Une insomnie de plus, au cours d'une nuit qui semble infinie. « Que faire ? » se demandait-elle. C'était une nuit sans air, une nuit de pleine lune. L'atmosphère était lourde et étouffante dans la chambre sombre d'Alice. Le réveil posé sur la table de nuit indiquait qu'il était plus de trois heures du matin et seule la jeune femme était éveillée. Seule, ou presque.
Ses yeux bleus traversèrent l'esprit de la jeune femme en un éclair. La jolie blonde sortit de son lit, de sa chambre et enfin de sa suite. Dans le couloir, il n'y avait pas un bruit. L'ambiance était pesante pour la jeune femme. Inconsciemment, elle laissa ses pieds la menait jusqu'au troisième étage.
Inconsciemment ? Sûrement pas.
Elle entra dans la suite 315 puis, sans faire de bruit, elle se rendit jusque dans la chambre. Harry était agité, une nouvelle fois. Il se tordait dans tous les sens, exprimant sa souffrance. Depuis déjà un trop long moment, le jeune bouclé avait l'impression d'être le seul à avoir mal, à souffrir, d'être le seul à ne pas être heureux. Mais c'était faux. Quand le cœur se tord, une solitude accablante s'installe puisqu'il est alors impossible d'imaginer que quelqu'un d'autre puisse souffrir autant. Cependant, il lui suffisait de batailler encore un peu, de retrouver son courage. Il lui suffisait d'avoir un peu d'aide, aussi.
La jeune Alice s'approcha du lit de Louis. Il ne dormait pas. Il était redressé, adossé à la tête de lit, attendant que ça passe, qu'il aille mieux. Attendant un miracle.
La jeune femme esquissa un sourire à son aîné et lui tendit un pass.
- Va dormir, je t'offre la 218.
Le brun ne répondit pas, il jeta un regard vers son meilleur ami, hésitant.
- Je m'occupe de lui, je te le promets, le rassura Alice. Il faut que tu dormes, toi aussi. Tu n'iras pas mieux sans ça, Louis.
Les yeux bleus débordant de reconnaissance du jeune homme vinrent se poser sur la jeune femme. Le plus âgé afficha un léger sourire, signe qu'il acceptait. Il sortit difficilement de son lit, le pauvre garçon était épuisé.
Lorsque la jeune Alice entendit la porte se refermer derrière son aîné, elle s'approcha d'Harry. Le garçon se remuait dans son lit, essayant d'échapper à sa bête noire. Il semblait avoir dû mal à respirer, avait le teint livide et était trempé de sueur. « Il fait peur à voir » pensa la jolie blonde.
Puis, d'un élan incertain, elle s'avança jusqu'au pied du lit et lui chuchota quelques mots doux. La jeune femme caressait les cheveux bouclés du garçon tandis que celui-ci se calmait.
Mais ça ne suffisait pas. La crise de panique était trop importante. Le jeune homme tremblait toujours et son rythme cardiaque s'emballait encore. Alors instinctivement la jeune femme grimpa sur le lit, prit le garçon dans ses bras et le serra de toutes ses forces. La pression qu'exerçait la jeune Alice sur le corps d'Harry calmait son pouls. Elle continuait de le serrait contre elle, le plus fort qu'elle pouvait et son rythme cardiaque ralentissait. Son souffle retrouvait un peu de régularité. Ses muscles se relâchaient. L'orage s'éloignait.
Le jeune homme s'était calmé mais ne s'était pas réveillé pour autant, sûrement trop épuisé. Alors inconsciemment, Harry dormit dans les bras de la belle Alice. Alice secouée, mais surtout ; Alice débordante d'amour.
Emmitouflés dans la profondeur de la nuit, c'est entre deux caresses le long du visage parfait du bouclé que la jeune femme la vit. Elle était là, au coin de son œil. Et lorsqu'elle coula le long de sa joue, elle balaya le voile trop parfait qui recouvrait le visage d'Harry.
Une larme. Bienfaitrice. Mais surtout ; Salvatrice.
