper mot.

Les ambulanciers apportèrent les premiers soins à l'homme avant de la mettre sur une civière et l'embarquer dans le camion.

- Vous êtes ? demande l'un d'eux lorsque je m'installais près d'Alek.

- En quoi cela vous regarde ?

- Si vous n'êtes de la famille, vous ne pouvez pas monter.

- Et moi, je te dis que tu vas fermer ta gueule. Et je te conseille de ne pas le perdre, menaçais-je en ayant l'impression de perdre mon humanité, en montrant Alek ; Occupes-toi de lui et lâche moi les basques.

La peur me conduisit à devenir ce que j'avais toujours haïs. Un monstre sans état d'âme. Je me découvrais plus attacher que je le pensais de l'homme qui m'avait forcé par chantage, de le suivre dans ce pays inconnu. Le syndrome de Stockholm me guetter dangereusement.

Sachant qui était l'homme, l'urgentiste pâlit sous ma menace sous-jacente. J'étais à cran et légèrement irritable, ce qui me valut la paix, tout le chemin menant à l'hôpital.

The price of freedom ( En réécriture (9/39))Où les histoires vivent. Découvrez maintenant