Chapitre 12

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Les mois passaient et les cinquième année croulaient sous une masse toujours grandissante de devoirs. Enfin, l'été arriva. Les maraudeurs avaient pris l'habitude d'aller se baigner avec le calmar géant tous les après-midi, vite rejoints par des dizaines d'élèves désireux de paraître aussi cool qu'eux. Mais cette ambiance joyeuse prit soudainement fin lors d'un cours de métamorphose particulièrement difficile.
"Je voulais vous dire que les dates des BUSE ont été fixées, leur annonça le professeur McGonagall à la fin du cours. Elles se dérouleront dans deux semaines. Si vous souhaitez connaitre le programme complet, il est affiché dans votre salle commune. Bonne journée!"
À partir de ce moment là, on ne croisa plus dans les couloirs que des élèves à l'air soucieux qui réalisaient leurs notes ou marmonnaient des sortilèges aux conséquences hasardeuses. Dans la salle commune, il régnait une ambiance lourde et celui qui avait le malheur de briser le silence était immédiatement sanctionné par Lily ou Remus.
Contrairement à leurs camarades, James et Sirius, eux, semblaient bien décidés à ne pas ouvrir un seul livre de classe. Leur programme n'avait pas été perturbé par l'annonce du professeur McGonagall et ils continuaient leurs parties de frisbee avec le calmar. Enfin, la semaine des BUSE arriva.
La plupart des élèves de cinquième année n'avaient pas dormi de la nuit pour réviser leurs notes de potions qui était la première épreuve. À chaque fin d'épreuve, les élèves ne prenaient pas le temps de se reposer car ils se ruaient sur leurs livres de métamorphose ou de divination.  La semaine passa lentement, monotone, jusqu'à l'avant dernière épreuve, celle de DCFM.

Les Maraudeurs se retrouvèrent à la sortie de la salle et en sortirent ensemble.
"Ça t'a plu, la question dix, Lunard ? demanda Sirius tandis qu'ils arrivaient dans le hall d'entrée.
-J'ai adoré, répondit vivement le lycanthrope. Donnez cinq signes permettant d'identifier un loup-garou. Excellente question.
— Tu crois que tu as réussi à les trouver tous ? demanda James d'un ton faussement inquiet.
— Je pense que oui, répondit-il très sérieusement."
Ils se mêlèrent à la foule qui se pressait aux portes du hall, avide de sortir dans le parc ensoleillé.
"Premier signe : il est assis sur ma chaise.
Deuxième signe : il porte mes vêtements.
Troisième signe : il s'appelle Remus Lupin."
Queudver, qui les avait rejoints, fut le seul à ne pas rire.
"Moi, j'ai mis la forme du museau, les pupilles des yeux et la queue touffue, dit-il d'un air
anxieux, mais je n'ai rien trouvé d'autre...
— Tu es donc tellement bête, Queudver ? dit James, irrité. Tu fréquentes pourtant un loup-garou une fois par mois...
— Pas si fort, implora l'intéressé.
— Moi, j'ai trouvé que c'était du gâteau, cet examen, dit Sirius. Je serais surpris si je n'obtenais pas un Optimal.
— Moi aussi, dit James."
Il mit une main dans sa poche et en retira un Vif d'or qui se débattait.
"Où est-ce que tu as eu ça ?
— Je l'ai piqué, dit James d'un ton désinvolte."
Il se mit à jouer avec le Vif d'or qu'il laissait s'envoler à une trentaine de centimètres avant de le rattraper. Ses réflexes étaient excellents et Queudver paraissait impressionné.
Ils s'arrêtèrent au bord du lac, à l'ombre du hêtre. Le soleil étincelait à la surface lisse du lac et les filles qui avaient quitté la Grande Salle en même temps qu'eux s'étaient
assises sur la rive. Hilares, elles avaient enlevé leurs chaussures et leurs chaussettes et se trempaient les pieds dans l'eau. Remus avait sorti un livre qu'il s'était mis à lire. Sirius regardait les autres élèves se presser sur la pelouse. Il affichait un air hautain et ennuyé, mais avec beaucoup d'élégance. James, lui, continuait de jouer avec le Vif d'or qu'il laissait filer de plus en plus loin et rattrapait à la dernière seconde, au moment où il était presque parvenu à s'échapper. Queudver le regardait bouche bée. Chaque fois que James réussissait à saisir le Vif d'extrême justesse, Queudver étouffait une exclamation et applaudissait. James avait la manie de s'ébouriffer les cheveux d'un geste de la main pour éviter qu'ils ne paraissent trop bien coiffés. Il ne cessait également de lancer des coups d'œil en direction des filles assises au bord du lac.
"Range ça, tu veux ? dit enfin Sirius. Sinon, Queudver va tellement
s'exciter qu'il finira par s'oublier."
Queudver rosit légèrement et James eut un sourire.
"Si ça te gêne..., dit-il en rangeant le Vif d'or dans sa poche.
— Je m'ennuie, dit Sirius. J'aimerais bien que ce soit la pleine lune.
— Espère toujours, dit Remus d'un ton grave derrière son livre. Si tu t'ennuies, on a encore
l'épreuve de métamorphose, tu n'as qu'à me faire réviser. Tiens..."
Il lui tendit son livre, mais Sirius renifla d'un air méprisant.
"Je n'ai pas besoin de ces idioties, je sais déjà tout.
— Tiens, voilà de quoi t'amuser un peu, Patmol, dit James à voix basse. Regarde qui est là...
Sirius tourna la tête et s'immobilisa comme un chien qui vient de sentir la piste d'un lapin.
— Parfait, murmura-t-il. Servilus."
À l'autre bout de la pelouse, Rogue rangeait le questionnaire des BUSE dans son sac. Lorsqu'il quitta l'ombre des buissons et s'éloigna sur la pelouse, Sirius et James se levèrent à leur tour. Remus et Queudver restèrent assis. Lunard était toujours plongé dans son livre mais ses yeux restaient immobiles et une légère ride était apparue entre ses sourcils. Queudver regarda successivement Sirius et James, puis Rogue, une expression d'avidité sur le visage.
"Ça va, Servilus ?" lança James d'une voix forte.
Rogue réagit si vite qu'il semblait s'être attendu à cette attaque. Lâchant son sac, il plongea la main dans une poche de sa robe de sorcier et sa baguette était à moitié levée lorsque James cria:
"Expelliarmus !"
La baguette magique de Rogue fit un bond de quatre mètres dans les airs et retomba derrière lui avec un petit bruit mat. Sirius éclata d'un grand
rire qui ressemblait à un aboiement.
"Impedimenta !" dit-il en pointant sa propre baguette sur Rogue qui fut projeté à terre au moment où il plongeait pour ramasser la sienne. Autour d'eux, les élèves s'étaient retournés et regardaient. Plusieurs d'entre eux se levèrent pour venir voir d'un peu plus près. Certains semblaient inquiets, d'autres avaient l'air de s'amuser. Rogue était allongé par terre, le souffle court. James et Sirius s'avancèrent vers lui, leurs baguettes brandies. En même temps, James
lançait des regards par-dessus son épaule vers les filles assises au bord du lac. Queudver était également debout à présent. Il avait contourné Remus pour mieux voir et contemplait le spectacle avec délectation.
"Alors, comment s'est passé ton examen, Servilo ? demanda James.
— Chaque fois que je le regardais, son nez touchait le parchemin, dit Sirius d'un air mauvais. Il va y avoir de grosses taches de gras sur toute sa copie, ils ne pourront pas en lire un mot."
Des rires s'élevèrent un peu partout. De toute évidence, Rogue n'était pas très aimé. Queudver émit un ricanement aigu. Rogue essayait de se
relever mais le maléfice agissait encore sur lui.
"Attends... un peu, haleta-t-il en regardant James avec une expression de haine. Attends... un peu !
— Qu'est-ce qu'il faut attendre ? demanda Sirius avec froideur. Qu'est-ce que tu as l'intention de nous faire, Servilo, t'essuyer le nez sur nous ?"
Rogue laissa échapper un flot de jurons et de formules magiques mais avec sa baguette à trois mètres de lui, rien ne se passait.
"Qu'est-ce que c'est que ces grossièretés, lave-toi la bouche, dit James d'un ton glacial. Récurvite !"
Des bulles de savon roses s'échappèrent alors de la bouche de Rogue. La mousse qui recouvrait
ses lèvres le faisait tousser, l'étouffait à moitié...
"Laissez-le TRANQUILLE !"
James et Sirius se retournèrent. James se passa aussitôt la main dans les cheveux.
L'une des filles assises au bord du lac s'était levée et s'approchait d'eux. Elle avait une épaisse chevelure roux foncé qui lui tombait sur les épaules et d'extraordinaires yeux verts en amande.
"Ça va, Evans ?" demanda James.
Tout à coup, le ton de sa voix était devenu beaucoup plus agréable, plus grave, plus mûr.
"Laisse-le tranquille." répéta Lily.
Elle regardait James avec la plus grande répugnance.
"Qu'est-ce qu'il t'a fait ?
— Eh bien voilà, répondit James qui sembla réfléchir à la question, le plus gênant, chez lui, c'est le simple fait qu'il existe, si tu vois ce que je veux dire..."
Un bon nombre d'élèves éclatèrent de rire, y compris Sirius et Queudver, mais Remus, toujours concentré sur son livre, resta impassible, tout comme Lily.
"Tu te crois très drôle, dit-elle d'un ton glacial, mais tu n'es qu'une abominable petite brute
arrogante, Potter. Laisse-le tranquille !
— C'est d'accord, à condition que tu acceptes de sortir avec moi, Evans, répondit précipitamment James. Allez... Sors avec moi et je ne porterai plus jamais la main sur le vieux Servilo."
Derrière lui, les effets du maléfice d'Entrave se dissipaient. Rogue rampait imperceptiblement vers sa baguette en crachant de la mousse de
savon.
"Je ne sortirai jamais avec toi, même si je n'avais plus le choix qu'entre toi et le calmar géant,
répondit Lily.
— Pas de chance, Cornedrue, dit vivement Sirius qui se tourna à nouveau vers Rogue. Oh !
Attention !"
Mais il était trop tard. Rogue avait pointé sa baguette droit sur James. Il y eut un éclair de lumière et une entaille apparut sur la joue de James, éclaboussant sa robe de sang. James fit volte-face. Un deuxième éclair de lumière plus tard, Rogue se retrouva suspendu dans le vide, les pieds en l'air. Le bas de sa robe était tombé sur sa tête, révélant deux jambes maigres et un caleçon grisâtre.
Des acclamations s'élevèrent de la petite foule des élèves. Sirius, James et Queudver rugissaient de rire.
Lily, dont le visage furieux avait un instant tressailli comme si elle allait sourire, lança :
"Fais-le descendre !
— Mais certainement." dit James.
Il donna un léger coup de baguette et Rogue retomba par terre comme un petit tas de chiffons. Se dépêtrant de sa robe, il se hâta de se relever, la baguette brandie, mais Sirius s'exclama :
"Petrificus Totalus !"
Rogue bascula à nouveau par terre, raide comme une planche.
"LAISSEZ-LE TRANQUILLE !" hurla Lily.
Elle avait sorti sa propre baguette, à présent, sous l'œil méfiant de James et de Sirius.
"Ah, Evans, ne m'oblige pas à te jeter un sort, dit James avec gravité.
— Alors, libère-le du maléfice !"
James poussa un profond soupir puis se tourna vers Rogue et marmonna la formule de l'antisort.
"Et voilà, dit-il tandis que Rogue se relevait tant bien que mal. Tu as de la chance qu'Evans ait été là, Servilus.
— Je n'ai pas besoin de l'aide d'une sale petite Sang-de-Bourbe comme elle !"
Lily cligna des yeux.
"Très bien, dit-elle froidement. Je ne m'en mêlerai plus, à l'avenir. Et, si j'étais toi, je laverais mon caleçon, Servilus.
— Fais des excuses à Evans ! rugit James d'une voix menaçante, sa baguette magique pointée sur Rogue.
— Je ne veux pas que tu l'obliges à s'excuser ! s'écria Lily en se tournant vers James. Tu es aussi
mauvais que lui.
— Quoi ? protesta James. JAMAIS je ne t'aurais traitée de... tu-sais-quoi !
— Tu te mets les cheveux en bataille parce que tu crois que ça fait bien d'avoir toujours l'air de descendre de son balai, tu te pavanes avec ce stupide Vif d'or, tu jettes des maléfices à tous ceux que tu n'aimes pas simplement parce que tu sais le faire... Ça m'étonne que ton balai arrive encore à décoller avec une tête aussi enflée. Tu me fais VOMIR !"
Elle tourna les talons et s'éloigna à grands pas.
"Evans ! lui cria James. EVANS !"
Mais elle ne regarda pas en arrière.
"Qu'est-ce qui lui prend ? dit James en essayant sans succès de faire comme s'il s'agissait d'une question très secondaire à laquelle il n'attachait aucune importance.
— Si je lis entre les lignes, je dirais qu'elle te trouve un peu prétentieux, répondit Sirius.
— Ah, c'est ça ? Très bien, marmonna James, furieux. Très bien..."
Il y eut un autre éclair de lumière et Rogue se retrouva à nouveau suspendu les pieds en l'air.
"Qui veut me voir enlever le caleçon de Servilo ?"

Le Poudlard des MaraudeursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant