Mes pieds foulent le sol d'un pas lent et trébuche de temps à autre sur de vielles branches mortes cachés sous la mousse des bois. Le dos voûté et les épaules basses, je soupire de soulagement quand je reconnais la route caillouteuse qui mène à la prison. J'y arrive, enfin. Je marche jusqu'à celle-ci et suis la route jusqu'à apercevoir les grilles qui entoure la prison, puis les grandes portes grillagées où plusieurs silhouettes se tiennent derrière, des fusils pointés dans ma direction. Quel accueil chaleureux, sa donne vraiment envie d'y aller !
Je m'arrête devant la grille. Un homme au visage carré, au corps fin et tout en muscle portant un chapeau de shérif sur la tête me fixe avec méfiance. Ses yeux me scrute de haut en bas, c'est clair que je ne dois pas rendre une très bonne image de moi recouverte de sang et de terre mais je n'avais rien d'autre dans ma garde robe imaginaire et mon corps n'a plus assez de force pour lui faire un signe polie de la main.
- T'es seule?
Comme avec Maggie et Glenn, je fais oui de la tête et ne bouge pas. Le type qui se prend pour Clint Eastwood avec le cigare en moins et qui est le chef du groupe, fait le tour des environs des yeux, regarde chaque membre de son groupe puis les pose enfin sur moi.
- Si tu fais un seul geste, je te tue. Tu m'as compris ?
Je fais un nouveau mouvement de la tête et Clint Eastwood, d'un geste du menton, ordonne à un garçon d'une douzaine d'année de m'ouvrir les grilles. C'est d'une lenteur désespérante que mes jambes me portent à l'intérieur de la prison et je tourne la tête en biais pour voir les grilles se refermer dans mon dos, libérant d'un coup mes épaules de toute tension à l'idée de devoir encore courir pour échapper aux Maccabées qui voudraient me bouffer. Je sens mes jambes trembler sous le poids de mon corps mais je tiens bon et refait face au groupe devant moi. Ou plutôt au chef qui à son Glock pointé au niveau de mon front. Je suis tellement habituée à ce genre de scène, tellement sereine à l'idée de me faire tuer par une balle en pleine tête que mon coeur n'émet pas le moindre soubresaut quand il le rapproche encore plus près.
- Comment tu t'appelles ?
Je fronce les sourcils. La bouche du type a bougé mais je n'ai pas entendu ce qu'il a dit. Enfin si mais c'est comme si il l'avait dit de très loin. Il n'y a pas que mon corps qui est en vrac apparemment parce que ma tête me semble d'un coup lourde. Très lourde. Les lèvres du type bouge une nouvelle fois, cette fois je ne comprend pas. Je vois son visage s'éloigner de moi de plus en plus pour rencontrer le bleu et les nuage du ciel. Je sens mon dos heurter le sol durement et ma vision se fait flou. Des ombres se dessinent au dessus de moi. Des voix lointaines m'appellent. Très, très lointaine...
Quand nous dormons, nous passons par trois phases du sommeil. Le sommeil léger. Le sommeil profond. Le sommeil paradoxal. Avant toute cette merde apocalyptique, je passais ces trois phases sans aucun problème. J'étais du genre à me pelotonner dans ma couette, tourner dans tout les sens pour trouver la bonne position et me laisser partir aux pays des rêves. J'adorai les rêves. Des réelles. Des comiques. Des érotiques. Parfois des cauchemars. Mais j'aimais çà. Parce que parfois, aussi fou que celà puisse être, j'arrivais à les contrôler. Et c'était génial. Tellement que quand je me réveillais, je tentais de retourner dans les bras de morphée pour continuer là où je m'étais arrêtée. Mais çà, c'était avant.
Maintenant je me contente de somnoler dans un arbre, contre un tronc, dans le coffre d'une voiture, sur le vieux canapé d'une vieille cabane. Mon cerveau et mon corps sont continuellement en alerte, sur leur garde. Au moindre bruit, au moindre signe suspect. Je suis déjà prête à me battre où à mettre les voiles.
Pourtant là, c'était ou autre. Je suis en plein rêve paradoxal. Je rêve, je ne peux pas me tromper. Parce qu'à moins que je me sois fais greffé des ailes dans le dos sans le savoir, je ne savais pas que j'avais la capacité de voler. Cela aurait put être un beau rêve si je ne voyais pas les images de ma vie défiler les unes après les autres en dessous de moi. Ma jeunesse. Ma famille. La rencontre avec mon fiancé. Mes accouchements. Ma vie tranquille. Puis la fin du monde.
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La Jonquille de l'Archer _ Daryl Dixon _
Ngẫu nhiênLe monde n'est plus. Les Macchabées ont envahis notre terre, bien décidé à ce que nous finissions dans leur estomac. Je pensais qu'il n'existait pas pire qu'eux. J'avais tord. L'humain se révèlait êtres bien pire. Et j'en ai payé les frais. J'étais...