Chapitre 8

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Le souffle court. Mon coeur qui bat contre ma poitrine. La sueur qui coule dans mon dos, le long de mon nez, sur mes tempes. Des pleurs. Je cours.

Le soleil du mois de mai qui écrase sa chaleur sur mon corps, qui met du plomb dans mes jambes, qui me donne la migraine. Les pleurs d'un bébé. Je cours.

Les craquements des épines de pins sous mes pieds. Les branches qui se coincent dans mes cheveux et entaillent mon visage. Où est mon bébé. Je cours.

Les pleurs augmentent de volume. Les râles que poussent ces choses aussi. Elles sont là, tout près, juste derrière moi. Leurs pas se rapprochent. Leurs odeurs putrides parviennent jusqu'à mon nez. Faut que je trouve mon bébé. Et mon fils. Et mon fiancé, où sont-ils? Je cours. 

La peur me gagne. La panique n'est pas très loin derrière et s'empare lentement de ma raison. Pourquoi je ne les vois pas ? Pourquoi je ne les trouves pas ? Les pleurs deviennent assourdissant, me percent les tympans. Je t'en supplie, arrête de pleurer. Je cours. 

- Bordel Elfe, fait la taire ! Ils vont nous repérer ! 

Mes pieds s'arrêtent. Je tourne sur moi-même. Je cherche. Je crie. Ma main se porte à ma gorge. Pourquoi rien ne sort ? Les pleurs ne s'arrêtent pas. Tais toi, je t'en prie. Où est mon fiancé ?Je l'ai entendu pourtant ! Pourquoi je ne le vois pas ? Pourquoi la forêt semble se refermer sur moi ? 

- Fait la taire Elfe, ils vont nous tuer ! 

Mon corps fait un tour sur lui-même, désespéré de trouver d'où vient la voix. J'ouvre la bouche, retente une nouvelle fois de crier. Rien. Les larmes coulent. Les pleurs de mon bébé ne s'arrêtent pas. Ils empirent. Ou est-t-elle

La forêt disparaît. Tout devient noir. Je ne vois même pas mes mains quand je les tends devant moi. Tout est silencieux. Trop. Seul le sifflement de ma respiration se fait entendre, provoquant une résonnance qui me provoque un frisson, me parcourant le haut de la nuque jusqu'à la pointe des pieds. Comme si quelqu'un me soufflait dans le cou. Mais que je ne peux pas voir. Je fais un bond sur moi-même, une main dans la nuque, la frottant pour enlever cette sensation désagréable. 

Un bruit. Je fixe un point dans l'obscurité, là où le son m'est parvenu. Des pleurs. Un point lumineux. Mon bébé ! Je me mets à courir. Les pleurs deviennent plus fort. Je cours plus vite. C'est elle

Je l'appelle. Aucun son ne sort de ma bouche. Je tends ma main. Je suis là. Ne pleure plus, maman est là. Elle se retourne. Elle hurle en me voyant. Mon coeur tombe dans mon estomac, ma main tombe le long de ma hanche. Un regard blanc et vitreux m'observe. Elle se redresse sur ses pieds. Reste assise ! Ses bras décharnés se lèvent vers moi. N'avance pas ! Elle hurle de toute ses forces. Reste ou tu es ! Ses intestincts tombent de son ventre à moitié dévoré. 

- Maman...

Une goutte de sueur coule le long de ma tempe, je déglutis difficilement alors que je me retournes lentement au son de cette voix. Je plaque ma main devant ma bouche et retiens difficilement la bile qui remonte le long de ma gorge en même temps que je recule de deux pas en arrière. 

- Maman... Bobo...

Mon fils... Mon Bébé... Me regarde avec ses yeux blancs translucide injectés de sang, la tête penchée dangereusement sur le côté, son cou tranché jusqu'au milieu de la gorge. Ses jambes et ses bras sont dévorés, dévoilant les os. Le reste de son corps est enveloppé dans une espèce de brouillard sombre m'empêchant de le voir dans son intégralité. 

Ils avancent... Non, n'avancez pas !  Ils avancent, des traînées de sang derrière eux... Je pleure. Ils ne sont plus qu'à un pas... Mes bébés. Leurs mains déchiquetées me touchent... Je hurle ! 

La Jonquille de l'Archer _ Daryl Dixon _Où les histoires vivent. Découvrez maintenant