Samuel

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            L'étudiant de première année tremble. Des gémissements de douleur s'échappent d'entre ses lèvres, alors qu'une larme coule le long de sa joue droite. J'observe Jasper et Emma s'afférer à ses côtés, impuissants. Pourquoi n'ai-je rien entendu ? Oui, je m'en veux énormément. Si une pensée m'était parvenue à temps, Léon n'aurait pas été touché. J'aurais préféré que ce soit moi. Un si jeune élève ne doit pas se sacrifier pour ses ainés ! Il a senti que quelque chose n'allait pas, l'atmosphère a même changé, mais je n'ai rien vu venir.

Mon poing se serre et je m'approche de lui pour regarder la sombre marque. Aireen est tout aussi silencieuse que moi. Elle n'en croit pas ses yeux et refuse de bouger. Elle analyse la situation en posant ses pupilles sur sa colocataire ou sur son ami. D'un bref coup d'œil, j'attire l'attention de Jasper.

— Il va mourir ?

La bouche de Blanche-Neige s'ouvre en grand, sûrement interloqué par ma question. Je ne suis pas du genre à passer par quatre chemins, mais j'avoue que j'aurais pu être moins direct.

— Euh... Peut-être, m'annonce-t-il en baissant son regard. Sa blessure s'agrandit et je crains que si elle n'imprègne tout son corps, il mourra.

— Conduisons-le à l'infirmerie alors. Je ne tiens pas à ce qu'il crève, soufflé-je en venant reculer Emma par la taille.

Celle-ci se laisse faire et se relève pour nous laisser de la place. Nous comptons jusqu'à trois, puis nous soulevons Léon en passant nos bras sous ses aisselles. Il a les paupières complètement fermées. J'imagine que la douleur doit être insupportable pour lui. Il ne tient même plus sur ses jambes.

— Pendant qu'on le conduit, trouvez Évangéline et expliquez-lui ce qu'il se passe, ordonné-je aux filles.

Depuis que je suis à l'académie, je n'avais jamais vu une telle chose se produire. C'est inacceptable. Depuis quand les élèves deviennent des cibles ? En tant qu'irréguliers, j'ai toujours demandé qu'une chose : la paix, mais est-ce qu'on me l'a donné une fois ? Non.

Les demoiselles ne se font pas prier et sortent rapidement de la classe en laissant la porte ouverte. Elles ont l'air toutes les deux paniquées et j'espère sincèrement qu'elles ne feront pas de gaffes. Les savoir seules dans les couloirs de cette école vide, ne me dit rien qui vaille. Mais je connais leur don, leur capacité physique. Je sais donc qu'au moindre problème, elles réussiront à le régler.

Fait attention à toi, ma belle...

Je ne peux m'empêcher de penser à elle. Jasper me ramène à la raison en sifflant et nous nous dirigeons vers l'infirmerie sans plus attendre. À chaque pas que nous effectuons, Léon gémit. Je veux bien ralentir la cadence, mais je ne veux pas laisser le temps s'écouler. La marque s'imprègne à grande vitesse et je ne sais pas ce qu'il peut se passer après.

J'ouvre la porte sauvagement en donnant un coup de pied et dépose le jeune étudiant sur le lit juste en face de nous. Katarina, la mère d'Aireen, arrive affolée à nos côtés. Elle s'empresse d'observer la plaie avant de nous regarder.

— Que s'est-il passé ? demande-t-elle.

J'espère qu'elle ne pense pas que cette blessure vient de nous. Je plisse les yeux un instant avant de lui répondre :

— Je ne sais pas. Sincèrement, ça s'est passé si vite ! Léon s'est positionné devant nous, la fenêtre s'est ouverte et un rayon lumineux l'a touché.

Mes explications ont l'air de la déboussoler. Je me relève en l'analysant, l'air impassible, je m'attends au pire.

— Vous n'avez pas jamais vu ça... N'est-ce pas ? murmuré-je.

Les Irréguliers - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant