Chapitre 5 - Retrouver dans un sourire toutes les lois de l'univers

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A quelques centaines de mètres de là, Alice, épuisée, rebroussait chemin. A bout de souffle, elle s'arrêta et s'essaya sur un banc non loin du LONDON PALACE. De sa place, elle pouvait voir la foule toujours présente devant les portes de l'hôtel. Puis, intriguée par des hurlements qui étaient plus bruyants qu'auparavant, la jeune fille prêta attention à tout ce qui se passait autour d'elle. La rue menant à l'hôtel était étonnamment vide. Mis à part les nombreux fans entassés devant le bâtiment où elle vivait depuis son enfance, la rue était déserte. Ou presque.

Elle pouvait apercevoir de l'autre côté de la petite route une silhouette encapuchonnée mais celle-ci ne l'inquiétait pas. Au contraire, cette silhouette, qui semblait être celle d'un jeune garçon, était plutôt fébrile.

Une goutte d'eau s'écrasa sur une des  pommettes de la jeune fille. Alice se redressa, regardant le ciel. Il était gris ; il commençait à pleuvoir. Mais contrairement à la majorité des gens, la jolie blonde adorait la pluie. Elle ne voyait pas ce qu'il y avait de triste ou  déprimant. Même si elle avait étudié le cycle de l'eau en classe un millier de fois, elle resté fixait sur son idée et fasciné par les temps pluvieux. Pour la jeune Alice, l'eau tombait miraculeusement du ciel. Miraculeusement.

Apparemment les fans entassés devant le LONDON PALACE n'étaient pas du même avis que la jeune blonde puisque la majorité recula pour se mettre à l'abri de l'autre côté de la route. Alice observait au loin la masse s'effriter. Quelques filles devaient en avoir marre d'attendre puisqu'elles semblaient rentrer chez elle, se protégeant les cheveux à l'aide de leurs pancartes.

Alice se fichait de tout ça. La jeune fille détacha sa chevelure et s'avança sur la route bétonnée, ouvrant ses bras en croix. La tête en arrière et les yeux fermés, elle tournait lentement sur elle-même. La pluie fine recouvrait son joli visage et des milliers de frisons la parcoururent. Elle souriait ; la pluie avait fait taire les fans. Alice se sentait bien.

Jusqu'à ce qu'un cri aigue la sorte de ce rêve éveillé. Alice reprit ses esprits cherchant d'où provenait le hurlement. Une fan d'à peine quatorze ans se trouvait à quelque mètre d'Alice, l'adolescente tenait une énorme pancarte en carton ou était inscrit de toutes les couleurs « Harry, marry me ! ». Alice détailla un instant cette fan à la voix perçante ; Elle avait une longue chevelure brune qui lui tombait sur les hanches et l'adolescente était bien plus maquillée qu'Alice, bien trop maquillée, même. Alice se demandait où pouvait être les parents de cette fille.

Mais à nouveau, le cri dérangeant de l'adolescente sortit la jeune femme de ses pensées. Cette fois, Alice essaya de comprendre. La jeune fille brandit sa pancarte et s'écria en montrant du doigt la silhouette encapuchonnée qu'avait remarquée la jolie blonde auparavant :

-          Il est là ! Harry, c'est moi ! Je t'aime, hurla la jeune fille suivit pas une dizaine d'autres fans.

La silhouette s'éclipsa en courant dans une petite ruelle sombre et réapparue quelques secondes plus tard  à la sortie d'une autre ruelle sous les cris stridents des fans. Cette personne, tentait d'échapper aux jeunes filles hystériques et Alice était impuissante face à ce spectacle.

Puis ; un éclair, une lueur vive, un flash, une révélation. Ça ne se passerait pas comme ça. La jeune femme ne pouvait pas concevoir qu'on puisse s'immiscer à ce point dans la vie de quelqu'un et lui pourrir ainsi l'existence.

Alice reprit sa course, se dirigeant à l'opposé de la ruelle que venait de prendre la fameuse silhouette. Elle s'arrêta à son poste attendant l'arrivée du jeune homme. Lorsqu'il apparut, la jeune femme vit que le garçon était perdu, intérieurement.

Soudain, le jeune homme aperçu à son tour la jolie blonde et s'arrêta dans sa course. « Je suis encerclé », pensait-il. Il prit une grande inspiration et sourit à la jeune femme. Alice ne comprenait pas. Elle ne voyait plus son trouble. Non, à présent, elle le sentait. Le garçon s'approcha d'elle et lui lança : « Qu'est-ce que tu veux ma jolie ? Un autographe ?  Une photo ? » laissant la jolie joggeuse dépitée.

-          Je ne suis pas là pour ça, répondit la jeune fille étonnée du changement de comportement de son interlocuteur. Avant ce midi, je ne savais même pas qui tu étais, ajouta Alice en scrutant les environs. Alors...

-          De quoi tu me parles, toi ? Tout le monde sait qui je suis, je suis célèbre dans le monde entier, cracha le jeune homme en coupant la jeune Alice.

-          C'est bien toi, Harry ? le questionna rapidement la jeune fille voyant quelques fans courir dans leur direction.

Le garçon ne répondit pas. Il dévisageait la jolie blonde avec mépris jusqu'à ce que les fans hurlent à nouveau son prénom. En un instant, Alice attrapa le poignet du jeune homme et lui lança :

-          Prépare-toi à courir.

Le garçon n'eut pas le temps de réagir, il était déjà entrainé dans la course de la jeune fille. Ils coururent une centaine de mètres sous la pluie et arrivèrent devant un tout petit portail en bois. Alice lâcha le bras du jeune homme et sauta par-dessus le portillon. Le jeune homme hésita un instant  regardant la misérable cour dans laquelle Alice l'emmenait. Puis son regard se posa sur la jeune fille, il n'arrivait pas à juger si il pouvait lui faire confiance ou pas. Il hésitait, cela ne dura que quelques secondes et pourtant ces insignifiantes secondes lui parurent une éternité. Il entendit à nouveau des cris derrière lui. Le jeune homme se retourna, guettant le danger. Puis il fit à nouveau face à la jolie blonde. Que faire ? Se méfier ou avoir confiance ? La suivre ou la fuir ?

Trop de questions, trop de pensées s'entrechoquaient dans la boîte crânienne du jeune brun. Agacé pas les hurlements qui se rapprochaient, il ferma les yeux un instant. Lorsqu'il les ouvrit, il vit la jolie blonde, trempée, lui tendre la main.

En un éclair il comprit ; c'était évident. Bien sûr qu'il devait la suivre. Il sauta par-dessus le petit portail et attrapa la main de la jeune femme dont il ignorait encore le nom. Elle le mena devant une grande porte en fer qu'elle poussa de toutes ses forces puis le fit entrer avant de referma la porte à double tour derrière elle. Le jeune homme regarda autour de lui, retirant sa capuche. Il ne savait pas où il était. L'immense pièce anormalement meublée était déserte.

-          Le service est finit à cette heure, c'est pour ça qu'il n'y a personne.

Le jeune homme se retourna pour faire face à la jeune femme. Elle essorait ses cheveux dans un évier tout en souriant. Puis elle ajouta, prenant un air drôlement sérieux :

-          Les cuisines de l'hôtel. Bienvenue au LONDON PALACE !

Surprit, le jeune homme ne savait pas quoi dire. Il s'approcha de la jolie blonde et lui tendit la main comme pour faire la paix et la remercier. Alice, qui n'était pas rancunière, accepta volontiers, oubliant l'agressivité dont il avait fait preuve quelques minutes plus tôt. Souriant de toutes ses dents, le jeune homme se présenta pour rappeler les poignées de main traditionnelles :

-          Moi c'est Harry !

-          J'ai cru comprendre, répondit la jeune fille en riant.

Harry voulu répliquer, lui demander son nom, ce qu'elle faisait ici mais la mystérieuse blonde était déjà sorti des cuisines. Le jeune homme regarda autour de lui ; les portes battantes se tortillaient encore. Déduisant le chemin qu'avait pris la jeune femme, Harry la suivit, n'ayant pas d'autre choix, puisqu'il ne savait pas comment regagner le hall de l'hôtel.

Mais l'envie de la retrouver ne manquait certainement pas.

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