Et si je t'embrasse, vas-tu réagir ? Voilà le chuchotement qui m'a fait vriller. Je reviens brutalement sur Terre et mes yeux s'écarquillent sous le choc. Je peux tout accepter, même une gifle, mais qu'on s'amuse sur des sentiments qui peuvent être sincères, c'est hors de question. Je ne suis pas amoureuse de lui et il ne m'aime pas, donc il aurait pu trouver autre chose pour me faire revenir dans le monde réel. Je suis tendue depuis deux jours. Je n'ai pas dormi la nuit dernière et je ne dormirais sûrement pas ce soir maintenant.
Ma main est partie toute seule vers son visage et le bruit du choc a attiré l'attention de tout le monde. Génial. Samuel est surpris, je le vois sur son visage. Elle passe dans une moue de quelques secondes avant que son regard s'assombrisse. Deux yeux verts me dévisagent comme un vulgaire déchet.
— Je te ramène à la raison et c'est comme ça que tu me remercies ? m'interpelle-t-il bouche bée.
Mon silence commence à l'énerver et pour combler le vide, il reprend la parole.
— Tu devrais être heureuse d'être encore en vie ! Tu ne remarques pas le carnage que tu viens de faire ? L'accident monstre que tu aurais pu commettre suite à ton incompétence ? Monsieur Morrow n'aurait jamais dû te laisser partir en excursion. Tu es un danger public.
Il n'a pas tort, je devrais lui en être reconnaissante. Mon corps a repris sa place et mon esprit est maintenant aux aguets. Quand je tourne mon regard vers le camion, je me rends compte du massacre évité de justesse. Le bus est trempé et le chauffeur déboussolé. Amorphe, il se lève difficilement et sort de son car en loupant la première marche. Les mains au sol, il vomit et évacue toute la peur qu'il a dû accumuler.
Samuel semble agacé. Il roule des yeux et recule pour que je puisse me lever, afin d'aller voir Jasper et Aireen. Ce matin, je ne me sentais pas bien. Je n'aurais pas dû monter. Quand je suis fatiguée et que je sombre dans les bras de Morphée, mon esprit se met à contrôler la première personne qui se trouve près de moi, comme le conducteur. Ça ne dure pas longtemps, mais pendant ces quelques minutes, un drame peut facilement arriver.
— Je suis vraiment, mais vraiment désolée Aireen, m'excusé-je au bord des larmes. Tu vas bien ?
Assise, la demoiselle s'approche un peu de moi et plonge son regard intense dans le mien.
— Ne t'inquiète pas. Une blessure, ça se soigne. La preuve Samuel n'a plus son bandage, insinue-t-elle en tournant ses yeux vers lui. Enfin... Tout va bien. Jasper a su arrêter le bus, tu as retrouvé tes esprits et je suis indemne. Plus de peur que de mal.
Elle se lève et s'accroche au bras de son ami pour ne pas tomber. Nous décidons de sortir du bus pour attendre qu'un professeur remarque notre absence. Maman, je te déteste dans ce genre de moment. Elle n'était pas "nouvelle technologie" pourtant Dieu sait que ça nous aurait servis en cet instant. Le car est sur le côté de l'autoroute. Heureusement, il n'y avait que peu de voitures, mais aucune d'elle ne s'est arrêtée. Je m'en veux énormément, mais je ne peux jamais réparer mes erreurs, ce qui me rend dingue. On s'assoit sur la barrière en métal et je sens un regard insistant en ma direction : le dieu de l'enfer. Il a l'air encore énervé et pourtant, je ressens une inquiétude amère. Je me force à ne pas penser, car je ne veux pas qu'il lise en moi et se moque, mais c'est très compliqué. Je me dis que vu ce qu'il s'est passé, je ne dois pas être la seule à avoir l'esprit troublé.
Une fois que le chauffeur à retrouver ses forces, il se lève et nous pointe tous du doigt.
— Vous. Vous êtes des fous ! Des monstres ! Plus jamais je ne prends des gens comme vous ! Plus jamais ! vocifère-t-il en nous envoyant des postillons.
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Les Irréguliers - Tome 1
Fantasy[ Romance Fantaisie ] Lorsqu'elle entre enfin à l'académie Revolt, prestigieuse université de magie, Emma s'imagine passer du bon temps. Hélas, les licornes et les bisounours n'existent plus et ont laissé place aux ténèbres. Elle pensait avoir tou...