Chapitre 9 : Protection Obscure

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[Elvira]

Le silence régnait en maître sur le petit jardin.

La seule chose qui résonnait ici bas, c'était le tintement léger de la porcelaine, le vent qui soufflait dans les feuilles des arbres, et les respirations courtes des personnes réunit dans le jardin. Si je demeurais à peu près calme, ce n'était guère le cas des trois autres sorciers : Lucius et Severus se regardaient en chien de faïence, tandis que Narcissa, les lèvres pincés, fixait sa tasse de thé. 

" - Tu dis que tu as rencontré ma fille dans un hôtel de passe. répéta finalement la chauve-souris des cachots
- en effet."

Je sentis mes épaules tressaillir en sentant son regard sur moi et je fermais un instant les yeux : je ne peux changer le passé, et il aurait finit par le savoir de toute manière. Je devais assumer mes choix. Je pris une profonde inspiration et rouvrit les yeux vers lui.

il est déçu et contrarié, ça se voit... Comment lui en vouloir ?

" - c'est la vérité, papa... soufflai-je en le regardant, j'étais...employée au Lord, en tant que dragon noir. J'y ai rencontré Lucius peu après sa sortie de prison..."

Je vis sa mâchoire se contracter alors qu'il ne me lâchait pas des yeux, et j'eus énormément de mal à ne pas détourner les yeux. Il était vraiment, profondément déçu de moi, parce qu'à ses yeux rien ne justifiait le fait de tomber suffisamment bas pour atterrir dans la prostitution même de luxe. Le pire, c'est que je comprenais très bien ce qu'il ressentait... puisque c'est ce que moi je ressentais face à cela. J'étais moi-même déçue de mon propre comportement, de mon défaitisme, et de ma lâcheté. 

Ce qui est fait, est fait, Elvira... à quoi bon se torturer sur quelque chose qui ne peut être changé ?

je serrai les dents en passant une main sur ma tempe, essayant de rester discrète sur la migraine que cette voix me causait dès qu'elle parlait. Hélas, mon père me connaissait trop bien : il me fixa en fronçant les sourcils, se redressant légèrement sur son siège.

"- qu'y a-t-il Elvira ?
- je... rien, tout va bien... soufflai-je en me redressant, le regard fuyant
- Elvira. dit-il sèchement en me fixant, qu'est-ce que tu as fait ?"

Je ferme les yeux en prenant une inspiration, réunissant mes forces, et je me redressai alors, posant mon regard vert dans le sien.

" - j'ai fait ce que je devais faire pour survivre... ni plus, ni moins. "

la voix ricana en moi, et je serrai les dents sans lâcher mon père des yeux... son regard s'assombrit soudainement et son visage se fit grave.

"- tu n'as pas fait ça... souffla-t-il"

je fermais les yeux et baissa la tête un instant, avant de me reprendre et de l'affronter, le coeur serré. Si.. si je l'ai fait. 

"- je l'ai fait, pour me protéger.
- te protéger de quoi ?
- de lui, papa. il avait appris mon existence"

Jamais de ma vie je n'avais vu Severus Snape aussi blanc. Pourtant je ne me démontais pas : je devais aller au bout.

"- il me traquait, en personne. j'ai eu besoin... d'aide. Pour me protéger de lui et de sa magie. alors oui... j'en ai invoqué un
- de quoi diable parlez-vous ? finit par s'impatienter Narcissa
- d'un Belir. murmura mon père"

Un silence suivit, les Malfoy le regardant comme s'il avait déclaré avoir envie de porter une cape rose bonbon.

"- un quoi ?
- c'est un esprit des ténèbres, Lucius. complétais-je, une sorte d'elfe obscure. la particularité des Belir, c'est qu'en suivant... un certains rituel... on peut faire en sorte qu'il devienne volontairement le serviteur et le protecteur d'un sorcier. c'est une sorte de contrat. Plus tu es puissant, plus tu peux prétendre à avoir à tes côtés un elfe obscure puissant. Au vu de la situation dans laquelle j'étais, je n'ai pas eu le choix.
- tu oublies peut-être de préciser le prix que demande un bélir. 
- ... un pacte de sang, oui.
- si tu manques à ta parole, alors tu mourras. siffla mon père
- je sais.
- que vous a-t-il demandé ? demanda Lucius"

Je frissonnais alors que mes lèvres articulèrent une phrase automatique, une phrase magique, que je ne pouvais ni retenir ni changer. Une phrase qui trahissait la présence de cette fée à mes côtés

"- mes lèvres sont scellées."

Mon paternel tapa brusquement du poing sur la table en lâchant un juron presque silencieux

"- il a mit une close de confidentialité dans sa demande."

je me contentai d'hocher la tête pour toute réponse. 

"- Quel.. genre de protection t'offre cette créature."

Je posais aussitôt un regard venimeux sur mon interlocutrice qui me fixait, les lèvres pincées. Je savais très bien pourquoi elle me posait la question. 

"- je devine votre pensée, Madame Malfoy. murmurai-je d'un air mauvais, oui, il me donne une immunité face à la magie des sorciers : je ne crains pas les sorts, et les potions marchent difficilement sur moi, raison pour laquelle j'ai encore un oeil au beurre noir et toutes coupures que votre adorable soeur m'a infligée"

Je me levais, menaçante, la dominant à présent de ma taille.

"- j'avais de la compassion pour vous, Narcissa Malfoy. Vraiment. Mais après ce que vous m'avez fait..... non non, je ne ressens plus aucune compassion, plus aucune pitié pour vous. A vrai dire je comprends maintenant pourquoi votre époux a ressentit le besoin de s'évader au Lord : vous êtes pire qu'Azkaban."

Verte de rage, l'aristocrate se leva avec un regard noir de colère. je fis un geste à mon père et Lucius pour ne pas qu'ils interviennent : c'est entre elle et moi. 

"- espèce de petite...
- sotte ? pute ? allez y terminer votre phrase... susurrai-je en m'approchant d'elle, vous n'êtes rien ma petite Narcissa. Votre venin ne m'atteindra jamais."

Elle tremblait de haine en me regardant. Etait-elle destabilisé par mes paroles ? sans doute un peu, mais ce qui la paralysait véritablement c'était ma seule présence : elle ne pouvait pas me supporter je le savais. On était face à face, silencieuses, mais pourtant proche de l'explosion.

Narcissa céda la première : elle voulu me gifler, mais je me contentai d'afficher un sourire moqueur et mauvais lorsqu'elle vit avec horreur une main obscure et terrifiante sortir de mon ombre et saisir son frêle petit poignet.

Allons allons, ma dame... voilà une attitude bien indigne d'une aristocrate anglaise... 

L'Ombre De La Magie [TERMINE][LUCIUS MALFOY]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant