Chapitre 55

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Cette nuit là, les deux maraudeurs et Lily campèrent sur le tapis du salon. Personne ne parlait, mais aucun d'entre-eux ne parvint à fermer l'œil. James, qui serrait sa petite amie dans ses bras, avait recommencé à pleurer silencieusement, et Lily se sentait elle-même dévastée. Pourquoi fallait-il que ce soit les personnes gentilles et bonnes comme Mrs Potter qui partent en premier? Et pourquoi le sort s'acharnait-il sur James et Sirius? Ce dernier, qui s'était installé un peu plus loin pour "ne pas troubler leur intimité", fixait les braises dans la cheminée, le visage fermé. Mais contrairement à son meilleur ami, il n'avait personne pour le réconforter comme Lily le faisait, personne à serrer dans ses bras, à qui se raccrocher. La jeune fille avait un peu pitié de lui, et elle se promit de tout faire pour que Marlène et l'aîné des Black se rapprochent à nouveau.

Lorsque l'aube pointa enfin à travers les fenêtres de l'appartement des préfets, les trois Gryffondors se levèrent ensemble et firent leurs valises. Pour éviter des questions gênantes de leurs camarades, ils devaient partir tôt. À 6h45, ils descendirent donc dans le hall désert où le professeur McGonagall devait les attendre. Mais ce fût Dumbledore qui les retrouva devant la porte du château.
"Toutes mes condoléances, leur dit-il en les rejoignant. J'aimais beaucoup Mrs Potter."
Derrière ses lunettes en demi-lune, ses yeux bleus fixaient James qui avait l'impression d'être passé aux rayons X. Puis, le visage du directeur se fendit d'un sourire triste.
"Euphémia n'aurait pas voulu vous voir baisser les bras, dit-il. Elle aurait voulu que continuiez à vivre comme avant, et sincèrement, je crois que Poudlard ne serait pas la même école sans les célèbres maraudeurs."
James esquissa un semblant de sourire.
"Et puis, nous sommes en guerre, ne l'oubliez pas, ajouta Dumbledore, redevenant soudain grave, et le monde a besoin de défenseurs du bien, alors je compte sur vous.
-Ne vous inquiétez pas, professeur, on ne va pas baisser les bras, répondit Sirius.
-Je n'en doute pas, sourit le directeur. Prenez le temps de faire votre deuil. Vous en reviendrez plus fort. Bien, à présent, il est temps d'y aller si vous ne voulez pas croiser les autres élèves."
Les trois septième année le suivirent jusqu'au bureau du professeur McGonagall où ils prirent tour à tour la poudre de cheminette pour se rendre chez les Potter.


La semaine précédant l'enterrement passa dans un brouillard de tristesse et de fatigue. James parlait peu, et passait sa journée allongé sur son lit, les yeux dans le vide, à serrer Lily dans ses bras, comme il l'avait fait en octobre lors de son hospitalisation. Il refusait de quitter sa chambre pour sortir dans la maison, sans doute parce qu'elle était trop remplie du souvenir d'Euphémia, un poids trop lourd à porter pour lui. Il semblait à nouveau s'être retranché dans un pays lointain pour échapper à son malheur. Sa petite amie, quant à elle, avait récupéré bon nombre de livres dans la bibliothèque du manoir et semblait décidée à les finir avant de rentrer à Poudlard. Sirius, lui, s'était enfermé dans un lourd silence. Souvent, alors qu'elle lisait, Lily l'entendait dans le jardin, occupé à couper du bois avec une hache que Mr Potter lui avait prêtée. Il rentrait généralement les mains en sang et la jolie rousse devait régulièrement lui lancer des sorts de guérison.

Un soir, alors que James s'était enfin endormi après une de ses longues phases d'apathie, Lily descendit dans le jardin et y trouva Sirius. Il abattait des gros coups de hache sur une bûche déjà réduite en morceaux. Lily l'observa un instant à distance, puis le jeune homme se planta une grosse écharde dans le doigt et laissa échapper sa hache avec un cri rageur. Il voulut la ramasser immédiatement mais Lily accourut et l'attrapa par derrière en lui bloquant les bras pour l'empêcher de reprendre son outil.

"Sirius, arrête, dit-elle. Ça ne sert à rien. Ce n'est pas comme ça que tu vas t'en sortir."

Le jeune homme fit alors quelque chose que Lily ne l'avait jamais vu faire. Il se retourna et la serra dans ses bras en se mettant à pleurer. Elle lui rendit son étreinte et attendit un long moment, le temps qu'il se calme. Ils s'assirent alors tous les deux par terre et Lily prit la main de Sirius pour examiner sa blessure.

Le Poudlard des MaraudeursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant