Chapitre 4

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Tous ceux qui avaient goûté à la vie de couple pouvait le dire : partager son quotidien demandait des compromis. On pouvait facilement se retrouver à faire ce qu'on n'avait pas du tout envie de faire, annuler ses projets, voire ses rêves, tout ça pour les beaux yeux de son conjoint. Mais ce n'était jamais vraiment grave au fond, on se disait qu'on ferait avec, juste parce qu'on l'aimait, cette personne qu'on avait choisie.

Mais si ce n'était pas le cas ? Si on n'avait pas choisi de vivre avec cette personne qu'on haïssait plus que tout en réalité ? Alors ces compromis ne ressemblaient qu'à des chaînes oppressantes qui faisaient plus de bien que de mal. C'était une douleur qui tuait à petit feu.

Sanji était malheureusement de ceux-là.

Ce soir, il était avec Shuraiya, son "cher" époux, à une réception. Une petite fête entre hommes de haut statut social durant laquelle chacun devait vanter en quoi sa vie était meilleure que celle des autres. Savoir se mettre en avant était un art difficile dans lequel il fallait exceller, raison pour laquelle il était impératif de venir accompagné. Sanji avait horreur d'être montré comme un trophée à tous ces types lourds et irrespectueux. Ils ne cherchaient pas à le connaître, à quoi bon ? Ils le regardaient comme étant le bon parti à qui Shuraiya avait passé une bague au doigt, et rien d'autre. C'était dur de passer la soirée entourés de gens qui le félicitaient pour un mariage qu'il ne voulait même pas avec un homme qu'il n'aimait pas.

Et qui ne l'aimait pas non plus en retour d'ailleurs. Shuraiya n'attendait de lui qu'une chose : qu'il fasse bonne figure. Et ce en dépit du fait qu'il n'avait de cesse de le rabaisser. "À défaut d'être attirant, on ne peut nier qu'il est un bon homme au foyer." ou encore "Il ne serait rien sans moi. Les études n'étaient pas son truc, il a eu de la chance de me trouver." Et que devait-il faire après ces mots plus tranchants que les sabres du plus grand épéiste du monde ?

Il devait sourire ! Il devait rire avec distinction, faire un petit geste de la main pour aquiescer, et faire comme si tout ceci était si vrai qu'ils ne pouvaient qu'en être hilare. C'était vexant et si blessant qu'il ne se sentit pas capable de tenir toute la soirée.

Il attendit donc que Shuraiya et lui se retrouvent seuls quelques minutes pour enfin faire disparaître son faux sourire.

-J'en ai assez de cet endroit. Je veux rentrer.
-Tu plaisantes ! La soirée ne fait que commencer !
-J'estime que t'as assez craché sur moi pour ce soir.
-J'ai encore des personnes à saluer, et à qui te présenter. Ne ruine pas mes affaires.
-Si tu voulais un truc à exhiber, t'aurais dû investir dans une poupée gonflable ! T'aurais pu changer tous les deux jours, et l'entretien aurait été moins cher !

Shuraiya le gratifia d'un regard noir, et remarqua qu'ils commençaient à attirer l'attention. Il se saisit alors violemment du bras de Sanji et l'entraina rapidement à l'extérieur de la salle. Ils sortirent de la propriété et se retrouvèrent dans le jardin. Après avoir vérifié que personne n'était là, il lâcha Sanji, et constata qu'il avait laissé une petite trace rouge sur son bras. C'était tout de même le cadet de ses soucis.

-Écoute Sanji, tu peux me tenir tête à la maison si tu veux, mais pas ici ! Si je fais des affaires, tu la fermes et tu fais ce que j'attends de toi !
-Enfoiré ! Je suis ton époux je te signale, pas ton esclave !
-Je ne t'ai pas voulu, c'est clair ?! Je suis obligé de composer avec toi, alors tiens-toi à carreau si tu ne veux pas que je t'expédie chez ton père qui se chargera de te donner la correction que tu mérites !

Sanji se braqua, une main sur son bras douloureux, mais décidé à ne pas se laisser faire. Son regard se fit meurtrier, mais Shuraiya, après l'avoir observé quelques secondes, se contenta de ricaner.

Au coin de la rue (Fanfiction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant