Et si on s'aimait [BXB]

5. 🥞

- Ok, alors... Sors avec moi.

Je fronce les sourcils, ne comprenant pas trop ce qu'il veut.

- On est déjà dehors.

- Non, je veux qu'on sorte ensemble. Comme un couple.

Je rougis de nouveau, tandis que ses amis me regarde en jouant avec leurs sourcils de manière sensuelle. Je ne sais pas ce qu'ils essayent de faire, mais ils sont juste ridicules.

- Non. Non, je ne veux pas.

- Aller, c'est le jeu !

- Et bah il est stupide, ton jeu.

Je croise les bras sur ma poitrine, mais comme tout le monde insiste en me disant que je suis obligé, vu que c'est la règle du jeu, je finis par accepter à contre cœur.

- Mais je te préviens, je ne veux pas faire de trucs bizarres ou sexuels. Hors de question.

- Ça marche !

Il a l'air tout content, mais moi, ça m'énerve. Je n'aurais pas dû accepter de jouer... Je n'aurais même pas dû venir à cette soirée, de toute façon.

- On doit faire ça jusqu'à quand ? je lui demande.

- Hum... Jusqu'à la fin de l'année.

- Quoi ? je m'étonne. Non.

- La fin du mois ? insiste t-il.

- La fin de la semaine, grand maximum.

Il soupire, puis hoche lentement la tête, résigné. On continue de jouer pendant un moment, mais étrangement, on ne m'interroge presque plus. Tant mieux, après tout. Je n'ai pas envie de devoir sortir avec une dizaine de personnes. Je ne suis pas polygame. Gay, oui, mais polygame, non.

Vers les coups de trois heures, on commence à être tous fatigué, alors on décide de tous aller se coucher. Étant donné qu'il y a plusieurs chambres dans la maison, on peut se séparer en petit groupe pour la nuit. Évidemment, je vais devoir dormir avec Enaël. Mais bon, ça ne me gêne pas trop. Je préfère dormir avec lui plutôt qu'avec quelqu'un d'autre. Ses amis sont encore plus bizarres que lui.

- Tu dors comment ? me demande t-il. Tu veux que je te prête des vêtements ?

- Un jogging et un tshirt, ça ira. Et un caleçon aussi, du coup.

Le grand brun me donne ce que je lui ai demandé, avant de m'indiquer la salle de bain. Je me déshabille et me sèche le corps avec une serviette, puis j'enfile les fringues de mon ami. Ou petit ami ? Je ne sais pas trop. Parce que même si on doit faire semblant d'être en couple, ça ne veut pas dire qu'on l'est réellement. Ou peut-être que si ? Je n'en sais rien... Et puis, de base, on n'est même pas amis.

Une fois que je suis prêt, je retourne dans la chambre du brun, et j'ouvre de grands yeux en le voyant totalement nu. J'aurais peut-être dû toquer avant d'entrer...

- Désolé, je bégaye, en me retournant. Je ne pensais que... Enfin...

Il rigole, et finit de se mettre en pyjama. Enfin, "pyjama" est un bien grand mot. Il a juste enfilé un caleçon.

- Aller, viens te coucher.

Je hoche la tête, et j'entre dans les draps. Il vient s'allonger à côté de moi, et se met à me fixer. Je trouve ça extrêmement gênant. Je me mets dos à lui, en espérant qu'il n'ait pas vu que je rougissais. En tout cas, il ne dit rien, et éteint la lumière.

- Dors bien, Rony, me dit-il.

- Toi aussi.

*

Je me réveille lentement, et je fronce les sourcils en sentant un gros truc contre moi. Il me faut quelques secondes pour réaliser qu'il s'agit du corps d'Enaël. J'avais complètement oublié que j'avais dormi avec lui. Mais quand est-ce qu'il m'a pris dans ses bras ? Est-ce qu'il s'en est rendu compte ?

Je me dégage de son étreinte en essayant de ne pas le réveiller, et je traine sur les réseaux sociaux en attendant qu'il se réveille.

Au bout d'un moment, qui m'a paru vraiment très long, il finit par marmonner quelque chose et par émerger de son sommeil.

- Enfin, je lui dis. Bien dormi ?

- Moui... Mais j'ai mal à la tête...

- Pas étonnant, t'as fini complètement bourré. Évite de boire autant la prochaine fois.

Il hausse les épaules, et m'attire contre lui. Je sursaute, et essaye de le repousser, mais il me garde contre lui en souriant.

- Tu n'aimes pas les bras de ton petit ami ? me demande t-il.

- Je pensais que t'allais oublié ce détail...

- Mooh, t'es chou.

Il avance son visage vers le mien pour m'embrasser, mais je tourne la tête, et il se retrouve ma joue. Ça n'a pas l'air de le gêner, car il se met à y déposer plein de bisous, ce qui finit par me faire rire.

- Ne ris pas trop fort, se plaint-il, je vais devenir sourd...

- C'est l'effet gueule de bois. C'est à cause de l'alcool, andouille.

Il grimace, et se lève de son lit en se massant les tempes. Il descend dans le salon, et je le suis.

- Tu veux déjeuner, bébé ?

- On est vraiment obligé de faire semblant d'être en couple ? je lui demande.

- Bah, c'était le jeu... Et puis, ça peut-être marrant.

Je soupire, et hoche la tête. J'aurais vraiment essayé de le faire changer d'avis. Mais bon, si ça l'amuse autant... De toute façon, ce n'est que pour une semaine. Et je n'ai pas envie de me disputer avec la seule personne qui me parle. Même s'il m'agace très fortement.

- Je vais te faire un truc, me dit-il. Normalement, j'ai tout pour des pancakes.

Il sort du frigo ce dont il a besoin, et il me fait rapidement à manger. J'en profite pour le regarder cuisiner. Heureusement qu'il sait se débrouiller. Il vit ici tout seul, étant donné que ses parents habitent à New York. Il m'a expliqué qu'il a cette grande maison rien que pour lui. C'était l'une des maisons de vacances de son père, mais il lui a donné. Et étant donné qu'Enaël est déjà majeur, il peut se permettre d'habiter seul.

- Tiens Rony, c'est prêt.

Il me tend une assiette de pancakes, et s'assoit en face de moi pour déjeuner lui aussi.

- Alors, tu en penses quoi ? me demande t-il.

- C'est bon. Tu ne cuisines pas trop mal.

Il me sourit de toutes ses dents, avant de se remettre à manger. Je déjeune avec lui, et me lève de ma chaise quand j'ai fini.

- Je vais rentrer chez moi... Merci de m'avoir invité.

- Déjà ? s'étonne t-il. D'accord...

Il fait la moue, et je lui souris timidement, puis monte dans sa chambre pour prendre mes affaires. Une fois que je suis prêt, je redescends pour m'en aller, mais il m'en empêche en me retenant par le bras.

- Tu veux que je vienne te chercher demain, commence t-il, pour aller au lycée ?

- Ne t'en sens pas obligé...

- Non, ça me fait plaisir. À demain alors.

Il me sourit, et me claque un bisou sur la joue, avant de me laisser partir.