Chapitre 10

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Ils sont là... J'essuie du revers de ma main, les dernières traces de larmes qui flou ma vision. Vraiment là... Pourquoi ?

- Elfe, tu vas bien ? 

Les ongles de mes doigts crissent sur la surface blanche du rayon. Est ce que je vais bien ? 

Je plante mes yeux dans ceux de Maggie qui m'a rejoint, grimpant les deux premiers rayons du bas pour être à ma hauteur, ses iris mouchetés reflètant toute l'inquiètude qu'elle n'exprime pas à voix haute. Et tout ça, à cause de moi. Je détourne les yeux, m'extrayant de ce regard qui me retourne l'estomac. Je n'ai pas besoin de ça, tout de suite. 

Je secoue lentement la tête. Je ne sais pas comment je vais. La colère et le soulagement se mélangent, se battent, luttent pour savoir qui prendra le dessus, réveillant la tempête qui se déchaine une fois de plus dans mon estomac. Ma mâchoire se contracte et je ferme les yeux, fort en fronçant les sourcils. Je suis en colère... D'être en vie. Qu'ils se soient mêlés de ce qui ne les regardent pas. De m'avoir empêchée de les rejoindres. Et... Je suis soulagée... D'être en vie aussi. Qu'ils soient arrivés à temps. Qu'ils soient venus me chercher. 

Ils sont venus me chercher, n'est ce pas ? Ils sont là pour moi, hein ? 

- Sa va aller, Elfe. On est là maintenant. 

Maggie glisse une main le long de mon visage, dégageant une mèche collante de mon visage. Ma lèvre inférieur tremble, je ferme les yeux pour ne pas laisser mes émotions déborder une nouvelle fois et appuie ma joue contre sa paume. Mon coeur s'apaise. Les tremblements de mon corps diminuent peu à peu, comme la tempête qui part se tapir dans son coin. 

Ils sont là, oui. Et je crois que... Ouai. Je suis soulagée d'être encore en vie. C'est juste dure à accepter pour quelqu'un qui cherche une mort original. A voir maintenant combien de temps cette envie d'être présente à leur côté va durée. 

- Désolée de niquer vos retrouvailles entre gonzesse mais faut qu'on dégage d'ici. Les rôdeurs vont pas tarder à débarquer avec le boucan qu'on a foutu. 

- Daryl a raison. Faut qu'on y aille. Tu peux descendre toute seule ? Je vais aller aider Glenn et Michonne à charger le 4x4. 

Je hoche la tête. Maintenant que l'adrénaline est descendue, je sens les battements de mon coeur jusque dans mes côtes, me rappelant gentiment qu'elles sont loin d'être guéries. Je laisse mon corps glisser sur la surface, appréciant la froideur de celle-ci et passe mes jambes en premier dans le vide. Je grince des dents et pose mon front sur la surface plate. 

Allez, souffle Elfe. Tu as réussi à monter la haut. Tu peux bien redescendre sans problème. 

- Oh le ouistiti ! T'attends quoi pour descendre de ton perchoir ? Qu'on s'face tous bouffer ?

Je me redresse, regardant Démolition man d'un oeil noir et lui lance mon plus beau doigt d'honneur. Attend que je vienne te casser quelques côtes, on verra après si tu garderas toujours ton insupportable rictus de connard au coin des lèvres. Prenant une inspiration, je retiens l'air dans mes poumons et descend les rayons, mes jambes tremblent quand mes pieds touchent enfin le sol, je me retiens à l'étagère. 

- La prochaine fois tu écouteras les recommandations du doc au lieu de t'enfuir comme voleuse.

Les boîtes de conserves en face de moi me font de l'oeil, j'en attrape une et lui lance en plein dans la figure, qu'il esquive d'un mouvement de rotation sur le côté. Démolition man arque un sourcil, se foutant clairement de ma gueule avec son sourire narquois. 

- T'appelles ça viser ? 

Il m'énerve. Il m'éverve ! Le corps tendu et les poils dressés sur tout le corps comme un chat qu'on agace trop et qui est prêt à passer à l'attaque, j'envoie un bras d'honneur à Daryl. Puis plusieurs autres à la suite. Mes cordes vocales ne sont peut-être pas prête à travailler, ce n'est pas pour autant que je n'ai pas les moyens de me faire comprendre. Je lui montre mon dos et marche vers les rayons de vêtement que j'ai aperçu au fond du magasin la première fois que je suis venue ici. Je m'empare d'un tee shirt noir, d'un jean et d'un pull à capuche grande taille, récupère un paquet de culotte, sa ne sera pas pour aujourd'hui que j'aurai l'occasion de remettre un jolie dessous, et me met à l'abri des regards indiscret. Au pire, j'ai des brosses à cheveux à porter de main, comme arme de dissuasion. 

La Jonquille de l'Archer _ Daryl Dixon _Où les histoires vivent. Découvrez maintenant