Il y a un moment à chaque aube où la lumière est comme en suspens ; un instant magique où tout peut arriver. La création retient son souffle. C'est assez semblable à ce moment au réveil, où vous êtes comme dans un autre monde. Vous ne dormez plus mais vous n'êtes pas encore totalement éveillé. Les paupières closes, vous sentez, tout en douceur, la chaleur du monde parvenir jusqu'à vous.
La jeune Alice entrait, à l'instant, dans cet autre univers. Encore à demi endormie, les différentes sensations revenaient à elle : Son corps, installé confortablement sur le gigantesque matelas. Une plume, qui lui chatouillait le nez. Puis, les souvenirs de la veille. La bataille d'oreillers. Les éclats de rire. Les blagues de Louis.
Là, maintenant, lovée dans ses bras, elle était si bien. Doucement, elle s'éveilla un peu plus et ses sens reprirent leur fonctionnement. Son odeur. Son bras autour d'elle. Si bien... Alice se nicha inconsciemment un peu plus près de lui, encore. Elle sentit une délicate caresse sur son visage ; lui aussi était en train de doucement s'éveiller afin de reprendre le contrôle de ses sens.
Il avait toujours les yeux fermés mais il ne dormait plus. La tête dans les étoiles, il pensait au fait qu'il avait passé une très bonne nuit et cette pensée le fit sourire. Ainsi son visage frôla ses doux cheveux. Il la sentit se serrer un peu plus près de lui. Et, dans une autre dimension, parfaitement guidé par son subconscient, il caressa doucement son visage. Si bien...
Puis, c'est généralement le choc. En un éclair, la réalité vous heurte violement et vous comprenez que le rêve est finit, que la vie reprend son cours.
Normalement. Ou non.
Son odeur. Son bras. Son corps.
Ses cheveux. Son visage.
Une lueur vive ; un éclair. C'est le choc.
Alice ouvrit brusquement les yeux et vit son ami Louis paisiblement endormit en face d'elle.
Il fit soudainement face à la réalité et vit ses cheveux blonds. Puis, il sentit son petit corps se crisper entre ses bras. Oui, Alice était dans ses bras et il la serrait contre elle. « Non mais c'est quoi cette merde ? » pensa-t-il sans bouger.
S'ils savaient...
Alice baissa lentement ses yeux vers son bras. Doucement, elle affronta la réalité et le bronzage si particulier du garçon. Son métissage. « Non, non. Pas ça, je vous en prie... » supplia-t-elle en silence.
Le silence. Aussi accablant soit-il.
Elle et Zayn. Elle et Zayn. Elle et Zayn. Lui et Alice. Lui et Alice. Lui et Alice. Non.
La situation devint vite ingérable, incompréhensible et déchirante. Encombrante, gênante et étouffante. Complètement encrée en eux.
Funambules. Beaucoup d'entre nous marchent au-dessus du vide. Le dérapage est inscrit potentiellement dans chaque pas. Chaque souffle.
A les voir ainsi, l'incertitude propre à la jeunesse semblait particulièrement marquée. Les frontières s'étaient effacées, volatilisées pendant la nuit. « cette inoubliable nuit d'été »
Et maintenant, que faire ? Se sortir de là.
Jusqu'à présent aucun d'eux n'avaient osé bouger. Les autres garçons autour d'eux semblaient encore parfaitement endormis. « Se sortir de là. » Zayn retira son bras avec toute la lenteur possible, comme si il détenait une bombe susceptible d'exploser à tout moment. Puis, il vit Alice se dégager de son étreinte tout aussi lentement.
