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- Nous entrons dans la troisième partie du deuil, le marchandage, commence le psy en marchant en rond. On veut retrouver notre vie normale, notre vie « d'avant » et on est prêt à changer pour que cela arrive. Il s'agit d'une autre forme de déni de la réalité. Bien qu'on ne croie pas réellement au retour du défunt, on imagine que si on avait agi autrement lors de tel ou tel événement, le décès ne serait pas arrivé. La culpabilité nourrit aussi cette étape.
Il marque une pause et nous regarde chacun notre tour.
- Peu-importe les circonstances de la mort, ce n'est pas de votre faute. Je veux que vous me le répétiez.
- Ce n'est pas de notre faute, répètent-ils.
- Kylian ? Tu veux bien me le répéter ? me demande t-il voyant que je n'ai pas obtempéré
- Non, hochais-je la tête négativement.
- Et pourquoi "non" ?
- Parce que. Parce que, c'est de ma faute.
- Qu'est-ce qui te laisse croire que c'est de ta faute ? Pourquoi tu te persuades que c'est de ta faute ?
- Parce que... ça l'est.
Il marque une pause ne sachant pas quoi dire. Je n'aime pas cette situation. C'est un groupe de parole et pourtant j'ai l'impression d'être le seul à avoir la parole.
- Très bien, reprend t-il les bras croisés. Ferme les yeux, oublie ce qui t'entoures. Tu sens ton corps devenir léger, tu te laisse emporter...
J'obtempère, pas très sûr que l'hypnose soit le meilleur remède.
- Penses seulement à ce jour là. Tu es le neuf juin, jour de la mort de ta femme... Et qu'est-ce qu'il se passe ? Où es-tu ? Avec qui ? Quel est le sentiment que tu ressens ?
- Je suis... je suis dans la voiture. Avec ma femme. Et... j'ai l'air heureux, oui je l'étais puisque nous nous rendions en week-end pour célébrer nos six ans de mariage, répondis-je alors que les images défilent sous mes yeux.
- Et qui conduit ?
- C'est elle, répondis-je après hésitation. Oui, c'est elle qui conduit.
- Comment se sens ta femme ?
- Bien, elle est autant heureuse que moi... Elle gueule les paroles de Yummy.
- Pourquoi tu es là Kylian ? Pourquoi tu es revenu sur ce souvenir là ?
Je déglutis.
- Parce que... c'est là qu'- qu'elle est... morte, prononçais-je avec difficultés.
- Tu étais donc avec elle lorsque ça s'est produit ?
- Oui..., avouais-je aux bords des larmes.
- Comment ? Comment elle est morte Kylian ?
- Non... arrêtez. S'il vous plaît, pas ça, sanglotais-je en revoyant les images.
- Je veux que tu repenses à ce moment précis, que tu visualises la scène. Qu'est-ce qu'il se passe ?
- Non, pas ça, non ! criais-je en m'agitant
Mes pieds tape contre le sol, mon corps s'humidifie et mes larmes se multiplient alors qu'on avance de plus en plus vers le moment fatidique.
- Qu'est-ce qu'il se passe, Kylian ?
- Non ! Pas ça ! Arrêtez ça ! Je ne veux pas voir ça ! Non ! je crie toujours en sanglotants alors que je sens des gouttes de sueur couler sur mon front
Je tape sur tout ce qui est à ma portée pensant désespérément que cela va m'empêcher de revivre ça une nouvelle fois.
- Mais arrêtez ça ! Vous voyez bien qu'il en souffre, crie un des patients.
- Victoria ! Non ! hurlais-je alors que la voiture fonce dans l'arbre brisant le par brise et dévoilant l'air bag
- Et top ! Réveillez-toi ! m'ordonne le psy
Les yeux écarquillés, les mains qui agrippent les accoudoirs tellement fort que j'en perds la circulation sanguine et le t-shirt mouillé par ma sueur, je prends de grandes inspirations tentant tant bien que mal de reprendre mon souffle.
Je suis en pleine transe. Je manque d'air. Ma gorge me brûle tant elle est sèche et j'ai du mal à remplir mes poumons d'air.
- Calme toi, Kylian. Inspire, puis expire, me conseille le psychologue en se mettant à mon chevet. Revenez moi de l'eau s'il vous plaît.
Alors que je tente de reprendre ma respiration, les images tournent en boucle dans ma tête et je revois sa tête cognée contre la vitre et son corps voler dans la voiture.
- Pourquoi est-ce que tu te mets dans des états pareils, Kylian voyons !
- Parce que... c'est-c'est de ma faute, répondis-je avec difficultés.
- Mais bien sûr que non ! Tu me l'as dis toi même, c'est elle qui conduisait.
- C'est à cause de moi tout ça..., répétais-je en pleure.
- Kylian ? Tu veux bien répéter après moi ? Ce n'est pas de ma faute.
- Ce... ce n'est pas de ma faute.
***
j'hésite entre une fin heureuse ou non, vous en pensez quoi ??
