6.⚘

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J'éteins mon réveil et me lève de mon lit, avant de m'étirer. Ça y est, c'est reparti pour une semaine de cours... Heureusement que je passe le bac à la fin de l'année. Au moins, je ne serais pas obligé de retourner dans ce lycée pourri.

Je pars directement dans la salle de bain pour me doucher, puis m'habiller. Une fois que je suis prêt, je vais déjeuner, tout en allumant la télé. J'aime bien regarder les dessins animés. Ces personnages qui vivent dans un monde tout beau, tout rose, où tout est possible et où ils arrivent toujours à triompher... J'aime bien.

Je mange tranquillement mon petit-déjeuner, quand j'entends mon téléphone sonner. Comme à chaque fois, je sursaute. Il sonne tellement rarement que j'oublierai presque qu'on peut m'appeler dessus.

- Allô ?

- Coucou bébé, me dit Enaël, t'es prêt ?

- Je déteste ce surnom. Et non, je mange.

- Tu préfères peut-être... il se coupe, et se met à hurler. PUTAIN MAIS ROULE, CONNARD !

Un blanc s'installe tandis que j'entends klaxonner, ce qui me fait rouler des yeux.

- Pardon, reprend t-il, tu veux que je t'appelle comment ?

- Je préfère Rony. T'es en voiture ?

- T'es pas marrant... Et oui, je suis en voiture. Je serais chez toi dans deux minutes, mon Rony.

Je lève les yeux au ciel. Il n'était pas obligé de rajouter le "mon". Il pourrait m'appeler Rony, comme il le fait d'habitude. Même si je n'aime pas ce surnom. De toute façon, je déteste même mon prénom, alors. Qu'est-ce que j'en veux à mes parents... Non mais franchement, quelle idée d'appeler son enfant Ronald ?

Enaël raccroche, et je finis de prendre mon petit-déjeuner, avant de sortir de chez-moi. Il m'attends déjà, adossé contre sa voiture, avec une fleur dans la bouche. Qu'est-ce que c'est cliché...

Il me sourit, et m'ouvre la porte côté passager, en me glissant la fleur dans les cheveux. Une fois qu'on est tout les deux installé, il démarre, et on se met en route pour aller au lycée.

- Tu sais, je commence, tu ne devrais pas conduire tout en étant au téléphone. C'est dangereux.

- D'accord, mais c'était pour te dire que j'arrivais chez toi...

- Oui, mais tu aurais pu avoir un accident. Donc, plus de téléphone au volant.

- Dictateur, marmonne t-il.

Je souris, et secoue doucement la tête. On passe le reste du trajet sans parler, en écoutant simplement la radio. Enfin, il chante quand il connait les paroles d'une chanson, ce qui me fait rire, étant donné qu'il ne sait pas du tout chanter. Mais à part ça, on ne parle pas.

Quand on arrive au lycée, il arrête le contact, et on sort du véhicule. Je m'avance pour aller en cours, mais il m'arrête en me tenant le bras.

- À tout à l'heure, mon cœur.

- À tout à l'heure...

Il me tire la langue, et me claque un baiser sur la joue, avant de me laisser tout seul pour aller rejoindre ses amis. J'ai les joues un peu rouges. Il faut dire qu'à cause de lui, tout le monde me regarde bizarrement. Ça reste gênant, même si je sais qu'il n'y a pas beaucoup d'homophobe ici. Heureusement, d'ailleurs. Grâce à ça, je n'ai jamais eu aucun problème. Enfin, c'était peut-être parce que j'étais inexistant.

Je me dépêche d'aller jusqu'à ma salle de classe, et je m'appuie contre le mur de celle-ci en attendant que les cours ne commencent.

*

La sonnerie mettant fin au cours retentit. Je m'étire et me lève de ma chaise, avant de ranger mes affaires et de sortir de la salle. Je vais dans le hall, et me dirige vers mon casier. Je l'ouvre, mais sursaute quand je suis tiré en arrière.

- Coucou !

Je mets la main sur mon cœur et reprends mon souffle, tandis qu'Enaël rigole. Il m'attire contre lui, et dépose un bisou sur mon front. Je n'avais même pas vu qu'il était sorti de la salle avant moi.

- Au fait, je lui demande, tu peux m'expliquer pourquoi t'as eu l'idée de cette action stupide ?

- Eh, c'est pas stupide ! me contredit-il. Et puis... Peut-être que ça nous mènera à de vrais sentiments.

- Ça m'étonnerait.

- Laisse moi au moins une chance, me supplie t-il.

Je ne réplique rien. On se regarde dans les yeux durant quelques secondes, et je rougis en me rendant compte que je suis toujours dans ses bras. Je me dépêche d'en sortir, ce qui le fait soupirer.

- Étant donné qu'on est en couple, il faudrait qu'on puisse s'appeler par des petits surnoms, me propose t-il.

- C'est déjà ce que tu fais.

- Oui, mais j'ai dis "on". Tu dois aussi jouer le jeu, petit cœur.

Je soupire, et roule des yeux, mais il me reprend dans ses bras pour me serrer contre lui, tout en me regardant fixement. Il me sourit, et attrape mon menton pour me forcer à le regarder aussi. Il avance son visage vers le mien, et m'embrasse sur le nez. C'est bizarre, mais au moins, il a compris que je n'avais pas envie qu'on s'embrasse sur la bouche. Ce qui m'énerve en revanche, c'est qu'il le fait exprès. Il sait très bien que je n'aime pas être aussi proche de quelqu'un. J'aime avoir mon espace vital.

- Alors, commence t-il, tu vas m'appeler comment ? Je te préviens, je veux un joli surnom.

- Je vais t'appeler "boulet". Ça te va ?

Il fait la moue, alors que je me mets à rire. On reste un petit moment comme ça, avant qu'il ne se sépare de moi en voyant arriver son groupe d'amis.

- Je vois que vous jouez le jeu ! nous dit Martin, le meilleur ami d'Enaël.

- Oui, lui répond mon copain. On est ensemble jusqu'à la fin de la semaine, alors on en profite.

Ils discutent tous ensemble, et je me sens de trop. Même si Enaël me regarde de temps en temps, les autres ne me portent aucune attention. Comme d'habitude. Quand je dis que je suis complètement inexistant, je ne mens pas.

Quand j'entends de nouveau la mélodie qui nous annonce la reprise des cours, je retourne en classe. J'entre directement et vais m'asseoir à ma place, dans la rangée du milieu. Je me suis placé à côté de la fenêtre au début d'année, pour avoir la chance de m'évader de temps à autre au lieu de suivre le cours. M'évader spirituellement, bien sûr. Je ne vais pas sécher les cours.

Je pose mon sac par terre et sors mes affaires, avant de me mettre à regarder dehors. J'essaye de suivre le maximum de cours possible, surtout que j'ai beaucoup de difficultés. Il n'y a que les sciences, que je laisse tomber. Je ne comprends vraiment rien aux maths ou à la physique, alors j'ai abandonné. Généralement, je profite de ces heures pour faire mes autres devoirs. Ça m'évite de trop travailler chez moi.

Et si on s'aimait [BXB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant