Chapitre 13

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Assise sur le rebord de la fenêtre, de sa chambre à Elle, son plaid rose duveteux contre ma poitrine, j'assiste aux premières lueurs de l'aube.

Les étoiles qui brillent dans le ciel, disparaissent les unes à la suite des autres, laissant lentement la place au ciel bleu. Le soleil qui se fait un peu mieux voir, transforme l'horizon en un immense brasier, colorant les profils sombres des prairies et des forêts d'une teinte jaune-orangé.

Je ferme les yeux, pose mon front contre la vitre et les ouvres à nouveau.

C'est magnifique n'est ce pas ? Cette immensitée de couleurs.
Qui prenait le temps, avant, de prendre sa tente et son sac de couchage ou de mettre son réveil une heure avant l'aube pour admirer ce spectacle ?
Et qui, prend le temps de le faire aujourd'hui ?

Si j'avais un talent pour la peinture, si il n'y avait pas de Macchabées et si ils étaient vivants... Oui, je serai sûrement entrain de peindre ce paysage.

Sauf que je n'ai pas de talent pour la peinture, les Macchabées rôdent partout autour de nous... Et ils sont morts. Alors, je n'ai plus que mes yeux pour graver la beauté de ce monde qui m'entoure et qui ne se révèle que lorsqu'on s'y attend le moins.

Je repense à mon cauchemar, un frisson désagréable glisse le long de mon échine et me fait resserrer le plaid contre moi.

Les images sont flous mais je me souviens du plus important. Il y avait des ballons, des cadeaux et un gâteau. Des rires aussi. Beaucoup de rires. C'était très lumineux, très chaleureux et du bonheur... Beaucoup de bonheur.

Puis tout a changé. Tout est devenu silencieux, sombre et froid. Et des cris se sont fais entendre dans toutes les directions. Et ils sont apparus. Ma famille. Eux. Tous morts. Tous transformés.
Je n'arrivais pas à bouger, mon corps était paralysé par la terreur, ils se sont approchés de moi et m'ont attrapé.

Je pensais qu'ils allaient me dévorer, je voyais déjà ma dernière heure arrivée mais non...

 Ils chuchotaient... Chuchotaient très bas, c'était à peine perceptible. Ils disaient de me laisser faire, de les laisser me faire devenir comme eux, en frôlant leurs lèvres desséchées contre ma peau, glissant leurs doigts putrides sur mon corps, tournant autour de moi, ne me laissant voir qu'une marée de peaux décharnées et grisâtres... 

Merde, c'était vraiment flippant, vraiment réel. Je regarde mes mains, elles tremblent. Je les serrent l'une contre l'autre et les collent contre ma poitrine, sous le plaid pour tenter de les réchauffer. En vain.

Puis je me suis réveillée en sursaut, en regardant dans tout les coins sombres si un monstre ne s'y cachait pas, ne m'attendait pas pour se jeter sur moi et me faire devenir l'une des leurs.           Mais il n'y avait rien. Rien qui pouvait me faire du mal. Tout était calme et sombre, mais ce n'était pas assez.

J'avais besoin d'air et d'espace. Beaucoup d'espace. Et le bras lourd de Daryl qui reposait sur mon ventre m'empêchait tout ça. Alors je l'ai repoussé doucement pour ne pas le réveiller. Meme si je suis certaine que ses yeux se sont ouvert dès l'instant ou mon cœur s'est accéléré et que mon corps s'est crispé sous ses doigts.

J'imagine que c'est la raison pour laquelle je me suis retrouvée ici. J'avais besoin d'un endroit pour effacer ce mauvais rêve par d'autres tout aussi mauvais.

Mais aussi les bons. Tout les bons. Meme ceux où je m'énervais parce qu'ils me rendaient complètement folle à me taper la tête contre les murs parce qu'ils ne voulaient pas m'écouter.

Au final, ce n'est même pas du bonheur que je ressens en m'entêtant à remettre les pieds ici. Dans cette maison. Juste... Un perpétuel sentiment de vide remplit de nostalgie, de tristesse et de culpabilité.

La Jonquille de l'Archer _ Daryl Dixon _Où les histoires vivent. Découvrez maintenant