Et si on s'aimait [BXB]

7. 🖥

- Oui oui, m'assure t-il, pas de problèmes. Je sais.

Enaël hoche vigoureusement la tête, tout en souriant. Je lui ai bien expliqué que j'accepte de jouer à son jeu, de faire comme si on était réellement en couple, mais que je fais ça juste pour lui faire plaisir.

- Et surtout, je commence, pas de...

- Pas de sexe, me coupe t-il. Je sais, petit cœur.

Il me sourit encore plus, et m'attire dans ses bras pour m'embrasser. Je rougis un peu, mais je ne réagis pas. À vrai dire, je ne sais pas comment embrasser quelqu'un... Ça ne m'est jamais arrivé. Je n'ai aucun ami, alors un petit ami ? Même pas dans mes rêves les plus fous.

- Je suis content de ta décision, rajoute t-il. Ça te servira. Tu vas apprendre deux ou trois trucs.

- Comme quoi ?

- Déjà, comment embrasser.

Je hausse les épaules en détournant le regard, ce qui le fait rire. Il passe sa main dans mes cheveux, avant de s'éloigner de moi.

- Ce soir, me dit-il, sois chez moi à six heure. Et prends un pyjama. Ça marche ?

Je hoche la tête, tandis qu'il s'en va en souriant. Je suis sûr que mes parents me laisseront y aller. De toute façon, étant donné qu'on est sept enfants, je suis sûr qu'ils ne verront même pas qu'il en manque un. Surtout si ce quelqu'un, c'est moi.

Je le regarde monter dans sa voiture et s'en aller, avant de rentrer chez moi. Il m'a déposé juste devant ma maison, ce qui m'a évité de faire tout le trajet à pieds. Certes, je n'habite pas très loin du lycée, mais quand même.

- C'est moi, je crie, je suis rentré !

Je monte directement dans ma chambre, m'assois sur mon lit, et me dépêche de faire mes devoirs. Je veux les finir au plus vite, pour ne pas être en retard chez Enaël. Je me concentre tellement pour ça que je n'entends même pas Lya, ma petite sœur, rentrer dans ma chambre. Je ne la remarque que lorsqu'elle se jette sur moi.

- Ronald, crie t-elle. Je t'ai eu !

Je rigole, et l'attrape pour la faire tourner dans les airs. Je la jette sur mon lit et lui fais des chatouilles, ce qui la fait rire aussi.

- Qu'est-ce que tu fais ? me demande t-elle.

- Mes devoirs, je lui réponds. Ça a été l'école ?

- Oui, c'était bien. J'ai joué avec Sarah, mais les leçons, c'était trop nul. La maîtresse veut encore nous apprendre à lire. À lire !

Je ris avec elle, tandis qu'elle me raconte sa journée. Lya est précoce, mais tant mieux. Dans une famille comme la mienne, où nos parents sont quasiment inexistants, c'est bien d'être assez mature.

Ces andouilles ne voulaient pas avoir d'enfants, mais ils sont contre les contraceptifs. Résultat, ils ont sept gosses ! Ne me demandez pas où est la logique, je n'en ai strictement aucune idée. Et en plus, pour bien nous pourrir la vie, ils nous ont donné des noms ridicules. Enfin, j'aime bien ceux de mes frères et sœurs, mais le mien... Ronald. Non mais Ronald, quoi.

- Dis, continue ma petite sœur, tu me liras une histoire ce soir ?

- Je ne peux pas, je vais dormir chez un ami. Tu pourras le dire aux autres ? Promis, demain, je te lirais deux histoires.

Je lui souris, et elle hoche la tête, contente de notre compromis. Le bon côté des choses avec elle, c'est que c'est facile de marchander.

- Tu vas chez Enaël ? me demande t-elle.

J'acquiesce d'un signe de tête, et elle me sourit avant de sortir de ma chambre, pour me laisser finir mes devoirs. Je me demande comment elle connait l'existence d'Enaël. A tout les coups, Kenzo leur a encore raconté n'importe quoi.

- Bon, me dis-je à moi-même, il est bientôt cinq heures.

Il faut que je me dépêche, car je dois être chez mon petit ami dans à peine plus d'une heure. Je termine mes devoirs en quelques minutes, puis je fonce sous la douche. Je me nettoie bien, et une fois que je suis tout propre, je me lave aussi les dents. Si jamais je dois de nouveau l'embrasser, il vaut mieux que je sente bon.

Une fois que je suis prêt, je retourne dans ma chambre pour m'habiller. J'enfile un sweatshirt mauve et un jean noir, ainsi que mes converses, et je glisse un pyjama dans mon sac de cours, avec un caleçon propre que je pourrai mettre demain. Si je dois dormir chez lui, je ne pense pas avoir le temps de rentrer chez moi avant le début des cours.

Je regarde ma montre, et fais la moue en voyant qu'il est six heure passé. Je prends toujours trop de temps sous la douche. Il faut vraiment que j'apprenne à me laver plus rapidement. Je me dépêche de sortir de la maison, avant que mes parents ne me voient, et vais chez mon... Petit ami. Je sonne en arrivant chez lui, et j'attends quelques minutes avant de le voir arriver, en jean et en tshirt, pieds nus.

- Coucou petit cœur, me dit-il en ouvrant son portail. L'heure, c'est pas trop ton truc à ce que je vois.

Je lui tire la langue en entrant, et il m'attrape par la taille pour m'attirer contre lui. Il me regarde en souriant, et son visage s'approche lentement du mien. Je le laisse faire, ne sachant pas trop comment réagir. Mais il ne m'embrasse pas, et se contente de s'arrêter à quelques centimètres de mes lèvres. Je sens son souffle sur mon visage, ce qui me fait rougir.

- Qu'est-ce que tu fais ? je lui demande.

- Je t'admire. Tu es vraiment beau, tu sais.

Je pouffe, en rougissant encore plus. Je déteste les compliments. Enfin, je les aime bien, mais ils me font agir bizarrement.

- Tu veux qu'on fasse quoi, ce soir ?

- On se regarde un film, petit cœur ? Je te laisse le choix du programme.

Je hoche la tête, et me dégage doucement de son étreinte pour qu'on puisse retourner à l'intérieur. Il va attraper froid, s'il reste dehors en t-shirt trop longtemps.

Une fois rentré, je vais m'asseoir sur un des canapé, et il vient se poser à côté de moi. Il attrape la télécommande de la télé, allume cette dernière et me laisse trouver ce qu'on va regarder. Je prends du temps à choisir, étant donné l'énorme panel de film qu'il a à voir, mais j'opte finalement pour une comédie romantique.

- J'aime bien, me dit-il. Par contre, ça te dérange si on commande des pizzas ?

- Non, pas du tout. Prends en moi une au saumon, je te rembourserai mercredi. Je n'ai pas pensé à prendre d'argent...

- Rony, tu sais bien que je te l'offre. Je pourrais te payer trois maisons, alors une pizza...

Je roule des yeux, les joues un peu rouges. Je n'aime pas quand quelqu'un paye tout pour moi... Après, je me sens redevable.

- Fais pas la tête, reprend t-il. Sois content, je suis riche.

- Et alors ? je lui demande, en fronçant les sourcils. Tu crois que je te parle pour ton argent ?

- Pour quelles autres raisons tu me parlerais ? souffle t-il. Sois franc... Je sais très bien que si demain je me réveille ruiné, tout mes amis me tourneront le dos.

- Mais je m'en fiche, de ton argent. Si je te parle, c'est juste parce que... je m'arrête, et cherche une raison à lui donner. Pourquoi je te parle, d'ailleurs ? Ah, oui. Parce que tu ne fais que me regarder depuis la rentrée.

Il rigole, et pose sa tête sur mon épaule, ce qui me fait sursauter. Je ne suis toujours pas à l'aise avec ce genre de contact.

- Bon, on se le regarde ce film, petit cœur ? me demande t-il.