Quand ma grand-mère nous a quitté, bien avant que les humains ne deviennent ces immondices de la nature, je n'arrivais pas à comprendre pourquoi il était si difficile à mon grand-père de remettre les pieds dans leur maison. Même dans la mienne, il ne le pouvait pas. C'étais trop dur, trop douloureux d'être à des endroits où ma grand-mère venait, toujours accompagné de son mari.
Egoïstement, je lui en ai voulu. Le voir se détruire, sombrer dans l'alcool, dans la drogue, chercher le danger pour éprouver autre chose que la douleur qui lui tiraillait le coeur, me faisait le hair. Parce que nous aussi, nous avons souffert. Moi aussi j'ai souffert, pleurai tout les jours en pensant à eux qui ne connaitront jamais leur arrière grand-mère. A moi, qui ne l'a reverra plus jamais. Elle était pour moi, mon tout. Mon pilier. Mon ancrage.
Et maintenant que je les ai perdu, eux, que j'ai fais l'expérience de voir disparaître un bout de mon âme, les amours de ma vie... Me retrouver seule, sans repère, sans rien pour me guider et m'aider à avancer... Si je revoyais mon grand-père, je le prendrai dans mes bras pour m'excuser et lui dire que maintenant... j'ai enfin pris conscience de ce qu'il a enduré. Et que je comprenais enfin.
Les souvenirs... Les souvenirs sont l'ensemble des choses que l'on conserve physiquement, ou que l'on garde en mémoire, et qui nous rappellent, une situations passées, positive ou négative à la vue ou à l'évocation des souvenirs.
Les doigts agrippés au volant, je regarde cette maison en pierre, aux volets vernis et fermés, à ce muret en pierre qui l'entoure, cette haie qui l'accompagne, que je prenais le temps d'entretenir et qui maintenant a bien poussé et part dans tout les sens. Au rosier qui a grimpé dans le tilleul et qui laisse apercevoir des roses blanches de partout, en grande quantité entre les feuilles de l'arbre. Au portillon en aluminium gris et noir qui nous a coûté la peau des fesses.
Cette maison qui renferme tant de bon comme de mauvais souvenirs, que je regarde depuis que je me suis garée devant, soit presque trois bonne heures après avoir fais deux crises de panique sur la route en dépassant les villes qui me rapprochaient à chaque fois un peu plus de ma destination. De mes tourments. Et que je n'ai toujours pas trouvé la force de rentrer à l'intérieur. Rien que sortir de la voiture, cette bulle de féraille sécurisante, mon coeur se met à battre plus vite, faisant resserrer mes doigts sur le volant et contracter la mâchoire.
Aller Elfe. Tu dois le faire. Tu peux ! Le faire.
Prenant une inspiration, je lève un à un mes doigts et la main tremblante, je pousse la porte de la voiture dans un grincement aigu qui détonne avec le silence inquiètant des alentours et sors, armée de mon katana.
J'ai toujours adoré la campagne. Pas de foule excessive, pas de circulation et de coup de klaxonne a tout bout de champs, pas de polution qui nique les poumons. J'aimais le calme, le piaillement des oiseaux qui nichaient dans le tilleul, l'odeur de la forêt et de l'herbe coupé après une journée de pluie, les petites anecdotes que me racontait la mamie d'en face quand je prenais le temps d'aller la voir avec eux.
Maintenant, je déteste le silence. Je déteste être seule. Je déteste presque le calme. Quand il n'y a pas de bruit, pas même des oiseaux qui passent au dessus de ta tête, tu sais que le danger n'est jamais loin, près à débarquer d'on ne sais ou quand on s'y attend le moins. Et tu penses toujours. Tu ne peux pas t'arrêter de pensée. Ton ancienne vie. Ta famille. Ce que tu aurais fais si. Comment sa se serait passé si. Toujours, toujours... Tu te remets en question. Tu regrettes. Tu acceptes. Tu te voiles la face. Tu es en colère. Tu veux que tout le monde souffre comme toi tu souffres. Ou tu revois constamment ce pourquoi tu es comme tu es aujourd'hui. Tu revis sans cesse tes cauchemars parce que tu n'as rien pour te distraire, t'arrêter de penser... Juste Stop.
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La Jonquille de l'Archer _ Daryl Dixon _
De TodoLe monde n'est plus. Les Macchabées ont envahis notre terre, bien décidé à ce que nous finissions dans leur estomac. Je pensais qu'il n'existait pas pire qu'eux. J'avais tord. L'humain se révèlait êtres bien pire. Et j'en ai payé les frais. J'étais...