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Ça fait déjà une semaine que l'on a repris les cours, et je déteste déjà cette année. Quelle idée j'ai eu de mater Enaël le jour de la rentrée ! Depuis, il ne fait que me regarder, et ça me met terriblement mal à l'aise. Certes, je suis content que quelqu'un se soit enfin rendu compte de mon existence, mais j'aurais préféré que ce soit quelqu'un d'autre, et dans d'autres circonstances.

- Ron', m'appelle Kenzo en me donnant une petite tape sur le bras, je te parle ! Tu m'écoutes ou pas ?

- Pas vraiment, désolé.

Il soupire, et se laisse tomber en arrière sur mon lit.

- Si tu savais comme tu es chiant, me dit-il. Tu penses à quoi ?

Je lui réponds par un haussement d'épaules, ce qui le fait grimacer.

- Tu penses à un garçon ? reprend t-il. Oh, je sais. Le super beau Enaël ?

Un petit sourire apparaît sur mes lèvres, et je n'arrive pas à le dissimuler. Mon frère se met à rire tandis que je lui tire la langue.

- C'est bon, arrête de te moquer !

- Mais je ne me moque pas ! se défend t-il. Je trouve ça mignon.

Je roule des yeux, mais il s'assoit en tailleur sur mon lit, en face de moi.

- Je ne plaisante pas ! continue t-il. Vous iriez trop bien ensemble ! Mais si tu veux avoir une chance, il faudrait que tu sortes le balai qui est coincé dans tes fesses, et que tu ailles lui parler.

- Je lui ai déjà parlé.

- Gentiment, reprend t-il.

Je roule des yeux, et il m'ébouriffe les cheveux en riant.

- Aller grand frère, tu réussiras bien à draguer un jour ! me lance t-il, en riant toujours.

Je lui tire la langue, avant de me lever de mon lit. J'attrape mes affaires de travail et sors de ma chambre, ce qui le fait râler. Je descends rapidement les escaliers, et me dépêche d'aller jusqu'à l'épicerie. J'ai préféré couper court à ma discussion avec Kenzo avant qu'il ne se mette à me parler de choses dégoûtantes. De toute façon, j'allais devoir partir dans dix minutes, alors... Au moins, je serais en avance.

J'entre dans le petit magasin, et souris à Paul, mon patron, avant d'aller me changer dans l'arrière-boutique. J'enfile mon ensemble de travail, qui se résume a une chemisette et un pantalon blanc, surmontés d'un tablier marron, marqué du logo de l'épicerie. Une fois habillé, je sors de la remise les bras chargés de babioles, et je commence à réapprovisionner les différents rayons. Je suis le seul employé de Paul, et quand je ne suis pas là, c'est lui qui doit s'occuper de tout.

- Alors, comment vas-tu ? me demande celui-ci. Ta journée s'est bien passée ? rajoute t-il en haussant la voix.

- Oui, ça va. Et vous ?

- Oh, comme d'habitude, répond t-il. Comment va Lya ? Elle a réussi son dernier examen ?

Je souris, et lui parle de ma petite sœur. Lya a déjà sept ans, c'est l'avant-dernière de notre petite famille. Elle est précoce, et elle adore venir avec moi pendant mes heures de travail. Elle en profite pour parler avec mon patron. Heureusement que ces deux-là s'entendent bien... Même si je les ai déjà surpris en train de se faire des messes basses. Je suis sûr qu'elle lui parle de moi en cachette.

- Bonjour ! nous coupe quelqu'un. Je viens chercher des bougies pour Ferrari... Vous en avez ?

- Je ne pense pas... Peut-être dans la remise, lui répond Paul. Ronald, tu peux aller voir ?

- Je m'en occupe ! je lâche.

Je pars dans l'arrière-boutique, et je cherche pendant un moment. Je ne sais pas pourquoi il a besoin de bougies pour sa voiture, mais bon. Je lui prends un lot de cinq, non parfumés, et je sors pour aller les donner au client.

- Ten-, je me coupe en voyant Enaël, qui me regarde les sourcils haussés, avant d'éclater de rire. Qu'est-ce qu'il y a ?

- J'ai besoin de pièces détachées, pas de bougies parfumées ! me lance t-il, entre-deux éclats de rire.

Je me mets à rougir, et je baisse la tête. Je n'y connais strictement rien, en voiture. Je me tape encore la honte, mais lui, ça le fait rire.

- Ronald, tu peux l'emmener voir dans l'arrière-boutique ? me demande Paul.

Je hoche la tête, avant de faire demi-tour et d'aller dans la remise, suivis du brun. Je m'écarte du passage, je le laisse entrer, et il regarde autour de lui, un peu perdu.

- C'est où ? me questionne t-il.

- Bah je sais pas, cherche, je lui réponds, un peu froidement.

- Ça ne va pas ? dit-il en fronçant les sourcils, et se mettant à me regarder fixement.

Je hausse les épaules, et détourne le regard. Pourquoi il ne me lâche pas des yeux ? Il est vraiment bizarre. Il n'aura plus intérêt à se moquer si jamais je le mate, parce que ce qu'il fait est tout aussi gênant.

Je sursaute en sentant un truc sur ma joue, et je rougis en me rendant compte que c'est sa main. A quoi est-ce qu'il joue ?

- Q-Qu'est-ce que tu fais ? je lui demande, alors qu'il rapproche son corps du mien.

Il vient s'appuyer contre moi, me pressant contre le mur. Je rougis encore plus qu'avant. Il caresse doucement ma joue, et pose son autre main sur ma hanche. Je ne sais pas pourquoi je ne bouge pas. Je n'y arrive pas.

- T'as de beaux yeux, tu sais ? me dit-il.

- C'est la pire technique de drague du monde, tu sais, je lui réponds.

- Peut-être, mais ça marche. Il marque un petit moment d'arrêt, avant de répondre. Et puis, tu es déjà à moi.

- Alors là, jamais ! je m'offusque.

- C'est pas ce que me montre Mini-Ronald, rajoute t-il en désignant mon entrejambe du menton.

- Mets le toi où je pense, ton Mini-Ronald, dis-je en le repoussant.

Il cligne plusieurs fois des yeux, avant de se mettre doucement à sourire. Il se passe une main dans les cheveux, tandis que j'arrange mon tablier.

- Donc, tu me repousses ? me demande t-il.

- Bien sûr que oui.

- Tu sais... continue t-il, je crois que je t'aime bien.

Il me fait un clin d'œil, et sort de la remise. Je roule des yeux, et prends un petit moment pour me remettre les idées au clair.

- Quelle grosse andouille, me dis-je.

Je finis par retourner dans la boutique, et mon patron me regarde en souriant.

- Tiens, me dit-il en me tendant un billet. Un petit pourboire, de la part de ton ami.

- Ce n'est pas mon ami, je marmonne, en le regardant partir à travers la vitrine.

Et si on s'aimait [BXB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant